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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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c’était de l’atteindre. Le cercle d’acier turc autour de l’enceinte était plus serré qu’il l’avait envisagé. Il n’avait pas encore réfléchi au moyen de passer la porte de Kalkara. Et aucune autre route n’était jouable. En général, un soldat était de garde dans la casemate intérieure ; au-dessus, un guetteur se tenait toute la nuit sur le bastion d’Angleterre et un autre sur celui d’Allemagne, avec une vue plongeante. Et même si sa propension à servir la Religion atteignait ses limites, il ne voulait pas laisser, en partant, la poterne ouverte aux Turcs. Il espérait résoudre ces problèmes avant la nouvelle lune.
    Seul Bors était au courant de ces affaires. Tannhauser n’avait aucune certitude concernant Carla. Voudrait-elle même quitter cet endroit ? Elle était plus que dévouée à son travail. Il n’existait rien de plus irrésistible que l’héroïsme – pas même la débauche – et Carla avait prouvé qu’elle était héroïque. Beaucoup la considéraient presque comme une sainte. Dans l’église de l’Annonciation, ils allumaient des chandelles pour sa délivrance, la bénissaient quand elle passait dans les rues, et embrassaient l’ourlet de sa robe. Des chevaliers remettaient leurs vies sous sa protection. Des hommes sans nombre attribuaient leur survie à ses soins ; d’autres bien plus nombreux étaient, grâce à elle, passés dans l’autre monde avec un cœur et un esprit apaisés.
    Tannhauser avait vu ces faits de ses propres yeux et ils avaient peu contribué à la diminution de son respect pour elle, ni à relever ses propres désirs. À quelques jours de ça, frère Lazaro l’avait fait lever pour le remercier de la lui avoir présentée, et il avait plaisanté piteusement aux dépens de ses anciennes réticences à l’employer. Mais la plaisanterie pouvait très bien s’appliquer aussi à Tannhauser. L’héroïsme et la sainteté menaient beaucoup trop facilement au martyre ; et ni sa mort à elle, ni la sienne propre n’avaient le moindre rôle à jouer dans ses plans.
    Le temps le dirait.
    Amparo, il en était certain, accepterait de partir. Autant qu’il puisse en être certain, elle maintenait pour le chaos alentour l’indifférence d’une bienheureuse idiote. Elle l’avait emmené dans les écuries rendre visite à Buraq, qui était en bien meilleure forme qu’il n’aurait osé l’espérer, et qui fit montre d’une telle joie équine à leur arrivée que les autres montures de guerre en déclenchèrent presque une émeute. Mais Buraq ne pourrait pas partir avec eux. Avec un peu de chance, un général turc le réclamerait, et il vivrait ensuite comme un roi. Peut-être même Abbas… Quitter Malte était une affaire ennuyeuse. Il était inutile d’alerter l’une ou l’autre des deux femmes avant que cela ne devienne indispensable.
    Tannhauser songeait souvent à Orlandu. Le garçon s’était logé profond dans son cœur. Mais Orlandu jouissait d’un havre bien plus sûr que n’importe lequel d’entre eux ici, et c’était source de contentement. Nicodemus, aussi sympathique et bon cuisinier qu’il fût, allait devoir tenter sa chance avec la garnison.
    « Une décoction de brandy et d’opium, dit Bors alors qu’ils examinaient la garde de la porte de Kalkara. Ça donnerait à la sentinelle de la casemate une bonne nuit de sommeil.
    – Je ne sais pas comment extraire la quintessence de l’opium et en faire une teinture, dit Tannhauser. Petrus Grubenius est allé au bûcher avant de pouvoir m’en enseigner la méthode, qui est assez complexe. Mais du brandy dans une gourde et de l’opium dans un gâteau, disons un gâteau au miel, donnerait un bon résultat. Si nous lui donnons ce genre de gâteries tous les deux trois jours, mais sans opium, il ne suspectera rien quand le moment viendra.
    – Je me demande s’ils pendront ce pauvre gars pour ça », dit Bors avec une curiosité totalement dénuée de sensibilité.
    Pendant un instant Tannhauser se demanda s’il n’était pas lui-même complètement dérangé. Si son impiété, son mépris pour le sacrifice inutile et la loyauté aveugle, sa détermination à ne prendre soin que de ceux pour qui il éprouvait quelque chose, et par tous les moyens les plus perfides et les plus sordides, n’étaient pas aussi foncièrement mauvais qu’ils en avaient parfois l’air. Ce n’était pas une forme de noblesse que tous ceux qui l’entouraient ici

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