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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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courant de cette affaire ? demanda-t-elle.
    – Bien sûr. Tout le monde sait. Le grand capitaine demande partout. Tannhauser. » Il prononça ce nom comme s’il était excessivement fier de le connaître. « Le gros Anglais aussi. Ils demandent, les gens entendent, ils parlent. Vous êtes surprise ? »
    La surprise d’Orlandu face à la sienne la fit se sentir stupide, mais elle trouvait sa bravade trop charmante pour s’en soucier. Cela pouvait-il vraiment être lui ? Elle cherchait dans son ventre et dans son cœur, mais ne sentait aucune émotion. Elle ressentait plutôt une envolée de panique. Elle fit non de la tête.
    « Je ne crois pas que vous le trouverez, dit Orlandu.
    – Pourquoi pas ? dit Carla.
    – Douze ans, oui ? Né la veille de la Toussaint, oui ?
    – Oui. »
    Son sourire étincela. « Je connais les nouvelles. J’entends. Je regarde. » De l’épée, il désigna la nuit. « Ce matin, le capitaine Tannhauser a rasé le canon du Turc sur la pointe aux Potences. »
    L’anxiété de Carla prit un nouveau tournant. « Où est-il maintenant ?
    – Tannhauser ? fit Orlandu en haussant les épaules avec un air mystérieux très exagéré. Il vient. Il va. On dit que son cheval, Buraq, a des ailes. » Il regarda Amparo, comme si elle était la source de cette légende et qu’il souhaitait qu’elle confirme son authenticité. « Amparo dit que je peux le rencontrer. Avec votre permission.
    – Certainement. Mais dis-moi, pourquoi ne trouverai-je pas le garçon ?
    – Parce que vous ne l’avez pas encore trouvé, dit-il comme si c’était plus encore que l’évidence même. Personne ne connaît un garçon comme ça.
    – Quel âge as-tu, Orlandu ? »
    Il chercha ses mots, ses doigts s’enroulant et se déroulant dans sa paume. Il dit : « Dix-sept. » Il vit son incrédulité totale et fit machine arrière. « Quinze ! Oui, je pense. Bientôt. Au moins. » Il secoua l’épée. « Assez vieux pour combattre le Turc, quand ils me laisseront. J’ai tué des chiens, beaucoup de chiens, et les musulmans ne sont pas différents.
    – Quand est ton anniversaire ? » demanda Carla.
    L’assurance d’Orlandu fut momentanément ébranlée. Il haussa les épaules. « Les anniversaires, c’est pour les enfants. Les enfants riches.
    – Moi non plus, je n’ai pas d’anniversaire, dit Amparo.
    – C’est vrai ? » demanda Orlandu.
    Amparo fit oui de la tête et le sens de la dignité d’Orlandu en fut restauré.
    « Je suis née au printemps, dit Amparo.
    – Et moi en automne, dit Orlandu. Je sais juste ça. »
    Il regarda Carla et il devait avoir perçu la tourmente en elle, car il eut un petit mouvement de recul, et sourit en agitant la tête. « Moi ? Votre garçon ? dit-il. J’aimerais bien, oh oui, mais je ne pense pas.
    – Pourquoi pas ? »
    Il haussa les épaules et confirma le préjugé qu’elle n’osait pas admettre avoir en elle. « Vous êtes trop bien, dit-il. Regardez-moi. » Ce qu’elle fit. Le torrent d’espoir mourut en elle. Orlandu se justifiait d’un sourire. Il dit : « Vous pensez que je suis le garçon que vous cherchez ? »
    Tomaso changea d’appui en grimaçant et Carla se sentit honteuse de l’obliger ainsi à rester debout dans la rue. Elle ne répondit pas à Orlandu. Elle s’adressa à Amparo.
    « Pourquoi n’invites-tu pas tes amis à venir manger avec nous ? »
    Orlandu écarquilla les yeux. Amparo fit un petit mouvement du menton vers lui.
    « Oui, dit-elle. Venez manger avec nous à l’auberge. »
    Orlandu parla rapidement à Tomaso, qui reculait sous l’effacement et la timidité. Orlandu, sans indulgence discernable envers l’état de son ami blessé, le saisit par son bon bras et sourit à Carla. « Merci, votre dame, beaucoup. Nous venons. »
     
    À L’AUBERGE D’ANGLETERRE, Nicodemus prépara des galettes et de l’agneau, et l’excitation d’Orlandu devint inextinguible quand il apprit à un moment des préparatifs que le grand capitaine Tannhauser était attendu. Entre-temps, il eut son content de frissons, parce que Bors revint des batteries de Saint-Ange, le visage noirci de poudre et une dame-jeanne de vin à la main, et se transforma en parfait substitut pour l’admiration aveugle du garçon. Orlandu s’installa à la table du réfectoire avec le barbare anglais et Tomaso, héros de Saint-Elme, et se posa comme interprète, et qui aurait pu

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