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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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faisaient sonner leurs armures tandis qu’ils abandonnaient le terrain conquis et reculaient lentement à travers les flammes vers leurs lignes, trébuchant et glissant sur le matelas fumant des mutilés et des morts.
    L’odeur dense et répugnante de viande humaine grillée était horriblement appétissante, et la bouche de Tannhauser s’emplit de jus. En courant, un très jeune homme au visage très pâle vint s’embrocher sur l’épée de Tannhauser, avec une telle frénésie que sa poitrine finit par frapper dur contre la garde. Il piqua la tête du jeune avec la pointe de sa masse et, comme un fermier soulevant une balle de foin, il le balança de côté. Un coup le frappa à la tête et Tannhauser para avec le manche de sa masse, puis frappa du tranchant de sa lame italienne dans une jambe dure comme du cèdre. L’autre tomba à genoux, Tannhauser planta son épée dans sa poitrine et une nausée incontrôlable explosa dans son gosier. Tandis que sa masse se balançait, retenue à son poignet par sa bride de cuir, il se courba sur son épée, tenant la poignée à deux mains, et vomit un torrent de bile et de flegme sur le visage hurlant de l’homme qui mourait. Tannhauser plissa ses yeux emplis de larmes, le spasme gastrique enfonçant la lame encore plus profond. Il s’appuya sur la garde jusqu’à ce que la crise ait passé, puis il cracha et dégagea sa lame avant de pousser le cadavre de côté d’un coup de pied, clignant des yeux et secouant la tête pour faire s’envoler sueur et mucus, lorsqu’il entrevit dans le flou deux têtes chapeautées de blanc qui fonçaient vers lui. Il se prépara à encaisser leurs coups quand une lame festonnée siffla. Les deux têtes disparurent en même temps, les crânes tranchés dans un fatras de globes oculaires, de cervelle, et de jets de sang. Une gorge béante et une demi-mâchoire surmontaient la seconde paire d’épaules et, alors qu’elle disparaissait, il vit Bors relever l’énorme épée à deux mains et planter sa pointe dans une troisième tête qui émergeait de la douve.
    Bors s’immobilisa, la bouche grande ouverte dans son visage maculé de sang. « Je t’avais demandé de surveiller mes arrières. »
    Tannhauser bataillait aussi pour reprendre son souffle. « Je ne suis pas en forme pour combattre », admit-il.
    Il y eut un calme relatif dans l’assaut et les quatre hommes s’alignèrent de front et achevèrent les blessés à leur portée, puis ils se reposèrent et pendant un moment le passage n’afficha plus de vie humaine que les leurs.
    « La chose étrange, dit Bors, c’est qu’ils sont – eh bien – beaucoup comme nous.
    – Slaves, Grecs, Magyars, Serbes, dit Tannhauser. Et même quelques Autrichiens.
    – Jamais vraiment aimé les Autrichiens », marmonna Bors.
    Ils regagnèrent leurs lignes et reprirent leurs postes. Tannhauser se sentait mieux. La purge de son estomac lui avait fait du bien. Alors qu’il crachait un résidu acide, ses yeux tombèrent sur une bassine de pain et de vin qui passait. Il posa son épée au creux de son coude, se pencha pour saisir un quignon dans son gantelet et l’engouffra. C’était merveilleux. Sucré et salé à la fois. Avec un soupçon de romarin ? Il appela Bors et désigna la cuve qui disparaissait lentement. Bors se pencha pour se servir. Tannhauser se retourna vers la dévastation et reprit ses esprits.
     
    Dix minutes avaient passé en une seconde, du moins le pensait-il. Son corps paraissait plus souple, sa poitrine tendue comme la peau d’un tambour. Son esprit était clair comme du cristal. Il atteignait son second souffle. Il roula des épaules et assouplit ses hanches, puis se prépara à recevoir ce qui allait leur arriver. Cela ne pouvait qu’empirer, mais il était prêt. Une nouvelle vague de fanatiques se formait dans l’obscurité à l’autre bout du passage. Ils portaient des dolamas jaunes et des casques de bronze : les janissaires de la division d’élite des Peyk, portant des lassos redoutables, des gaddaras ressemblant à des hallebardes et des arbalètes zemberek , avec des carreaux épais comme le pouce. Il vida ses poumons, puis prit une grande inspiration. Pendant que les champions de la Religion rassemblaient leurs forces, Bors s’approcha de lui en claquant des lèvres. Il surprit le regard de Tannhauser.
    « Eh bien ? » fit Bors.
    Tannhauser lui flanqua une petite claque dans le dos et dit :

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