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La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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Narcisse. »
    Babington partit à pas traînants avec l’enthousiasme d’un homme qui se voit bientôt conduit à la potence. Lorsqu’il revint avec un pichet plein, Marlowe dit :
    Â«Â Je vais faire aussi vite que possible. Poley doit porter cette lettre au brasseur à Chiswick dès ce soir car je crois que c’est demain qu’on livre le prochain tonneau à Marie. Ensuite, il ne restera plus qu’à attendre la réponse de la dame. »
    Babington avala deux chopes d’affilée. Il ne lui importait pas de garder les idées claires.
    Â 
    Le palais de Whitehall était une véritable ville. Il surpassait en taille le Vatican et les palais d’Europe et ce n’était pas une mince affaire que de s’orienter dans les mille cinq cents pièces. Pour rejoindre sa destination, il fallait une bonne connaissance préliminaire des lieux ou les bonnes grâces d’un gentleman ou d’une lady serviable qui vous prenne par la main et vous conduise dans le labyrinthe des bureaux et résidences privées.
    Marlowe savait désormais bien se repérer dans le palais et il se présenta avec empressement au bureau privé de Walsingham, le cœur battant, le visage triomphant. Le secrétaire de Walsingham le salua cordialement et annonça son arrivée.
    Walsingham s’entretenait avec Poley, aussi grave qu’à l’accoutumée, avec son visage buriné et ses cheveux noirs à l’aspect graisseux, qui étaient attachés sur sa nuque. Dans cet état, il serait passé plus certainement pour un brigand ou un soldat que pour un gentleman qui avait été un temps à Cambridge.
    Les premiers mots qu’énonça Marlowe en arrivant furent :
    Â«Â Je l’ai ! »
    Marlowe ouvrit son écritoire et posa fièrement les parchemins sur le bureau. Walsingham se jeta dessus comme un faucon sur un campagnol. Pendant qu’il les étudiait de près, Marlowe resta là, à enlever les poils blancs que l’un des chats de Mrs Bull avait laissés sur son pourpoint.
    Â«Â C’est bien, très bien, dit Walsingham. Je vais faire envoyer le message codé au brasseur immédiatement. Est-ce que Marie a le nouveau code ?
    âˆ’ Elle l’a, dit Poley. Il se trouvait dans son dernier tonneau. Elle croira forcément que personne d’autre ne pourra l’avoir déchiffré.
    âˆ’ Puisse-t-elle répondre bientôt et montrer sa détermination, s’écria Walsingham. Une fois que nous aurons intercepté sa lettre, nous aurons sa saloperie de tête catholique, le ciel m’en soit témoin !
    âˆ’ Je voudrais être présent lorsque cela arrivera, dit Marlowe, imaginant le dénouement sanglant.
    âˆ’ Je m’assurerai que ce soit le cas. Et vous serez là pour voir Babington les tripes à l’air, hurlant à son Dieu. Comme les autres conspirateurs. Ensuite, les affaires sérieuses commenceront. Les partisans du pape voudront venger la chute de Marie. Vous savez ce que cela signifie ?
    âˆ’ Une guerre, à mon avis, dit Marlowe.
    âˆ’ Pas une guerre, plusieurs. L’Europe à feu et à sang, et en temps voulu, le monde entier. Et nous serons les seuls véritables vainqueurs. Prenant plaisir à mesure que s’entasseront les cadavres de catholiques. Nous récupérerons les terres et les affaires de tous les partis. Nous remplirons nos coffres. »
    Marlowe hocha la tête, toujours debout.
    Â«Â Asseyez-vous, dit Walsingham. Prenez du vin. Vous avez bien travaillé. Vous travaillez toujours bien. Quelle que soit la tâche qu’on lui confie, à Reims ou Londres, Paris ou Cambridge, il s’en acquitte avec diligence, ne trouvez-vous pas, Poley ? »
    Poley leva son verre avec raideur.
    Â«Â Oui, il est assez précieux.
    âˆ’ Merci, monseigneur, dit Marlowe. Je ne recherche que votre contentement et l’avancement de notre cause. Mais, pour continuer à le faire, je vais avoir besoin d’une lettre du Conseil privé de la reine adressée à l’université pour excuser mes absences. Ils ont l’intention de ne pas m’accorder mon diplôme de second cycle parce qu’ils pensent que je vais en France pour me mêler aux papistes et encourager leurs agissements.
    âˆ’ C’est parce que vous êtes un acteur convaincant, dit

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