La Prophétie des papes
Society était un appel international à contribution en vue dâune publication en 2014, lâannée anniversaire de la naissance de Marlowe.
En cliquant sur la biographie de Harris, Elisabetta apprit quâil était spécialiste de Marlowe et que, entre autres centres dâintérêt, il avait écrit sur les différences entre les textes A et B de Faust .
Il ne lui fallut pas beaucoup dâefforts pour cliquer sur son bouton « contact » et taper un court e-mail.
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Professeur Harris,
Pendant mes travaux en tant que chercheur basée à Rome, on mâa récemment fait cadeau dâun exemplaire de Faust daté de 1620. Je joins à ce message une copie scannée de la première page à votre intention. Jâai un certain nombre de questions au sujet des deux textes, A et B, et je me demandais si vous pouviez mâaider. Comme ma requête est un peu urgente, je joins mon numéro de téléphone à Rome.
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Elle hésita et décida de signer Elisabetta Celestino. Elle ne parvenait pas à se souvenir de la dernière fois où elle sâétait servie de son nom de famille sur autre chose quâun formulaire administratif. SÅur Elisabetta semblait, ces derniers temps, suffire largement, mais cela ne serait pas le cas pour un professeur de Cambridge.
Elisabetta emporta le livre de Marlowe jusquâau photoÂcopieur, appuya doucement le livre sur la vitre du scanner et envoya la page numérisée sur son adresse mail.
En retournant vers son bureau, elle revit le grand jeune prêtre à nouveau. Il était debout devant sa porte et, à la position de sa tête, elle comprit quâil était en train dâexaminer le symbole qui était dessiné sur son tableau blanc.
Lorsquâelle arriva à mi-chemin du couloir, il lui jeta un regard en biais et partit à petits pas pressés comme une biche effarouchée.
Un peu troublée, Elisabetta sâinstalla à son bureau, joignit la page de garde du livre au mail destiné au professeur Harris et envoya le tout. Elle avait besoin dâune tasse de café fort.
Deux religieuses étaient attablées dans la cantine. Elle connaissait leurs noms, mais nâen savait guère plus. Elle sâéclaircit la voix :
« Excusez-moi, mes sÅurs, pourriez-vous me dire comment sâappelle le jeune prêtre très grand qui est dans le département ? »
Une des nonnes répondit.
« Câest le père Pascal. Pascal Tremblay. Nous ne le connaissons pas. Il est arrivé le même jour que vous. Nous ne savons pas ce quâil fait ici. »
Lâautre religieuse ajouta :
« Pour tout dire, nous ne savons pas non plus ce que vous faites ici.
â Je travaille sur un projet particulier », répondit Elisabetta, se conformant aux instructions de De Stefano concernant la discrétion requise.
La première sÅur parut vexée.
« Câest ce quâil a dit, lui aussi. »
Lorsquâelle arriva dans son bureau, le téléphone sonnait.
Câétait une voix anglaise.
« Bonjour, je voudrais parler à Elisabetta Celestino.
â Je suis Elisabetta », répondit-elle sur un ton soupçonneux.
Câétait la première fois que le téléphone de son bureau sonnait.
« Oh, bonjour, ici Evan Harris, je réponds au message que vous venez de mâenvoyer. »
Cela faisait longtemps quâelle avait quitté le milieu universitaire, mais elle était incrédule : les gens seraient-ils devenus, dans lâintervalle, aussi réactifs à des demandes dâaide ?
« Professeur Harris ! Je suis surprise que vous reveniez vers moi aussi rapidement !
â Eh bien, dâordinaire, je suis un peu plus lent dans la gestion de ma boîte mail, mais cet exemplaire de Faust que vous avez entre les mains⦠avez-vous une idée de ce que vous détenez ?
â Très vague, mais jâespérais que vous pouviez mâéclairer davantage.
â Jâespère surtout que vous lâavez dans un endroit sûr parce quâil nây a que trois exemplaires connus de lâédition de 1620, qui se trouvent tous dans des grandes bibliothèques. Puis-je vous demander comment vous lâavez obtenu ? »
Elle répondit.
« à Ulm.
â Ulm, dites-vous !
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