La Prophétie des papes

preuves d’un incendie, qui coïncide peut-être avec la mort de ces gens. Les murs sont décorés avec un motif circulaire contenant des symboles astrologiques peints dans un ordre particulier. Le symbole des Poissons vertical peut certainement être interprété comme ayant un double sens. Nous avons les photographies post mortem d’un vieux monsieur, Bruno Ottinger, avec une queue et des nombres tatoués sur son dos. La signification de ces nombres est inconnue. Nous avons une pièce écrite par Christopher Marlowe que cet homme avait en sa possession. Elle lui a été donnée par un autre homme, un certain K. Sur le mot il est écrit que “B est la clef”, et que le 11-Septembre était un signe. Le livre datant de 1620 est la version B du texte. Le frontispice du livre montre Faust invoquant le diable alors qu’il se tient au centre d’un cercle de symboles astrologiques qui sont disposés exactement dans le même ordre que dans le cercle de la fresque du columbarium. Voici les faits. »
    Ã€ l’exception, pensa Elisabetta, de celui qu’elle gardait pour elle : l’image fugace de la hideuse chute de reins de son agresseur, cette horrible nuit où Marco avait été tué.
    De Stefano frotta nerveusement ses mains l’une contre l’autre comme s’il voulait les nettoyer.
    Â«Â Alors nous ne sommes pas en position de les relier entre eux de manière à formuler une hypothèse cohérente ? »
    Elle haussa les épaules.
    Â«Â D’après ce que je sais de cette période, l’astrologie était extrêmement importante pour les Romains. Les aristocrates comme les citoyens plus modestes accordaient une immense valeur aux prédictions tirées des thèmes astraux. Peut-être que, pour ce culte ou cette secte particulière, les étoiles et les planètes étaient d’une importance capitale. Les spécificités physiques de ses membres les rendaient visiblement différents de la plupart de leurs contemporains. Nous savons que, dans la mort, ils se serraient les uns contre les autres. On peut raisonnablement imaginer que, dans la vie, ils étaient associés dans un culte ou un rituel quelconque. Peut-être se soumettaient-ils aveuglément aux interprétations astrologiques. Ou peut-être s’agissait-il d’une secte d’astrologues. Mais tout ceci n’est que pure conjecture.
    âˆ’ Et vous pensez que ce culte ou cette secte pourrait avoir survécu jusqu’à aujourd’hui ? demanda De Stefano, incrédule. Est-ce ce que cet Ottinger nous dit ?
    âˆ’ Je ne me risquerais pas aussi loin, dit Elisabetta. Cela nous conduirait au-delà des limites d’une interprétation raisonnable. Pour commencer, il nous faut comprendre le message sur l’enveloppe et déchiffrer le sens des tatouages. »
    De Stefano devenait de plus en plus défait et blême chaque jour et elle commençait à s’inquiéter sérieusement pour sa santé. Il semblait avoir du mal à prendre simplement appui sur les accoudoirs pour se lever.
    Â«Â Bon, la bonne nouvelle, c’est que les médias n’ont pas encore eu vent de l’existence du columbarium. La mauvaise nouvelle, c’est que le conclave commence dans quatre jours, et plus l’échéance approche, plus mes supérieurs craignent qu’une fuite ne se produise. S’il vous plaît, poursuivez votre travail et tenez-moi au courant. »
    Elisabetta se tourna vers son écran d’ordinateur, puis se reprit. Elle décida qu’elle devait consacrer quelques minutes à la prière. Au moment où elle s’apprêtait à fermer les yeux, elle jeta un coup d’œil à un titre en haut de la seconde page des résultats de sa recherche et, à sa grande honte, elle se surprit à cliquer sur le lien et à reporter ses dévotions.
    Le titre disait : Appel à contributions de la Marlowe Society pour la commémoration du 450 e anniversaire de la naissance de Christopher Marlowe.
    Une vignette y était jointe. Elle montrait un homme au visage anodin, aux cheveux blond roux, le président de la Marlowe Society. Il s’appelait Evan Harris et il était professeur de littérature britannique à l’université de Cambridge, en Grande-Bretagne. L’annonce sur la page Web de la Marlowe