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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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danse du vent et de la flamme, expliqua-t-il, et dans la transmutation du bois en chaleur et lumière, et finalement en cendres et poussière, nous voyons un portrait – ou, comme le disaient les anciens, un microcosme – non seulement de nos vies, mais du chaos dans lequel toute création s’abîmera un jour. »
    Nicodemus le fixait comme s’il était vraiment un très grand sage.
    « Tu comprends », dit Tannhauser, sachant qu’il importait peu qu’il comprenne ou pas. Nicodemus hocha la tête. Ses yeux étincelaient à la lueur du feu, ses pupilles réduites à des têtes d’épingle dans ses yeux enfoncés dans leurs orbites comme des billes huilées. « Bien, dit Tannhauser. Maintenant regardons le feu mourir lentement, et prenons-y le courage pour affronter les dangers qui nous attendent. »
    Ils regardèrent. Et le feu s’effondra enfin en rubis de braises et se mit à palpiter dans la nuit comme un cœur arraché à une bête infernale, et à cet instant Nicodemus était parvenu en cet endroit où inconsolable ne signifiait plus rien. Et dans cet état muet et extatique, Tannhauser le chargea sur Buraq et l’emporta au galop vers le Borgo.
     
    BORS AVAIT MONTÉ une longue garde pour attendre le retour de Tannhauser et il s’assura que les deux silhouettes ne soient pas abattues quand elles atteignirent la poterne de Kalkara. Pour Nicodemus, alors que Tannhauser le menait à travers les ruelles étroites de la ville et sur le large pont de bois du château Saint-Ange, c’était une étrange renaissance, doublée d’une reconversion, mais pas moins réelle pour cela. La ville étalait une profusion de crucifix, icônes et lieux de pèlerinage, dans des fumées d’encens et de chandelles votives, et Nicodemus se mit à faire un signe de croix devant chacun d’eux. Les visages sévères et les pieuses auras des chevaliers qui flanquaient leur chemin, et qui les escortèrent tout au long d’un labyrinthe semé de torches jusqu’au bureau du grand maître, le firent frissonner d’un respect mêlé d’effroi, comme le faisait le symbole du Christ qu’on voyait partout, sur les pèlerines et les chasubles. Même s’il était passé minuit, La Valette était encore en conférence avec ses principaux piliers. En se retrouvant face à lui, le Macédonien tomba à genoux, comme devant un saint bien vivant, et fit profession de son amour pour Notre-Seigneur Jésus, et supplia qu’on le rebaptise et qu’on l’accepte à nouveau parmi les agneaux de Dieu.
    Quand La Valette apprit qu’il s’appelait Nicodemus, il leva un sourcil et il y eut des murmures parmi les frères chevaliers, parce qu’il semblait qu’il existait un personnage d’une certaine importance dans l’Évangile selon saint Jean qui aurait, réellement, parlé avec saint Jean-Baptiste lui-même, et qui portait ce même nom. Même si Tannhauser n’y trouvait rien de remarquable, car, après tout, chaque homme présent dans la pièce, lui y compris, portait au moins un prénom tiré de la Bible, les frères prirent cela pour un signe de faveur de Dieu, et dirent à Nicodemus que les chapelains seraient appelés avec joie pour veiller à la renaissance de son âme. Et c’est ainsi que Nicodemus leur raconta tout ce qui s’était passé lors du dernier conseil d’état-major turc.
     
    SUITE À L’ASSAUT repoussé devant le bastion de Castille, il y avait de violentes divisions dans le camp du pacha Mustapha, ce qui n’était pas du tout une surprise pour Tannhauser. Si les Turcs avaient une faiblesse, c’était bien que l’armée en campagne, sauf si elle était menée par le sultan en personne, était rongée par des jalousies latentes, des rivalités et les intrigues de ses commandants. Mustapha avait voulu prendre d’abord la ville de Mdina – où La Valette avait posté sa cavalerie sous les ordres de Copier – avant d’entamer le siège de L’Isola et du Borgo. Mais l’amiral Piyale avait protesté parce que son armada n’était pas en sécurité dans son ancrage à Marsaxlokk, exposée, ainsi qu’il le croyait à tort, au grégal 2 .
    Piyale était le conquérant d’Oran, de Minorque et de Djerba. Il était marié à la petite-fille de Soliman. Il était le favori du sultan. Et Piyale avait insisté pour que la première étape de la campagne soit la prise du fort Saint-Elme. Cela ouvrirait la sécurité de l’ancrage de Marsamxett à la flotte turque. De surcroît, la prise du fort

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