La Prophétie des papes
intégrer sa garde rapprochée. Le nouvel arrivant a souvent envie de procéder à des changements. »
La moitié des hommes en civil chargés de la sécurité du pape étaient issus de la gendarmerie, lâautre moitié était constituée de gardes suisses.
« Je ne peux pas travailler avec les gardes suisses. La plupart dâentre eux sont des abrutis.
â Les gardes suisses⦠grommela Carlo sur un ton déplaisant. Tu as probablement raison. »
Une fois quâElisabetta eut débarrassé la table, Micaela servit le tiramisu quâelle avait acheté dans une pâtisserie. Elle sâétait montrée renfrognée et étonnamment silencieuse pendant le repas et il suffit dâun petit encouragement de la part dâElisabetta pour quâelle se mette à parler.
Micaela était en dernière année dâinternat en gastro-entérologie à lâhôpital SantâAndrea. Elle voulait y rester ; Arturo y était titulaire et elle aimait son service. Depuis un moment, elle cherchait à obtenir le seul et unique poste de titulaire disponible.
« Ils le donnent à Franchetti, gémit-elle.
â Pourquoi ? demanda son père dâun ton brusque. Tu es meilleure que lui. Je ne laisserais pas ce clown me mettre un tube dans le derrière.
â Câest un homme, je suis une femme, point final, dit Micaela.
â Ce nâest pas possible quâils soient si sexistes, dit Elisabetta. à notre époque ?
â Allez ! Tu travailles pour lâorganisation la plus sexiste du monde ! » sâécria Micaela.
Elisabetta sourit.
« Lâhôpital est laïc. LâÃglise ne lâest certainement pas. »
Lâinterphone de lâappartement bourdonna.
« Mais qui ça peut bien être ? gronda Carlo. Un dimanche ? »
Il alla dâun pas pesant jusquâà la porte.
« Peut-être que câest Arturo », dit Zazo, provoquant un grognement de la part de Micaela.
Elisabetta posa doucement sa fourchette et se leva.
Ils entendirent Carlo hurler dans lâinterphone qui se mit à crépiter. Lorsquâil revint dans la salle à manger, son visage avait une expression ahurie.
« Il y a un type en bas qui prétend quâil est le chauffeur de lâarchevêque Luongo. Il dit quâil est venu chercher Elisabetta.
â Il est en avance, dit Elisabetta, ajustant sa ceinture de cuir. Jâallais vous en parler.
â Nous parler de quoi ? demanda Zazo.
â Mon ancien professeur, Tommaso De Stefano, est venu me voir. Il fait encore partie de la Commission pontificale dâarchéologie sacrée. Il veut mon aide sur un projet. Jâai dit non, mais il a insisté. Il faut que jây aille. Je suis désolée de laisser la vaisselle.
â Tu vas où ? » demanda Micaela, frappée de stupeur.
En fait, ils étaient tous très étonnés. La vie dâElisabetta était si prévisible que cet écart dans sa routine paraissait provoquer chez eux une immense surprise.
« Dans les catacombes, dit-elle. Saint-Calixte. Mais, sâil vous plaît, nâen parlez à personne. »
Â
Câétait comme si une éternité sâétait écoulée depuis la dernière fois quâElisabetta était venue en ces lieux. Lâentrée de Saint-Calixte était un peu à lâécart de la via Appia qui, en cette fin dâaprès-midi de dimanche, était presque déserte. Elisabetta avait oublié à quel point le paysage devenait rural dès que lâon franchissait les murailles antiques au sud de la ville.
Une fois quâon avait quitté la route principale, lâallée menant aux catacombes était bordée de hauts cyprès, dont les sommets prenaient une teinte orange dans le soleil déclinant. Plus loin sâétendait un grand terrain boisé et cultivé que possédait lâÃglise ; on y trouvait un vieux monastère trappiste, un dortoir pour les guides des catacombes et lâéglise du Quo Vadis. à lâouest se situaient les catacombes de Sainte-Domitille. à lâest, les catacombes de Saint-Sébastien. Toute la région était sacrée.
Le chauffeur, qui nâavait pas pipé mot de tout le trajet, sortit dâun bond et ouvrit la portière
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