La Prophétie des papes
haine. « Cette fois, il va faire le boulot correctement. Mulej, je veux quâon empêche cette femme, cette religieuse, dâaller plus loin. Dis à Aldo de lâamener ici et je mâoccuperai dâelle personnellement. Si cela est trop difficile, quâil lâélimine lui-même. Pigé ? »
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Le palais de la Chancellerie nâétait quâà quelques pas de la basilique. Néanmoins, câétait, dans le complexe du Vatican, un des bâtiments anonymes que les touristes remarquaient à peine. Un édifice administratif terne qui hébergeait, entre autres, le bureau de la gendarmerie.
Lâinspecteur général du corps de la gendarmerie, Luca Loreti, était un chef compétent, généralement apprécié et respecté de ses hommes, même si les plus jeunes recrues levaient parfois les yeux au ciel en entendant ses phrases emberlificotées. Les officiers qui étaient là depuis un moment, comme Zazo, en revenaient toujours au fait que Loreti sâopposait avec constance à son homologue de la garde suisse, le colonel Hans Sonnenberg, et quâil défendait ses hommes jusquâau bout contre ce connard. Cela ne voulait pas dire pour autant que les officiers étaient parfaitement révérencieux. Loreti, qui avait un bon coup de fourchette, avait pris constamment de lâampleur avec le temps et, chaque année, ses hommes pariaient sur la date à laquelle il faudrait retoucher son uniforme devenu trop étroit.
La plupart des cent trente gendarmes étaient assemblés dans lâauditorium pour le briefing de Loreti. Les officiers étaient assis devant, les sans-grade derrière, tous très disciplinés et en bon ordre hiérarchique. Loreti possédait une énergie incroyable pour un homme de sa corpulence et il parcourait la scène en tous sens dâun pas alerte, faisant tourner les têtes des spectateurs comme lors dâun match de tennis.
« Dâabord, laissez-moi vous complimenter sur le boulot que vous avez fait aux funérailles du pape. Nos cardinaux, nos évêques, les officiels du Vatican, plus de deux cents personnalités mondiales et leurs gardes rapprochées â tous sont venus à la Cité du Vatican, ont présenté leurs respects et sont repartis en bonne santé, tonitrua Loreti dans le micro quâil tenait à la main. Mais nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers, nâest-ce pas ? Il reste cinq jours avant le début du conclave. De nombreux cardinaux électeurs sont déjà arrivés dans la Maison Sainte-Marthe. à partir dâaujourdâhui, la maison dâhôtes et la chapelle Sixtine seront des zones de sécurité, et la basilique et les musées seront fermés au public. Nos tâches seront précisément définies par les protocoles. Je travaille depuis un certain temps avec le colonel Sonnenberg pour mâassurer que nous ne marcherons pas sur les plates-bandes des gardes suisses, quâils ne marcheront pas sur les nôtres et quâil nây aura pas la moindre faille dans notre dispositif de sécurité. Nous contrôlerons la maison dâhôtes, ils se chargeront de la chapelle Sixtine. Nous utiliserons nos chiens et nos experts pour fouiller la maison dâhôtes à la recherche dâexplosifs et de dispositifs dâécoute. Les gardes feront la même chose avec leurs experts à lâintérieur de la chapelle Sixtine. Je veux que vous vous entendiez avec les gardes, mais sâil y a le moindre souci, faites-le savoir à vos supérieurs immédiatement et ils me tiendront au courant. Tout conflit devra nécessairement être résolu à mon niveau. »
Zazo connaissait la procédure. Câétait son second conclave. Au premier, il était un caporal naïf, ébloui par le décorum, la grandeur et lâimportance palpable des circonstances. Maintenant, il nâétait plus blasé. Il avait des escadrons dâhommes à commander et sa responsabilité dépassait largement celle de monter la garde devant une porte.
Il donna un coup de coude à Lorenzo Rosa. Lorenzo, également commandant, était entré dans la gendarmerie la même année que Zazo et ils étaient devenus amis. Au début, Zazo avait résisté à lâenvie de se lier à Lorenzo parce que lâhomme avait une
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