La Prophétie des papes
certaine ressemblance physique avec Marco â grand et athlétique, un visage aux traits forts, des cheveux noirs. Dâun certain point de vue, Zazo avait lâimpression que sâen faire un ami constituerait une sorte de trahison envers Marco. Mais Zazo était dâun naturel tellement sociable et prompt à la camaraderie quâil dépassa le blocage psychologique le jour où ils firent tous les deux un exercice et après avoir été exposés à un gaz toxique, se trouvèrent en train de vomir côte à côte dans un fossé.
« Ãa ne va pas être aussi facile quâil le dit, chuchota Zazo. Ce sera la guerre ouverte avec les gardes dâici vendredi. »
Lorenzo se pencha pour chuchoter dans lâoreille de Zazo.
« Les Suisses vont se faire mettre par les Ritals. »
Voilà pourquoi Zazo aimait ce gars-là .
Â
Martin Lang, le boulanger dâUlm, fut obligé de quitter le canapé sur injonction de sa femme, furieuse, qui lâenvoya dans la chambre changer de chemise. Sans écouter les protestations dâElisabetta, Frau Lang sâempressa de se lever aussi et laissa les deux femmes dans le salon tandis quâelle mettait la bouilloire sur le feu et manipulait de la porcelaine et des cuillères.
Hans Lang revint, en rentrant une chemise propre dans son pantalon et en essayant, dâun geste malheureux, de lisser quelques mèches de cheveux sur sa calvitie naissante. On aurait pu vraiment croire quâil était devant ses fourneaux depuis le milieu de la nuit.
« Je suis très désolé, dit-il dans un anglais hésitant. Je nâattendais pas de visite. Je suis toujours le dernier au courant. »
Elisabetta et Micaela sâexcusèrent dâêtre venues ainsi et restèrent assises, raides, attendant que Frau Lang réapparaisse. Elisabetta tenta quelques compliments sur sa jolie boutique, mais lâanglais du boulanger ne lui permettait pas de suivre.
Lorsque Frau Lang revint avec du thé et des gâteaux sur un plateau, Micaela attaqua les pâtisseries tandis quâElisabetta grignotait sagement.
« Que pouvez-vous nous dire sur Herr Ottinger ? » demanda-t-elle.
Frau Lang prit en charge la conversation. Son mari restait assis sur le canapé, le regard dans le vague, comme sâil avait envie de retrouver son intimité.
« Câétait un vieux monsieur tout à fait bien, dit-elle. Il a vécu au troisième étage de notre maison pendant quinze ans. Il restait dans son coin. Je ne dirais pas que nous le connaissions bien. Il achetait souvent une tourte à la viande pour son dîner, peut-être un gâteau le samedi. Il payait son loyer régulièrement. Il nâavait pas beaucoup de visites. Je ne sais pas que vous dire dâautre.
â Vous avez dit quâil était professeur. Avez-vous une idée de son travail ? demanda Elisabetta.
â Il était retraité de lâuniversité. Je ne sais absolument rien de sa spécialité, mais il y avait tellement de livres dans son appartement quand il est mort. »
Frau Lang parla en allemand à son mari.
« Hans dit que câétait surtout des livres techniques et scientifiques. Peut-être que câétait son domaine.
â Et il nâavait pas de famille ?
â Non. Les autorités ont vérifié, bien sûr. Nous avons dû passer par toute une procédure avant dâêtre autorisés à vendre ses affaires personnelles pour compenser la partie impayée du contrat de location. Nous ne sommes pas vraiment rentrés dans nos frais. Lâhomme ne possédait rien de significatif. Encore du gâteau ? »
Micaela hocha la tête avec enthousiasme et accepta une autre tranche avant de demander :
« Avez-vous jamais remarqué quelque chose dâétrange le concernant ? Du point de vue physique ? »
Frau Lang secoua la tête.
« Non. Que voulez-vous bien dire ? Câétait juste un vieux monsieur qui avait lâair tout à fait ordinaire.
â Alors il ne reste rien dans son appartement ? demanda Elisabetta, sans enchaîner sur la question de sa sÅur.
â Non. Bien sûr, nous avons eu de nouveaux locataires, un gentil couple y habite depuis 2008. »
Elisabetta secoua doucement la tête. Elle appellerait lâuniversité,
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