La Prophétie des papes
conclave, de faire plus que de récupérer les sorties papier et de les emporter. Il fourra les pages dans la poche de son blouson de cuir.
Un flux constant de cardinaux allait et venait de la Maison Sainte-Marthe aux différents lieux importants du Vatican. Dâordinaire, ils auraient eu la permission de se promener librement, accompagnés seulement dâassistants, mais la sécurité était renforcée et à chacun on avait attribué un gendarme au moins comme garde du corps. Zazo se trouvait à la Maison après le déjeuner, sâadaptant à un emploi du temps qui changeait en permanence, lorsque son téléphone portable se mit à sonner. Câétait le bureau de lâinspecteur général Loreti. Il était convoqué immédiatement.
« Jâai du boulot par-dessus la tête, dit-il à lâassistant de Loreti. Il y a intérêt à ce que ce soit important. »
Loreti le fit entrer aussitôt ; il nâavait pas lâair content. Il demanda à Zazo de sâasseoir. Ce quâil fit, avant de poser son képi sur ses genoux.
« Je viens dâavoir un appel dâInterpol, dit Loreti sobrement.
â Ãcoutez, inspecteur généralâ¦Â »
Loreti le fit taire dâun geste furieux.
« Je ne vous ai pas demandé de parler. Apparemment, vous avez fait des demandes au nom du Vatican concernant lâhomme que vous avez abattu. Ils voulaient savoir en quoi cette affaire concernait notre corps. Câest une bonne question. Dites-moi, commandant, en quoi cette affaire concerne-t-elle la gendarmerie ? Maintenant, vous pouvez parler.
â Ma sÅur a failli être tuée, sâécria Zazo. Elle était employée par le Vatican à ce moment-là , à la Commission pontificale dâarchéologie sacrée. Dâautre part, la police nâa pas le moindre indice. Ils traitent cette affaire nâimporte comment. »
Loreti prit une grande inspiration, gonfla les joues et laissa lâair sâéchapper lentement. Zazo avait lâair de savoir à peu près ce qui allait sortir de sa bouche.
« Jâai entendu des excuses ridicules pour des comportements inappropriés dans ma vie, mais venant de lâun de mes meilleurs officiers, celle-ci mériterait dâêtre archivée. Voici quelques faits : primo , le crime a eu lieu en dehors de la Cité du Vatican, et donc, hors de notre juridiction. Deuxio , la police nâa pas demandé notre aide. Tertio , vous étiez le principal responsable sur le lieu du crime. Vous avez tiré sur lâassaillant et vous lâavez tué. On nâenquête pas sur sa propre implication dans un crime. Enfin, quarto , au cas où vous ne le sauriez pas, le conclave commence demain. Vous avez négligé votre mission et cela est inacceptable. »
Zazo hocha la tête comme un gamin quâon réprimande.
« Je vous présente mes excuses, inspecteur général. Ma sÅur est impliquée dans cette affaire. Peut-être auriez-vous fait la même chose si votre sÅur avait été agressée de cette manière. Mais jâaurais au moins dû vous en parler et demander votre permission.
â Et jâaurais dit non !
â Et je me serais arrêté là , jâimagine. Jâaccepte vos reproches et jâaccepterai, bien entendu, les sanctions que vous choisirez de mâimposer.
â Tant mieux. Vous nâallez pas aimer ça, vos camarades ne vont pas aimer ça et moi non plus, mais je nâai pas le choix. Vous allez être convoqué devant un tribunal pour répondre de vos actes et, jusque-là , vous êtes relevé de vos fonctions. Effet immédiat !
â Mais inspecteur ! Le conclave ! Mes hommes !
â Je vais donner temporairement à Lorenzo le commandement de vos hommes. Il va devoir mettre les bouchées doubles et il vous en sera reconnaissant. Je ne peux pas risquer de confier à un officier aussi négligent que vous la responsabilité de la vie des cardinaux électeurs et de celle du prochain pape. Rompez, commandant. »
Lorenzo le trouva assis, lâair abattu, à son bureau, regardant par la fenêtre.
« Bon sang, Zazo⦠dit-il.
â Je suis désolé, jâai merdé.
â Jâaurais agi de la même manière sâil sâétait agi de
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