La Prophétie des papes
enveloppe tomba du livre sur ses genoux â elle se dit quâil sâagissait dâun marque-page. Elle la retourna et découvrit avec surprise le sceau du Vatican. Il y avait un carton à lâintérieur. Avec une curiosité fébrile, elle la sortit et se figea instantanément.
Câétait donc ça !
Elle lâavait déjà vu. Elle se souvint.
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La porte de la chambre lui paraissait immense et effrayante.
« Entre, dit son père. Tout va bien. Elle veut te voir. »
Les pieds dâElisabetta paraissaient collés au sol.
« Vas-y ! »
La poignée était au niveau des yeux dâun enfant. Elle la tourna et fut assaillie par les odeurs étranges dâune chambre de malade. Elle avança doucement vers le lit de sa mère.
Une voix ténue lâinterpella :
« Elisabetta, viens. »
Sa mère était calée contre de gros oreillers, emmitouflée dans son épaisse robe de chambre. Son visage était creusé, sa peau, terne. De temps en temps elle semblait réprimer une grimace de douleur, de peur que les contractions de son visage nâeffraient sa fille.
« Tu es malade, momma ?
â Oui, ma chérie, momma est malade.
â Pourquoi ?
â Je ne sais pas. Les médecins ne savent pas non plus. Jâessaie très fort dâaller mieux.
â Est-ce que je dois prier pour toi ?
â Oui, pourquoi pas ? La prière, câest toujours bon. Quand on a des doutes, il faut prier. Est-ce que tu manges bien ? »
Elisabetta hocha la tête.
« Ton frère et ta sÅur aussi ?
â Oui.
â Et papa ?
â Il chipote.
â Oh⦠Ce nâest pas possible. Elisabetta, tu es encore petite mais tu es lâaînée. Je veux que tu me promettes quelque chose. Je veux que tu prennes toujours soin de Micaela et de petit Zazo. Et si tu peux, essaie de prendre soin de papa aussi. Il se laisse absorber par son travail et, parfois, il faut lui rappeler certaines choses.
â Oui, maman.
â Et nâoublie pas de prendre soin de toi aussi. Tu vas devoir faire ta vie, toi aussi. Je veux que tu essaies toujours dâêtre la petite fille heureuse que jâaime tant. »
Sa mère fut secouée dâun spasme, trop fort pour pouvoir être caché. Elle serra son ventre dâun geste involontaire et, à ce moment-là , un petit tas de papiers glissa du couvre-lit. Un carton tomba par terre. Elisabetta le ramassa et le regarda.
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« Quâest-ce que câest ? » demanda Elisabetta.
Sa mère le lui reprit et le rangea au milieu des papiers.
« Ce nâest rien. Juste un petit dessin. Approche. Je veux te faire un bisou. »
Elisabetta sentit le contact de ses lèvres sèches contre son front.
« Tu es une bonne petite fille, Elisabetta. Tu as le plus grand cÅur que je connaisse. Mais rappelle-toi : les gens ne sont pas tous bons. Tu ne dois jamais baisser ta garde face au mal. »
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Elisabetta tint la carte dans sa main et sanglota. En cet instant, la mort de sa mère lui parut aussi brutale et proche que le jour où elle avait eu lieu. Elle voulait tant retourner en arrière et lui parler une dernière fois, lui demander une explication, lui demander son aide.
Un coup sec fut frappé à la porte dâentrée, le bruit produit par un doigt replié qui tapait avec insistance sur le bois épais. Elle rangea le carton dans le livre, sâessuya le visage avec ses paumes et se demanda comment quelquâun avait réussi à entrer dans lâimmeuble sans passer par lâinterphone. Ãtait-ce un voisin ?
Elle colla son Åil humide contre le judas et recula dans un sursaut.
Le visage pâle, allongé du père Pascal Tremblay remplit lâÅilleton. Elle en fut si troublée que son premier réflexe fut de sâenfuir et dâaller se cacher sous le lit de sa mère.
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19
R OME, 64
O n était mi-juillet et de nombreuses familles nobles de Rome avaient quitté la chaleur étouffante de la ville pour le climat plus frais de leurs villas sur la côte ouest ou leurs propriétés dans les collines boisées. Il restait un million dâhabitants, moins chanceux, en ville. Lâair miroitant qui planait au-dessus de la métropole empestait la fumée provenant de milliers
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