La Prophétie des papes
remarqué que je ne lâenlève jamais ?
â Si. Tu le gardes même quand on fait lâamour.
â Avec les autres mecs, je lâenlève », dit-elle en lui enfonçant un doigt dans les côtes.
Il fit la moue.
« Ah, très sympa. »
Elisabetta lâembrassa sur la joue, puis passa une langue joueuse sur sa barbe de quelques jours. Elle avait un goût salé.
« Ne tâen fais pas. Il nây a personne dâautre. »
Il sâassit à côté dâelle dans le lit et remonta ses genoux contre sa poitrine ; tout à coup, il dit :
« Nous allons nous marier, nâest-ce pas ? »
Elle sâassit aussi et le regarda, dâun air interrogateur. « Tu nâes pas en train de me demander ma main, si ? »
Marco haussa les épaules.
« Câest juste une question. Je crois que je connais la réponse, mais je veux juste mâassurer que tu la connais aussi. »
Ce soir-là , câétait un homme-enfant. Si grand et puissant, mais en même temps si vulnérable et manquant dâassurance.
« Qui dâautre pourrais-je bien épouser ? »
Elisabetta plaça sa paume contre le dos nu de Marco et la fit doucement descendre le long de sa colonne jusquâau creux de ses reins. Câétait un endroit lisse et ferme et, pour une raison quâelle ne comprenait pas, câétait lâendroit de son corps quâelle préférait.
Â
Elisabetta rangea la boîte en velours dans le tiroir, aussi soigneusement que sâil sâétait agi de la relique dâun saint. Elle enfila le vieux Leviâs, qui lui allait toujours, puis un pull qui sentait un peu le renfermé.
En nettoyant lâappartement, elle essaya de ne pas penser à Marco. Elle avait toujours bien réussi à écarter les souvenirs le concernant, mais aujourdâhui, sa seule chance de parvenir à oublier, câétait lâAfrique.
Lâannonce de sÅur Marilena lâavait profondément troublée. Elle avait passé la nuit dans la dénégation, à lutter contre son indignation, sa colère même. Qui jouait avec sa vie, qui tirait les ficelles comme si elle était une marionnette ? Pourquoi lâarrachait-on à son couvent et à ses élèves, en fait, à ce qui protégeait sa vie ?
Mais, en priant à la messe ce matin-là , son attitude avait commencé à changer et son humeur, à sâaméliorer. Elle était bien arrogante, bien orgueilleuse, de mettre en cause son destin. Non seulement il était entre les mains de Dieu, mais il lui apparut que le Congo était Son cadeau. Câétait une chance, comprit Elisabetta, de se défaire du lourd fardeau quâelle portait depuis si longtemps. Elle pourrait laisser derrière elle les squelettes et les hommes avec des queues et leurs petits tatouages noirs, et revenir à sa véritable vocation, être au service de Dieu et participer à lâéducation de Ses enfants. Lâécole de Lubumbashi était lointaine, câétait un lieu de pureté et de bonté, et elle sây régénérerait. Bien sûr, sa famille et la communauté des sÅurs lui manqueraient, mais ce nâétait rien en comparaison du sacrifice auquel le Christ avait consenti. Lâamour du Christ la soutiendrait dans ce pays étranger et elle revit les visages heureux des petits enfants sur les pages du site Web de Lubumbashi.
Le salon, la cuisine, la salle à manger, le couloir et les toilettes des invités étincelaient et sentaient les produits ménagers. Elle ferait les chambres ensuite, en commençant par la sienne et en finissant par celle de son père. Elisabetta poussa lâaspirateur dans sa chambre, le brancha et commença à le passer sur la moquette lorsque le livre de Faust et lâenveloppe de Bruno Ottinger attirèrent son regard. Elle éteignit lâappareil et sâassit à son bureau, relisant lâinscription signée de ce mystérieux K.
Sa propre faiblesse la fit soupirer. Elle nâarrivait pas à laisser filer.
Je ne pars pas avant six jours , se dit-elle. Quelle importance si, avant de prendre lâavion, je passais une partie de mon temps à faire plus que du ménage ?
Nantie dâune tasse de café et dâun numéro de téléphone
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