La Prophétie des papes
dit rien.
Il fonça en avant comme un petit taureau rose, renversant Sonnenberg qui tomba lamentablement sur son postérieur.
Giaccone alla attraper quelque chose sur son bureau, sous son chapeau rouge. Lorsquâil se tourna, ils la virent.
Il avait une queue rose qui pendait en bas de ses reins.
Ils remarquèrent à peine le petit revolver argenté quâil tenait dans sa main.
Il le mit contre sa tempe.
« Je suis Petrus Romanus ! » sâécria-t-il.
Et il appuya sur la détente.
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Lorenzo força la porte de Hackel et entra.
Les hommes cherchèrent dans lâappartement. Il était vide.
« Fouillez cet endroit, ordonna Lorenzo. Mettez vos gants. Considérez-le comme une scène de crime. »
Câétait un petit appartement, méticuleusement ordonné, ce qui rendit la fouille des affaires et des papiers de Hackel facile.
Au milieu de ses factures personnelles se trouvait un document qui ne concernait aucun usage ménager : la facture dâune entreprise dâexploitation minière basée à Genève qui nâétait autre quâune société écran avec une fausse licence dâimportateur. Elle avait été éditée par une entreprise américaine, EBA&D et faisait état de lâachat dâun rouleau dâexplosif à base de RDX, du Formex.
Ils tenaient leur homme.
Maintenant, il leur fallait un mobile.
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Les cardinaux Diaz, Aspromonte et Franconi se regroupèrent dans un coin de la chapelle au rez-de-chaussée de la maison dâhôtes. Leurs soutanes étaient salies et leurs visages étaient encore couverts de suie, mais ils étaient indemnes.
« Vous avez vu son corps ? » demanda Franconi.
Aspromonte hocha la tête.
« Oui. Je vous assure, Giaccone avait une queue. »
Franconi se frotta les mains, très agité.
« Un lémure ? demanda-t-il nerveusement. Lâun de nous, un lémure ? »
Aspromonte dit :
« Avant de se tuer, il a déclaré aux policiers : âJe suis Petrus Romanus !â »
Diaz balbutia :
« Mon Dieu ! Malachie ! Serait-ce sa prophétie qui se réalise ?
â Nous avons beaucoup plus de questions que de réponses, dit Aspromonte. Mais il nây a aucun doute, aujourdâhui : lâÃglise est confrontée à un temps de troubles et de luttes inédit, dont nous ne pouvons connaître lâissue avec certitude.
â Rien ne doit être communiqué à la presse sur lââétatâ de Giaccone ni sur les circonstances de sa mort, insista Diaz. Il a eu une crise cardiaque lorsquâil a entendu lâexplosion. Une crise cardiaque. Nous devons resserrer les rangs.
â Quelle tragédie ! sanglota Franconi. Notre plus grand trésor, la chapelle de Michel-Ange, partie !
â Non, vous avez tort ! le réprimanda Aspromonte. Quelque part dans le monde, peut-être ici en Italie, se trouve un autre Michel-Ange. Les édifices peuvent être rebâtis. De nouvelles peintures peuvent être commandées. Mais notre plus grand trésor, lâÃglise, Dieu merci, et ses dirigeants ont été sauvés grâce à un simple policier et une simple religieuse. »
Diaz hocha la tête.
« Nous avons du travail. On me dit que la basilique nâest abîmée que sur sa façade extérieure nord. La Sala Regia est assez endommagée, mais le palais est intact. Nous devons trouver un endroit pour que les électeurs se réunissent demain. Le conclave doit continuer. Nous avons besoin dâun Saint-Père. Plus que jamais. »
Â
Elisabetta et Michaela, cramponnées lâune à lâautre, sanglotèrent en regardant les images à la télévision.
Un reporter de RTV était en train dâinterviewer une famille slovène venue en pèlerinage sur la place Saint-Pierre lorsque la bombe explosa.
La caméra trembla et des milliers de personnes se jetèrent par terre en même temps, en hurlant devant la boule de feu qui sâélevait vers le ciel.
« Oh, mon Dieu ! Zazo ! » cria Elisabetta.
Avant de passer par-dessus le corps de Krek, Micaela lui donna un coup de pied dans la poitrine, juste pour être sûre. Elle prit le téléphone sur la table basse et composa le numéro du portable de Zazo.
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