La Prophétie des papes
tiroir qui contenait un dossier à soufflet plein de papiers personnels et de faux passeports. Il le sortit et le fourra dans une poche extérieure de sa valise.
Il allait voyager. Il voulait être aussi insignifiant que pouvait lâêtre un homme de sa taille. Son costume noir ne convenait pas. Il lâenleva et le plia avec soin, jeta un coup dâÅil à la télévision, puis chercha dans son placard quelque chose de plus confortable. Il prendrait sa propre voiture pour aller à une station de taxis, dâoù il se ferait conduire chez un loueur de voitures, et il appellerait Krek. Ils mettraient rapidement au point un plan de fuite. Il nâétait guère inquiet.
Glauser vit Zazo et se raidit.
« Celestino ! Vous êtes suspendu. Qui vous a laissé entrer ? »
Les gardes suisses en grande tenue à la porte de la chapelle Sixtine serrèrent fort leurs lances de cérémonie et regardèrent Glauser. Ils attendaient des instructions.
Zazo essaya de contrôler le ton de sa voix, de peur de paraître fou à lier.
« Glauser, écoutez-moi attentivement. Il faut évacuer la chapelle. Il y a une bombe.
â Vous avez perdu la tête ! »
Le petit homme se mit à lever le bras pour parler dans le micro qui était attaché à sa manchette, mais Zazo lâen empêcha en sortant le Sig de Lorenzo, lâarma et le pointa sur la tête de Glauser. Il y eut un mouvement dâaffolement dans la Sala Regia, les gens murmurèrent et reculèrent.
« Glauser, gardez vos mains serrées devant vous, ordonna Zazo. Je vous tirerai dessus si je le dois. » Il se tourna vers les gardes suisses. « Messieurs, il y a un traître parmi vous. Votre devoir est de protéger le pape. Un des cardinaux à lâintérieur de la chapelle Sixtine sera bientôt cet homme-là . Aidez-moi à évacuer la zone. »
Glauser bouillait de rage.
« Le seul traître, câest vous, Celestino. Jâai toujours eu des soupçons vous concernant. Vous allez pourrir longtemps en prison. »
Glauser glissa sa main dans sa veste, pour prendre son arme et Zazo réagit. Il tira une balle dans le genou droit de Glauser et, lorsque lâhomme sâécroula en hurlant, Zazo plongea sa main dans la poche pour sortir le Heckler & Koch MP5A3 de la poche de Glauser. Il défit la sécurité et pointa lâarme sur les gardes hébétés. Il aboya à lâintention de lâun dâeux :
« Vous, mettez-lui un garrot, sinon, il va mourir. Et vous, les autres, bon sang, évacuez la Sala Regia ! »
à lâautre bout du hall, Capozzoli était à la porte Pauline, hurlant de sortir. Tous, membres du clergé ou non, se précipitèrent à toute vitesse vers lui.
Zazo maintint les gardes en joue avec le pistolet-mitrailleur et donna un coup de talon dans la porte de la chapelle Sixtine.
« Câest une urgence ! cria-t-il. Je suis le commandant Celestino de la gendarmerie ! Laissez-moi entrer ! »
Il lui sembla quâil fallut une éternité, mais pour finir, il entendit le verrou coulisser.
Le cardinal Franconi se tenait à la porte avec une expression dâappréhension mêlée de confusion sur le visage. La vue dâun homme en civil tenant un pistolet-mitrailleur provoqua chez lui un état de panique.
Zazo lâécarta et entra en trombe dans la chapelle. Une centaine dâhommes âgés portant des chapeaux rouges le regardèrent fixement dans un silence hébété et posèrent les stylos quâils utilisaient pour écrire sur leurs bulletins de vote.
Zazo était entré dans la chapelle des centaines de fois, peut-être des milliers, et il ne remarquait presque plus sa majesté. Mais il ne lâavait jamais vue comme ça, habitée par la gravité de tous les cardinaux électeurs accomplissant leur devoir ancestral. Le plafond magique était baigné par la douce lumière de la fin de lâaprès-midi qui entrait par les hautes fenêtres. Zazo sâarrêta au milieu de la chapelle. Directement au-dessus de sa tête, la main de Dieu était tendue vers celle dâAdam et lui donnait vie.
Le cardinal Diaz se leva de son siège et se redressa bien haut. Il reconnut Zazo. « Commandant, pourquoi êtes-vous venu dans ce lieu sacré
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