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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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la coupe de Tannhauser avec le peu qui restait dans la cruche. Il la tendit à Dana et elle s’en alla la remplir. Bors avait les cheveux gris fer et l’avancée de sa calvitie était compensée par d’énormes sourcils, une fine barbe et des poils de moustache en bataille qui bouclaient sous ses narines. Il salua Sabato Svi d’un mouvement de tête et se tourna vers Tannhauser.
    « Un navire rouge est arrivé, dit-il, au quai des hospitaliers.
    – Tu vois ? fit Tannhauser à Sabato. Le fer de la Religion est encore brûlant. L’or coule à flots. »
    Bors poursuivit. « J’ai demandé à Gasparo de faire charger les chariots et de seller nos montures. » Il regarda Sabato Svi. « Tu veux qu’il selle ton cheval ? »
    Sabato secoua la tête. « L’argent de la Religion est le bienvenu, mais ils me considèrent comme l’un des meurtriers de leur Christ.
    – Ce sont des saints voués au Baptiste, contra Bors en se signant.
    – Les cellules de la Religion grouillent de Juifs levantins réduits en esclavage dont les prières vont aux Turcs, comme les miennes, d’ailleurs, dit Sabato Svi. Il circule déjà des rumeurs selon lesquelles les Juifs d’Istanbul ont financé l’invasion, alors que c’est faux – comme toujours pour ce genre de diffamation – et que je souhaiterais que cela soit vrai. Quand Malte tombera, tous les Juifs vivants remercieront Dieu.
    – Puisqu’ils sont tous promis à l’enfer, qu’ils prient qui ils veulent. »
    Sabato regarda Tannhauser. « J’ai moi-même payé la rançon de deux captifs d’Alexandrie, d’où les bonnes faveurs de Moshe Mosseri.
    – Tu étais bien content d’échanger des armes contre l’or des chevaliers, fit observer Bors.
    – Je suis plus qu’heureux d’en profiter avant qu’ils ne soient balayés, répliqua Sabato. Quel genre de fanatique irait mourir pour un rocher brûlé de soleil ?
    – Ils se sont rassemblés là pour déterminer la volonté de Dieu, grâce à un noble combat, corrigea Bors. Et si nous ne combattons pas les musulmans à Malte, un jour nous aurons à les combattre à Paris, car la conquête du monde fait partie de leur plan grandiose.
    – Nous ? fit Sabato Svi.
    – Ton heure viendra aussi, crois-moi, dit Bors. De plus, les chevaliers ont rassemblé la plus vaillante troupe de tueurs d’hommes qu’on n’ait jamais vue nulle part. » Il regarda Tannhauser. « Ils vont semer l’enfer sur cette île. Et toi et moi, nous ne sommes pas avec eux pour éprouver notre ardeur. » De dépit il serra un poing, gros comme un tonnelet. « C’est une violation de l’ordre naturel !
    – Mattias en a fini avec les tueries et la guerre. Je pensais que toi aussi. »
    Bors ignora Sabato et se renfrogna comme un gigantesque bébé. « À côté de cette rôtissoire, Saint-Quentin ressemblera à des cabrioles de premier mai.
    – Non, dit Tannhauser, plutôt à deux vieilles dames brûlant des cierges votifs à l’église.
    – Alors, tu es d’accord ? s’enthousiasma Bors, la poitrine gonflée d’espoir. Et ce vaisseau rouge est notre dernière chance d’y jouer un rôle. Préparons nos coffres de guerre et mettons-les dans un des chariots tout de suite. La destinée nous appelle. Ne me dis pas que tu ne l’entends pas. »
    Tannhauser se détourna car le sang lui montait également à la tête, et que les reproches contenus dans les yeux de Bors étaient difficiles à affronter. Sur le visage de Sabato, contraste total, il lut l’horreur de voir tous leurs plans s’écrouler entièrement. Tannhauser joua avec sa bague, un cube d’or de Russie, avec un trou foré en son centre. Son poids lui conférait de la sagesse.
    « Bors, dit-il, tu es mon plus vieux et plus loyal compagnon. Mais nous avons tous trois fait le pacte de devenir riches ensemble et c’est ce que nous faisons. Que nous réussissions ou pas, c’est une bataille différente dans laquelle nous sommes engagés aujourd’hui. Souviens-toi de la maxime que tu as gravée pour nous : Usque ad finem . Jusqu’à la fin. Jusqu’à la toute fin. »
    Bors enfouit ses pensées derrière la coupe de vin qu’il porta à sa bouche.
    « Pourtant, poursuivit Tannhauser, la langue anglaise t’accueillerait avec des cris de joie. Si tu veux saisir cette dernière possibilité d’y aller, alors vas-y. Personne ici ne prendra cela pour une trahison. »
    Tannhauser regarda Bors dans les yeux : du gris nimbé

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