La Prophétie des papes
crasseuse, alors il se contenta de dire : « Bonjour, ma sÅur. Je crois que vous avez étudié ici autrefois. Câest dommage quâil ait fallu un tremblement de terre pour que lâon poursuive les fouilles. Câest une drôle de pagaille. »
Suivi dâElisabetta, De Stefano sâengouffra dans lâouverture. La chambre avait une forme irrégulière, vaguement rectangulaire. Mais les côtés étaient mal définis à cause des tas de gravats. Les étais en bois, aussi épais que des traverses de chemin de fer, avaient été installés pour soutenir les parois et le plafond de terre. Lâespace mesurait au moins quinze mètres sur dix, pensait-elle, mais lâeffondrement accidentel rendait lâévaluation difficile. De la lumière naturelle leur parvenait dâune hauteur de plus de dix mètres. Une tête apparut et un autre type cria :
« Pourquoi vous vous arrêtez ? »
Câétait lui qui actionnait le palan et les poulies du système de remontée du seau.
« Fais une pause ! » cria Trapani et la tête disparut.
La première impression dâElisabetta fut quâils favorisaient la vitesse au détriment de la qualité scientifique du travail. Il nây avait pas de plan de fouille, pas le moindre signe quâils prenaient des notes sur leur progression ni quâils la mesuraient. Pas de trépied pour appareil photo ni de table à dessin. Le sol paraissait avoir été déblayé dâun grand mouvement frénétique plutôt que de manière rationnelle, mètre par mètre. Des bâches bleues couvraient une grande partie du sol. Seule une des parois était à peu près verticale. Elle était cachée derrière une bâche suspendue.
« Désolé pour tout ce désordre, dit Trapani, en regardant les chaussures dâElisabetta et le bas de sa robe, qui étaient couverts de poussière de tuf. Nous avons progressé plus vite que nous ne lâaurions voulu.
â Je vois ça », répondit Elisabetta.
Elle était surprise de la facilité avec laquelle elle retrouvait le sens de lâobservation propre à un archéologue. Pendant douze ans, elle sâétait concentrée sur un monde intérieur, celui de lâémotion et des croyances, de la foi et de la prière. Mais, à ce moment précis, son esprit lâemportait sur son cÅur. Elle traversa la chambre avec précaution, évitant les bâches tendues de toute part, observant tous les détails et les mettant en ordre.
« Les briques, dit Elisabetta en se baissant pour en ramasser une. Typiquement romaine du I er siècle, longues et étroites. Et ça aussi. » Elle laissa tomber la brique et choisit un fragment gris friable de la taille dâun petit chat. « Opus caementicium , ciment de fondation romain. » Ensuite, elle ramassa un morceau de bois noir, calciné et pensa : Il y a eu un incendie ici . « Cette chambre date dâavant la première catacombe, dâau moins un siècle. Câest exactement ce que jâavais suggéré. Lâextension des catacombes du IV e siècle sâest arrêtée juste avant dâempiéter sur celle-ci.
â Oui, je suis dâaccord, dit De Stefano. Les terrassiers des catacombes de la région libérienne nâétaient quâà quelques coups de pioche de la surprise de leur vie.
â Câest un columbarium, nâest-ce pas ? dit Elisabetta.
â Comme vous lâavez suggéré pendant vos études, admit De Stefano, on dirait bien une chambre funéraire souterraine pour des populations préchrétiennes. Le monument en surface a vraisemblablement été rasé et a très probablement disparu avant que les catacombes ne soient creusées. »
Il sortit un sac en plastique transparent de sa poche.
« Si la datation du I er siècle devait être éventuellement mise en cause, ceci coupera court aux discussions. Nous en avons trouvé plusieurs. »
Elisabetta prit le sac en plastique. Il contenait une grosse pièce en argent. Le buste sur le côté face montrait un homme au nez plat avec les cheveux bouclés qui portait une couronne de laurier. Il y était inscrit : NERO CLAVDIVS CAESAR . Elle retourna le sachet. Au dos se trouvait une arche
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