La Prophétie des papes
avait bien plus de monde sur les bancs. Elle se sentait plus calme, régénérée. Elle jeta un Åil à sa montre. Une heure sâétait écoulée. à lâécole, les filles devaient être en train de commencer leur géométrie.
Elle se leva et essaya de se concentrer sur sa prière, mais il lui fut impossible de contrôler les pensées qui lui traversaient lâesprit.
Le dos hideux de Vani.
Les squelettes.
La tête ensanglantée de De Stefano.
Le corps de Marco dans son uniforme dâapparat.
Et, au moment où Elisabetta sentit les larmes monter, le visage réconfortant et avenant de Lorenzo apparut. Au lieu de pleurer, elle sourit, mais lorsquâelle se rendit compte de ce que son esprit était en train de faire, elle secoua énergiquement la tête, comme si, ce faisant, elle délogerait lâimage.
Il valait mieux lever les yeux et contempler la mosaïque de lâoiseau moqueur là -haut, dans lâabside, se dit-elle. Elle sây appliqua.
Elisabetta retourna à pied chez son père, ne sâarrêtant que chez le primeur et le boucher. Câétait le jour de congé de Carlo et elle avait lâintention de lui préparer un bon dîner.
à peine passé le seuil de lâappartement, elle lâentendit appeler depuis le salon et remonter dâun pas rapide le couloir.
« Où étais-tu ? dit-il avec irritation. Nous tâattendons depuis un moment. »
Il paraissait gêné.
« Nous ? demanda-t-elle. Qui câest, nous  ? Que se passe-t-il ?
â Bon sang, Elisabetta, tu ne mâavais pas dit que tu attendais de la visite. Ils ont fait tout le chemin depuis lâAngleterre ! »
Elle ferma les yeux tant elle était gênée.
« Mon Dieu ! Jâavais complètement oublié ! Avec tout ce qui sâest passéâ¦Â »
Carlo la serra rapidement dans ses bras pour la rassurer.
« Tout va bien. Tu es là , saine et sauve. Tu as eu une nuit difficile. Je leur ai servi un verre de vin, leur ai raconté toutes les histoires que je connais sur Cambridge. Tout va très bien. Donne-moi les sacs et va rejoindre nos invités. »
Evan Harris ressemblait exactement à sa photo. Il était mince, plutôt terne et pas très costaud. Ses cheveux clairs, peignés sur le côté, retombaient sur un front bombé, ce qui le faisait paraître plus jeune que ce quâil était probablement en réalité, mais Elisabetta se dit quâil devait approcher la cinquantaine. Il nâétait pas venu seul. Une femme lâaccompagnait ; elle portait des vêtements très chers, avait un maintien parfait, une coiffure impeccable et sentait un parfum de luxe. Le botox avait effacé toutes les rides de son visage et son sourire de figurine ne permettait pas à Elisabetta dâévaluer son âge.
Harris et la femme se levèrent de concert et, lâair confus, clignèrent ensemble des yeux.
« Je suis navrée dâêtre en retard, dit Elisabetta. Je suis Elisabetta Celestino. Je crois que mon père ne vous a pas dit que jâétais religieuse. Et jâajouterais que je crains bien de ne pas vous lâavoir dit non plus.
â Je suis ravi de faire votre connaissance, dit Harris poliment. Et je dois vous prier de mâexcuser dâavoir omis de vous dire que je venais accompagné de ma collègue. Puis-je vous présenter Stephanie Meyer, un membre distingué de Regent House, le conseil de direction de lâuniversité de Cambridge. Elle est également une généreuse donatrice de notre université.
â Je suis très heureuse de faire votre connaissance, dit Meyer avec lâélocution précieuse de la haute société britannique. Votre père est absolument charmant. Je lui ai dit que jâallais suggérer au directeur de notre département de mathématiques de lâinviter à faire une conférence sur la conjecture de Goldberg.
â Goldbach, dit Elisabetta, la corrigeant gentiment. Jâespère quâil ne vous a pas imposé une conférence sur le sujet. »
Soudain elle se rappela quâil avait travaillé sur son tatouage. La dernière fois quâelle était passée, ses notes étaient étalées partout dans le salon. Une pile irrégulière de papiers jaunes, couronnée
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