La Prophétie des papes

ma sœur. Qu’est-ce que tu vas faire ? »
    Zazo haussa les épaules, malheureux.
    Â«Â Rentrer à la maison ? Aller dans un bar ? Te regarder à la télé faire mon boulot ? Lorenzo, je ne sais pas. »
    Lorenzo lui donna une tape amicale sur l’épaule et l’accompagna dehors.
    Près du parking, Zazo tomba sur Glauser, l’air particulièrement suffisant.
    Â«Â Hé, Zazo, j’ai entendu parler de ce qui t’arrive, s’écria-t-il. La prochaine fois que je te vois, si par hasard ils t’autorisent à revenir, tu devras me saluer parce que tu ne seras plus au même grade.
    âˆ’ Hé, Glauser, répondit Zazo. Va te faire foutre. »
    Â 
    Un grand prêtre au visage spectral accompagné d’une jolie jeune religieuse entra dans la tour par la porte Sainte-Anne. Ils furent arrêtés immédiatement par deux gardes suisses.
    Le père Tremblay montra ses documents d’identification et, lorsque les gardes se mirent à interroger Elisabetta, il dit :
    Â«Â La sœur est avec moi. »
    Les gardes continuèrent à poser des questions et, cette fois, Tremblay dit d’une voix plus forte :
    Â«Â J’ai dit : la sœur est avec moi ! »
    Les gardes les laissèrent passer.
    Â«Â C’est le conclave, chuchota Tremblay. Tout le monde est à cran. »
    Ils passèrent entre deux énormes portes en bronze ornées d’un bas-relief décrivant des scènes de l’Ancien Testament.
    Ils se trouvaient dans la tour aux Vents.
    Â«Â Bienvenue aux archives secrètes », dit Tremblay en précédant Elisabetta dans un étroit escalier en colimaçon.
    Elle le suivait de près mais dut s’arrêter brusquement lorsqu’il interrompit son ascension à mi-chemin, la respiration courte et sifflante.
    Â«Â Je suis désolé, dit-il. C’est à cause de ma maladie. Je ne suis pas très résistant. » Il continua à parler, pour se donner apparemment une chance de retrouver son souffle. « La tour a été bâtie par Ottaviano Mascherino entre 1578 et 1580 pour servir d’observatoire. Si nous avions plus de temps, je vous ferais visiter. Plus haut, dans la salle de la Méridienne, les murs sont ornés de fresques décrivant les quatre vents. Dans l’un des murs, il y a un minuscule oculus. À midi, la lumière du soleil entre par le trou et suit une ligne en marbre blanc incrustée dans le sol. De part et d’autre de la ligne se trouvent divers symboles astrologiques et astronomiques autrefois utilisés pour calculer l’effet du vent sur les étoiles.
    âˆ’ J’aimerais beaucoup voir cela un jour », dit Elisabetta.
    Tremblay avait apparemment un peu récupéré ; il respirait plus librement.
    Â«Â Au XVII e siècle, sous les ordres du pape Paul V, les archives secrètes furent sorties de la bibliothèque du Vatican et restèrent inaccessibles aux visiteurs jusqu’en 1881, date à laquelle le pape Léon XIII les a ouvertes aux chercheurs. Les archives, voyez-vous, sont le lieu où sont rassemblés tous les textes promulgués par le Saint-Siège : documents d’État, correspondance, livres de comptes papaux et beaucoup d’autres documents que l’Église a accumulés avec les siècles. Les chercheurs doivent faire des requêtes précises. Ils peuvent effectuer une recherche dans la salle des fichiers et les textes demandés leur sont apportés par le personnel. Officiellement, personne n’a le droit de feuilleter les documents. »
    Vu la manière dont il le dit, Elisabetta ajouta :
    Â«Â Mais vous , vous le pouvez, c’est cela ? »
    Il reprit son ascension.
    Â«Â Oui, j’ai le droit. »
    Il s’arrêta sur le palier et ouvrit une porte.
    Â«Â Venez. La salle des fichiers et les bibliothécaires se trouvent à côté de l’ancienne salle d’étude. »
    L’ancienne salle d’étude avait des murs jaune canari et un haut plafond voûté. Des statues grandeur nature des saints étaient disposées dans des niches le long des murs. De grandes fenêtres donnaient sur les jardins du Vatican. Il y avait de nombreuses rangées de bureaux en stratifié blanc équipés de lampes inclinables et de prises pour des ordinateurs.