La Prophétie des papes
Tous les bureaux étaient inoccupés.
« Câest fermé, dit Tremblay. à cause du conclave. »
La salle des fichiers, également déserte, comportait de nombreux meubles à tiroirs et des terminaux informatiques. Tremblay frappa à une porte portant la plaque du chef bibliothécaire et une femme dâune cinquantaine dâannées très maquillée leur ouvrit.
Elle lâaccueillit chaleureusement.
« Père Tremblay ! Comme je suis heureuse de vous voir !
â Signorina Mattera, répondit-il. Je suis navré de vous déranger sans avoir prévenu. Je voudrais vous présenter une de mes collègues, sÅur Elisabetta. »
La femme eut un hochement de tête poli.
« Comment puis-je vous aider, mon père ?
â Nous cherchons tout ce que vous pourriez avoir sur une femme du nom de Flavia Celestino. Câétait une chercheuse universitaire qui a eu accès aux archives dans les années 1980.
â Eh bien, je peux essayer de la retrouver dans les fichiers, mais les informations sur les chercheurs sont généralement très succinctes.
â Y aurait-il une trace des documents quâelle a demandé à consulter ? demanda Tremblay.
â Peut-être, mais généralement, ce nâest pas le cas.
â Tout ce que vous pourrez trouver nous sera utile », dit le prêtre.
Tremblay et Elisabetta attendirent dans lâancienne salle dâétude, assis à une table avec une vue sur les jardins qui sâétaient parés des premières couleurs exubérantes du printemps. Le nouveau pape disposerait dâun lieu charmant pour ses moments de répit.
« Puis-je vous poser une question ? demanda Tremblay.
â Bien sûr.
â Pourquoi êtes-vous devenue religieuse ? »
Elisabetta sourit, mais répliqua :
« Pourquoi êtes-vous devenu prêtre ?
â Moi, dâabord, hein ? dit-il en riant. OK. Pour moi, câétait facile. Jâétais enfant de chÅur. Je me sentais bien à lâéglise. à lâuniversité, je nâétais pas à mon aise. Je ne me suis jamais vraiment intégré. Enfin, peut-être aurais-je été bien dans un bureau, à faire de la comptabilité, mais je nâaurais jamais eu de vie sociale. Vu mon état, mon apparence. Les femmes avaient peur de moi, alors le célibat nâa pas été mon plus grand sacrifice, je crois. »
Elle fit la moue.
« Je me demande, mon père, avez-vous interrogé dâautres religieuses pour savoir pourquoi elles ont pris le voile.
â Non, jamais.
â Alors, pourquoi à moi ? »
Il hésita un instant puis laissa échapper :
« Parce que vous êtes si jolie. Lorsquâune belle femme devient religieuse, jâimagine que les sacrifices sont plus importants et lâengagement à Dieu est, proportionnellement, plus grand lui aussi. »
Elisabetta se sentit rougir.
« Câest une question compliquée. Voulais-je fuir quelque chose ? Voulais-je trouver quelque chose ? Ma foi est profonde et je pense que câest ce qui est le plus important pour moi.
â Câest une bonne réponse. »
Le cliquetis de talons sur le sol carrelé leur annonça le retour de la bibliothécaire. Elle avait une fiche bristol dans la main.
« Câest assez inhabituel, mais on dirait que cette chercheuse a son propre dossier. Je ne comprends pas pourquoi, mais voici le numéro dâaccès. Voulez-vous que je vous le fasse apporter ? »
Tremblay prit la carte et lâexamina.
« Non, je vais aller le chercher moi-même. »
Il se tourna vers Elisabetta.
« Nous descendons au sous-sol. »
Pour Tremblay, la descente était plus aisée et il parvint à parcourir plusieurs volées de marches sans sâarrêter. Les archives souterraines, qui avaient été creusées quelque trente ans auparavant, étaient vastes et sâétendaient sous toute la longueur du musée du Vatican. Contrairement à la tour aux Vents avec ses fresques à couper le souffle et ses armoires en bois sombre qui renfermaient les documents les plus anciens et les plus précieux, le sous-sol avait des apparences de site industriel. Des armoires à dossiers â métalliques, beiges, sans fioritures â
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