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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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épaule dans sa frénésie de passer le point d’étranglement, armes emmêlées, un bouclier obstruant l’autre. Repère les ouvertures. Avale la bile qui remonte. Tue-le, tue-les, tue-les tous. Un coup fut dévié par son casque et frappa son épaulière comme un marteau. Transperce ses parties, tranche sa gorge. Le soldat continuait à se battre, à genoux, aveuglé par la fontaine de ses artères, essayant toujours, avec son poignard, de trouver la faille dans la cuirasse de Tannhauser. Tannhauser enfonça le fleuron dans sa tempe et recula. Maintenant recule encore. Tiens-les à distance. Il balança un coup de taille vers les cuisses, un revers vers l’estomac et un coup de pointe vers la poitrine, profond et en faisant tourner son épée. Ne regarde pas dans ses yeux. Il est fini. Et respire, espèce d’idiot, garde tes genoux souples, ignore les cris de la bataille. Recule. Mouvement sur la gauche – en dessous –, un visage dans la douve, frappe aux yeux, oublie-le, fait front, recule, le voilà, bloque en croix, pas la place de frapper du revers, visage face à la poitrine, haleine chaude et acide, il est fort – ah oui ? –, frappe du pommeau, ouvre-le en deux, frappe aux épaules, enfonce sa poitrine, meurs, meurs, pique-le au ventre, et ressors, et repique, et ressors, et un peu d’acier dans la gorge pour le sultan, et recule – mais là-bas –, non, recule maintenant, patience, respire, secoue la sueur, souffle-la. Encore trop avancé dans le passage. Exposé. Dix secondes de repos. Ou cinq. Il n’avait pas le choix.
    Il s’appuya sur son épée, hors d’haleine.
    Les dix premières minutes étaient terminées et il se sentait malade jusqu’au plus profond de ses entrailles et épuisé. Son corps suppliait déjà pour avoir un léger rafraîchissement et huit heures de sommeil. Où étaient la force et le souffle qu’il avait un jour possédés en abondance ? Il était secoué. Il n’avait jamais combattu des hommes si difficiles à tuer, si réticents à mourir même quand ils étaient morts. Ces janissaires étaient des fous et il ne l’était pas ; il ne l’était plus. La nuit s’étendait devant lui et il ne pouvait en voir la fin. Il avait peur, pas de la mort, mais de l’effort. Pourtant son second souffle viendrait. Lui ou une tombe partagée dans la douve sanglante. Attirés par le fracas et le sifflement de la masse et de l’épée, Guillaume de Quercy et Agoustin Vigneron vinrent à son niveau sur le passage, chacun couvert du casque aux chausses de sang semé de sueur, leurs barbes toutes collantes et coagulées, comme s’ils venaient de sortir d’un baril de mélasse.
    Tannhauser rappela sa fierté. Il ne pouvait pas laisser une paire de Français lui faire honte.
    Tous trois se mirent de front devant la redoute grandissante de cadavres empilés à leurs pieds et commencèrent à empaler l’ennemi turc quand il escaladait ses morts. C’était rapide et cruel, à coups de masse, de pic et de lame, et les Maltais s’aventurèrent derrière eux avec leurs longues piques et leur donnèrent quelque répit face au véritable poids de la chair. L’assaut des robes bleues commença à s’embourber sur le mur de lances, et une nouvelle averse de humbaras s’envola en arcs au-dessus du charnier. Tannhauser s’accroupit sous eux et les lanciers reculèrent, trébuchant dans la panique, lances changées en cendres quand les flammes éclataient de jaune parmi eux. Ceux qui étaient couverts de gelée enflammée fuyaient vers les barils d’eau et c’était chacun pour soi, car les récipients ne pouvaient pas les contenir tous. Et à cet instant, les choses prirent un sale tour, car sur le terrain vide que les lanciers avaient abandonné derrière eux, les gazi du sultan surgirent, jaillissant de la douve, et l’assaut redoubla derrière le charnier, et les trois frères en armure se retrouvèrent encerclés et coupés des leurs.
    « Dos à dos ! » rugit Quercy.
    La masse d’armes de Quercy lança comme un éclair, et sa pointe s’enfonça dans un visage jusqu’au manche, l’arrachant à moitié. Tannhauser pivota et les épaulières des trois chevaliers s’entrechoquèrent. Épaule contre épaule, ils se tenaient dans un cercle de malheur, et leurs assaillants ne trouvaient que malheur pour les accueillir. Comme une bande de loups acculés, ils ravageaient et massacraient tout ce qui passait à leur portée, et les coups hostiles

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