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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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d’espoir. Il passa sa langue sur le tranchant et sentit du sang mais aucune douleur. Il se déplaça vers le tas d’armes récupérées par les ordonnances partout sur la brèche. Il choisit une masse de cinq livres, avec un manche d’acier et sept lames à ailettes soudées dans la boule. Un fleuron de fer acéré de quatre pouces de long était vissé au sommet. Il regagna la ligne et se tourna vers l’homme sur sa droite, un vétéran, petit mais solide, avec des yeux insensibles.
    Tannhauser leva son épée en guise de salut. « Mattias Tannhauser. »
    Le chevalier lui retourna son geste. « Guillaume de Quercy. »
    L’homme à la droite de Guillaume, un Provençal au nez crochu qui brandissait deux courtes épées jumelles, s’inclina et fit de même. « Agoustin Vigneron », dit-il.
    Cet échange suffit à cimenter leur fraternité, ils ne dirent plus rien. Avec un Gascon d’un côté et un Provençal de l’autre, Tannhauser ne pouvait rien demander de plus. La fanfare mehterhane s’éleva. Flûtes, timbales et cloches. Même maintenant, il n’existait pas de sons plus émouvants à son oreille. Des trompettes retentirent. La bannière de Saint-Jean fut brandie, sa croix blanche devenant lumineuse au clair de lune. Un chapelain leva une icône du Christ d’une main et agita une cloche de l’autre, puis se mit à réciter l’Angelus :
    «  Angelus Domini nuntiavit Mariae. » L’ange du Seigneur s’est annoncé à Marie.
    Des Ave furent chantés en masse 3 et le pouvoir de la Vierge invoqué.
    « Prie pour nous, ô Sainte Mère de Dieu.
    Que nous soyons faits dignes des promesses du Christ.
    Déverse, nous t’en supplions, ô Seigneur, ta grâce dans nos cœurs… »
    La première ligne de chevaliers escalada les éboulis jusqu’à la crête glissante de sang et Tannhauser grimpa avec eux. Il était le seul homme de tous à n’avoir pas une prière aux lèvres, car il lui semblait que n’importe quelle déité valant qu’on s’adresse à elle condamnerait l’exultation qui montait dans sa poitrine, et que tous les dieux de miséricorde ne se réveilleraient qu’après cette longue nuit.
    Les chevaliers et les sergents occupaient le devant de la ligne, et les Espagnols et les Maltais, environ trois cents en tout, se déplaçaient derrière, les pointes de leurs demi-piques et leurs lames remplissant les trous dans ce mur d’armures. Tannhauser étudia le sol à ses pieds, expédiant de côté quelques débris instables, notant ses irrégularités, avant de planter son pied gauche en avant, l’épée dans sa main droite pointée vers le sol et le manche de la masse incliné contre sa hanche. Maintenant, n’existait plus que la conscience de ce qui se passait. La conscience de sa propre petite sphère dont les limites étaient définies par les deux hommes à sa droite et à sa gauche, et par tout ce qui pouvait surgir de la nuit face à la pointe de sa lame. Il se remémora de respirer régulièrement et profondément. C’était facile de l’oublier dans la bagarre, et perdre son souffle était fatal. Respiration. Posture. Mouvements des pieds. Sous son armure, la sueur bouillait de chaque pore de sa peau, car la chaleur de la nuit était sauvage et sans pardon. Il avait la bouche sèche. Il était placé juste devant la gorge d’un des passages ménagés par les Turcs. Trois hommes pouvaient avancer de front, serrés sur ce tablier inégal, et Tannhauser se tenait à l’extrême gauche. Le Gascon, Guillaume, était en son centre, et Agoustin Vigneron couvrait le côté droit. À la gauche de Tannhauser, Bors commandait la lèvre de la douve. Bors fouilla dans ses poches et en sortit deux pierres blanches et lisses. Il en mit une dans sa bouche.
    « Je ne t’avais pas dit que ce serait grand ? » dit-il.
    Il offrit la seconde pierre à Tannhauser qui la prit, la suça, et la sécheresse de sa bouche diminua.
    « Surveille mes arrières, veux-tu », dit Bors.
    Les rythmes martiaux du mehterhane , les milliers de pieds frappant le sol, le fracas du métal, les chants aigus des appels des imams vers Allah, se fondaient en un maelström sonore qui roulait du haut des ombres chatoyantes de flammes au-delà de la douve. Dans son sillage cinq  orta de janissaires, étendards et bannières dressés, rugirent du fond de la nuit et se jetèrent vers les passages et au travers du fossé débordant de cadavres.
    Les chrétiens les aiguillonnaient en

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