La Prophétie des papes
élaborée flanquée des lettres S et C â Senatus Consulto â, le sceau sénatorial.
« Lâarche perdue de Néron, dit-elle. 54 après J.-C.
â Précisément, dit Trapani, visiblement impressionné par la perspicacité de la religieuse.
â Mais ce nâest pas un columbarium typique, si ? dit-elle en jetant un coup dâÅil aux bâches.
â Non, effectivement. »
De Stefano agita la main en direction de la bâche tendue devant la paroi.
« Descendez-la, sâil vous plaît, Gian Paolo. »
Les hommes décrochèrent la bâche des clous et la plièrent. En dessous se trouvaient des rangées de petites niches en forme de dômes creusées dans le ciment ; nombre dâentre elles contenaient des urnes funéraires en pierre. Les rangées de niches étaient interrompues par un panneau lisse de plâtre crémeux. Gian Paolo le balaya de sa lampe torche.
Sur le plâtre était dessinée une roue avec des symboles peints.
Elisabetta sâapprocha et sourit.
« Les mêmes que sur mon mur. »
Les cornes du Bélier.
Les piliers jumeaux des Gémeaux.
La flèche perçante du Sagittaire.
Les volutes en miroir du Cancer, le Crabe.
Le croissant de la Lune.
Le symbole masculin, Mars. Le symbole féminin, Vénus.
Le zodiaque en entier. Les planètes. Un cercle dâimages.
De Stefano sâapprocha, effleurant presque les épaules dâElisabetta.
« Le plâtre que vous avez étudié devait venir du mur intérieur dâune chambre plus petite. Il a fallu cet effondrement pour que soit exposée la chambre principale. »
Un symbole attira particulièrement son attention. Elle se tint en dessous et monta sur la pointe des pieds pour mieux le voir.
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Â
On aurait dit un personnage stylisé, une ligne verticale pour le tronc, les bras en C tourné vers le haut comme sâils étaient levés, un C tourné vers le bas pour les jambes. La ligne verticale montait au-dessus des bras pour figurer la tête ou le cou, mais elle descendait aussi jusquâaux jambes.
« Câest certainement le symbole des Poissons, mais il est traditionnellement représenté sur le côté. Verticalement, il ressemble plus à un homme, non ? Il y avait la même variante sur mon mur originel. Et si câest censé être un homme, que pensez-vous de cela ? demanda Elisabetta en désignant le segment qui se trouvait entre les jambes. Un phallus ? »
Les archéologues parurent gênés dâentendre une religieuse prononcer un tel mot. De Stefano répliqua rapidement :
« Non, je ne crois pas.
â Quâest-ce que câest, alors ? » demanda-t-elle.
Le vieux professeur marqua une pause et dit à Trapani.
« Bon, retirez les bâches du sol. »
Les hommes travaillèrent rapidement, dâune manière presque théâtrale, marquant ainsi le caractère spectaculaire de ce quâils allaient révéler en dévoilant la totalité du sol jonché de débris.
Elisabetta couvrit sa bouche de sa main pour étouffer un juron.
« Mon Dieu ! chuchota-t-elle. Combien y en a-t-il ? »
De Stefano soupira.
« Comme vous pouvez le voir, nos fouilles ont été hâtives. Lâeffondrement a indubitablement causé un vrai bazar, mais il y a approximativement quatre-vingt-cinq adultes et douze enfants. »
Les corps étaient essentiellement à lâétat de squelettes, mais à cause de lâatmosphère hermétiquement close, certains étaient partiellement momifiés, présentant encore des fragments bruns dâadhérence de peau, des touffes de cheveux et des lambeaux de vêtements. Elisabetta distingua quelques visages qui avaient la bouche ouverte, figée, semblait-il, comme si ces personnes avaient eu le souffle coupé.
Les restes étaient incomplètement mis au jour : des centaines dâheures de travail seraient nécessaires pour les extraire proprement et soigneusement des décombres. Il y en avait tellement quâil était difficile de se concentrer sur chacun des corps.
Câest alors que de cet amas de bras, de jambes, de côtes, de crânes et de colonnes vertébrales une image singulière émergea, pénétra la conscience dâElisabetta comme
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