La Prophétie des papes

tatouages variaient d’une culture à l’autre, mais elle était certaine d’une chose : ces tatouages sur le sacrum étaient importants pour les lémures.
    Donc, il était probablement logique de penser que Malachie était important pour eux aussi, constituant peut-être la base d’une sorte de système de croyances. Et Marlowe avait dû soit connaître leur existence, soit en être un lui-même !
    GLOIRE AUX LÉMURES . Elisabetta se mit à tripoter son crucifix.
    Elle voulait communiquer avec le père Tremblay, mais elle se rendit compte qu’elle n’avait pas de numéro pour le contacter.
    Elle entendit du bruit à la porte, quelqu’un qui manipulait la serrure. Elle s’approcha doucement. La porte s’ouvrit en grand et Micaela entra brusquement.
    Â«Â Désolée d’être en retard. J’avais un patient à voir. »
    Elles s’embrassèrent et Elisabetta mit de l’eau à bouillir.
    Â«Â Où est papa ?
    âˆ’ Un dîner pour le départ à la retraite d’un de ses collègues du département. »
    Micaela fronça les sourcils.
    Â«Â Je suis sûre qu’il était ravi d’y aller. Arturo vient nous rejoindre plus tard. Ça t’ennuie ?
    âˆ’ Bien sûr que non. »
    Micaela enleva sa veste. Elle avait un look professionnel élégant, avec sa jupe bleue et son haut en soie, et elle se sentit obligée de commenter le gouffre vestimentaire qui la séparait de sa sœur.
    Â«Â Pour l’amour de Dieu, Elisabetta, pourquoi est-ce que tu portes ton habit dans la maison ? Tu n’es pas en permission ? »
    Elisabetta tendit sa main gauche, lui montrant son alliance.
    Â«Â Toujours mariée, tu te souviens ?
    âˆ’ Alors, comment le Christ te traite-t-il dans Son rôle de mari ? » demanda Micaela sèchement.
    Elisabetta se souvint de sa récente rêverie concernant Marco.
    Â«Â Je crois qu’il me traite mieux que je ne Le traite en tant qu’épouse. »
    Elle changea brusquement de sujet.
    Â«Â As-tu eu des nouvelles de Zazo ? »
    Micaela était au courant ; il l’avait appelée. Elle se mit en colère, lançant des invectives contre le Vatican, les chefs idiots et les crétins en général. Elisabetta interrompit sa diatribe.
    Â«Â Si tu te calmes, je te dirai quelque chose.
    âˆ’ Quoi ?
    âˆ’ Papa a résolu l’énigme des tatouages.
    âˆ’ Dis-moi ! »
    Elles furent interrompues par le bourdonnement de l’interphone. Micaela dit que c’était probablement Arturo et elle se précipita pour répondre, mais elle revint en secouant la tête.
    Â«Â Ce n’était pas lui. C’est un certain père Tremblay. Il dit que tu l’attends. C’est bien ça ?
    âˆ’ Oui, mais…
    âˆ’ Mais quoi ?
    âˆ’ S’il te plaît, ne fais aucun commentaire sur son apparence, d’accord ? »
    Elisabetta accueillit le père Tremblay à la porte et le fit entrer dans la cuisine, où, dès qu’il vit Micaela, il s’excusa pour son intrusion. Elisabetta l’assura que cela ne posait pas de problème et se dépêcha d’ajouter qu’elle voulait lui parler, de toute façon. Elle le présenta. Micaela le regarda de haut en bas et demanda précipitamment, ignorant la prière d’Elisabetta :
    Â«Â Vous souffrez de la maladie de Marfan, n’est-ce pas ?
    âˆ’ Ne sois pas impolie ! lui reprocha Elisabetta.
    âˆ’ Je ne suis pas impolie, je suis médecin.
    âˆ’ Tout va bien, dit Tremblay, les oreilles rouges de gêne. Oui, c’est le cas. Votre diagnostic est infaillible.
    âˆ’ Je le savais », dit Micaela, satisfaite.
    Une fois qu’ils furent assis à la table de la cuisine, ce fut Elisabetta qui expliqua à Micaela le rôle du père Tremblay dans l’affaire et informa le prêtre de ce que savait sa sœur.
    Â«Â Il semblerait que nous avons tous des connaissances, mais incomplètes, dit Tremblay. Mais j’ai d’importantes informations à vous communiquer.
    âˆ’ Moi aussi, fit Elisabetta.
    âˆ’ Voulez-vous que je tire à pile ou face pour qu’on sache qui commence ?
    âˆ’ Non, je vous en prie, sœur Elisabetta, dit Tremblay poliment. Dites-moi ce que vous avez découvert.
    âˆ’