La Prophétie des papes
pour retrouver éventuellement dâanciens collègues. Sa sÅur et elle nâavaient plus rien à faire là .
Le boulanger dit quelque chose en allemand, dâun ton bourru.
« Hans vient de me rappeler quelque chose, dit sa femme. Nous avons gardé une boîte dâobjets personnels, des choses comme son passeport et ce qui se trouvait dans sa table de nuit, au cas où un parent apparaîtrait. »
Les sÅurs levèrent les yeux, pleines dâespoir.
« Est-ce quâon peut les voir ? » demanda Elisabetta avec vivacité.
Frau Lang parla à son mari en allemand à nouveau et Elisabetta comprit les jurons quâil poussa en sâextrayant du canapé avant de passer la porte.
« Il va les chercher. Câest à la cave », dit Frau Lang, en le suivant des yeux avec un froncement de sourcils et en versant du thé.
Au bout de cinq minutes, le boulanger revint avec une boîte en carton de la taille dâune mallette. Elle était propre et sèche, et elle avait à lâévidence été conservée avec soin. Il la tendit à Elisabetta, marmonna quelque chose à sa femme et sembla sâexcuser en sâinclinant un peu.
Frau Lang parut gênée.
« Hans va aller faire sa sieste. Il vous souhaite un bon voyage. »
Elisabetta et Micaela sâapprêtèrent à se lever, mais la boulangère leur fit signe de rester assises et disparut dans une autre pièce.
La boîte était légère. Son contenu se déplaça entre les mains dâElisabetta lorsquâelle la posa sur ses genoux. Elle ouvrit les rabats et jeta un coup dâÅil à lâintérieur. Un relent fétide de moisi sâéchappa, une odeur de vieille personne.
Des lunettes de lecture. Des stylos à encre. Un passeport. Une médaille en bronze sur un ruban, qui lui avait été donnée, comprit-elle, par une entreprise dâingénierie allemande. Des chéquiers et des relevés bancaires de 2006 et 2007. Des flacons de pilules que Micaela examina et identifia comme des médicaments contre la tension. Une boîte contenant un dentier. Un Kodachrome passé dâun jeune homme, peut-être Ottinger lui-même, en tenue de randonnée sur une pente verdoyante et raide. Au fond de la boîte se trouvait une enveloppe en papier kraft portant une note manuscrite, dâune fine écriture à lâencre noire.
Elisabetta qui avait réapparu, sortit lâenveloppe, ce qui fit dire à Frau Lang quâil sâagissait dâun livre, le seul quâils nâavaient pas vendu à cause de la note personnelle qui lâaccompagnait. Elisabetta, qui comprenait assez bien lâallemand écrit, lut la note lentement et la traduisit du mieux quâelle put.
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à mon professeur, mon mentor, mon ami. Jâai trouvé ceci entre les mains dâun marchand et je lâai convaincu de sâen séparer. Vous, plus que nâimporte qui dâautre, lâapprécierez. Câest le texte B, bien sûr. Comme vous lâavez toujours enseigné, la clef se trouve en B. Le 11-Septembre est certainement un signe, vous ne pensez pas ? Jâespère que vous serez des nôtres lorsque le jour de M viendra enfin.
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Octobre 2001
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Sous la date se trouvait un petit symbole dessiné à la main.
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à la vue de ce symbole, lâesprit dâElisabetta se mit à vaciller.
Il avait quelque chose dâétrangement familier, à la fois réel et irréel, comme si elle lâavait déjà vu, dans un rêve oublié depuis longtemps.
Elle essaya de repousser cette impression en ouvrant lâenveloppe. à lâintérieur se trouvait un petit livre fin. Sa couverture était simple, en cuir patiné, très légèrement voilée. Les pages étaient un peu marquées de rousseurs. Câétait un vieux livre en assez bon état.
Lorsquâelle ouvrit le volume, ses idées sâéclaircirent aussi efficacement que si elle avait reniflé une bonne dose de sels.
Elisabetta ne pensait pas avoir vu la gravure, mais une partie était aussi reconnaissable que son propre reflet dans le miroir.
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Câétait une édition de 1620 de La Tragique Histoire du docteur Faust , de Christopher Marlowe, et là , sur le frontispice se trouvait le vieux sorcier revêtu de
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