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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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de Nogent-le-Roi, en Vexin.
    À Rouen, ils ne prirent pas le temps de dormir, et changèrent simplement de montures pour repartir dans la brume, toujours bride abattue. Le soir, ayant subi plusieurs avanies, ils n’étaient parvenus qu’aux abords de Château-Gaillard, et prirent néanmoins le temps de baigner leurs chevaux dans un méandre de la Seine ; ils perdirent encore deux heures avec le bac, avant de chercher une auberge discrète et sûre à l’entrée de Gaillon.
    Ce soir-là, quoique fourbus, tous deux tardèrent à trouver le sommeil. Dans la nuit propice aux confidences, Gautier parla de Françoise... Simon sut le ramener à des soucis autrement pressants.
    — Je donnerais très cher pour savoir ce que contiennent ces lettres, confessa-t-il à son frère.
    — Cela ne nous regarde pas. Tu sais combien elles sont confidentielles !
    — Je le sais.
    — Le grand sénéchal a beaucoup insisté sur ce point.
    — C’est bien ce qui m’inquiète...
    — Simon ! Le contenu des messages ne concerne en rien le messager !
    — Sauf s’il s’agit de documents compromettants... Il faut que j’en aie le cœur net !
    Simon observait son rouleau de cuir, pour trouver un moyen de le décacheter discrètement. D’un bond, son demi-frère le lui arracha des mains.
    — Ouvre cet étui, et tu es un homme mort !
    Le jeune homme ouvrit de grands yeux.
    — Tu me tuerais, moi, ton frère ?
    — Imbécile ! C’est la justice du roi qui te mettrait à mort s’il s’avérait que tes sceaux avaient été brisés. Simon, crois-moi : on ne plaisante pas avec ces choses...
    — Tu as raison. Comme toujours.

    Au petit matin, Simon soupesa longuement sa missive, avant de remonter en selle ; Gautier vint lui taper dans la paume ; puis les Dioscures se séparèrent sous un soleil encore rouge.
    Lorsqu’il vit son grand frère disparaître derrière un fourré, au détour de la route, Simon sentit sa poitrine et sa gorge se serrer. Piquant vivement des éperons, il lança son cheval au galop dans la direction de Pacy.
    Il lui fallut trois jours encore pour gagner Blois et son château royal. Ironie du sort : à Vendôme, il avait logé, innocemment, en la fameuse hôtellerie des Trois-Rois... À la fin, le jeune homme était plus mort que vif lorsque, tombant de cheval, il annonça, non sans un vestige de fierté, qu’il avait un pli à remettre à Madame. En mains propres.
    — Madame n’est pas à Blois, lui répondit avec hauteur un huissier ventripotent.
    — Et où est-elle donc ?
    — Madame est à Cléry, et ne sera pas de retour avant trois jours au moins.
    Comme un automate, Simon se remit alors en selle ; il lui fallut chevaucher une nuit encore, le long de la Loire, pour remonter vers Cléry par Beaugency et Meung. Aussi ne parvint-il à destination, épuisé, titubant, qu’au matin du 15 août ; et pour apprendre que Madame, en attendant l’heure de la grand-messe, se recueillait dans le chœur de la basilique, sur le tombeau du roi Louis XI. C’est en ce lieu tout désigné  18 qu’elle allait donc apprendre l’existence d’une conspiration contre l’État.
    Saint-Pierre-le-Moutier.
    G autier avait rejoint l’host royal dans un village, un peu en amont de Moulins. C’était aussi le 15 août, et l’église paroissiale avait reçu, le matin, la plus brillante assemblée de son histoire. Par courtoisie autant que par souci de l’efficacité, le jeune écuyer se présenta d’abord aux quartiers du duc d’Alençon.
    — Vous ici, Coisay ? s’exclama le prince. Je croyais vous avoir...
    — Monseigneur, j’accomplis céans une mission de haute importance auprès de Sa Majesté, pour laquelle le grand sénéchal m’a remis la missive que voici.
    — Donnez, donnez, je transmettrai.
    — Sauf votre respect, monseigneur, j’ai ordre de remettre le pli en mains propres.
    On décelait, dans ces derniers mots, une délectation qui aurait pu passer pour vengeance si, par ailleurs, le jeune Coisay n’avait eu la réputation d’un garçon loyal. Muni de tous les sauf-conduits, il s’en alla donc trouver le roi dans ses quartiers du bailliage.

    François I er devisait, entouré d’un petit groupe de seigneurs, dont le jeune Montmorency et l’amiral de Bonnivet qui, comme des collégiens, singeaient la componction de ces messieurs du Parlement pour mieux stigmatiser l’avarice de leur assemblée. Ce faisant, ils essayaient de dérider leur maître, fort irrité en fait contre ce

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