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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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quelqu’un d’autre, car personne ne semblait les voir et personne ne leur barra la route. Les chevaux enjambaient les carcasses souillant leur chemin et, parmi elles, il n’y avait aucun musulman blessé, car les vagues chrétiennes successives les avaient tous achevés. Ils se faufilèrent dans un hiatus des lignes et atteignirent le rivage, où quinze mille hommes luttaient au corps à corps sur trois mille pas de sable.
    Les plages fourmillaient de Turcs se battant pour embarquer. Par endroits la bataille débordait dans l’eau et les vagues se crêtaient de rouge autour des genoux des soldats. Depuis les chaloupes filant vers les navires, des janissaires échangeaient des tirs de mousquets avec les mangas sur les pentes, et les canons des galères ouvraient des sillons dans les piquiers chrétiens. La bataille allait encore durer des heures, mais la seule vraie question était le nombre de morts que les Turcs allaient laisser derrière eux. Tannhauser ne s’en souciait plus. Il poussait sa monture à travers la cohue, le cheval de guerre écartant la foule sans difficulté, et marchant sur ceux qui tombaient avec un mépris impérieux.
    « Agasi Sari Bayrak » , aboyait Tannhauser, et les rangs s’écartaient en apercevant le général ensanglanté qu’il menait derrière lui.
    Au bord de l’eau, trois chaloupes embarquaient. Tannhauser sauta à terre et s’approcha d’Abbas. Ses yeux étaient plissés, crispés de douleur. Il se laissa glisser de sa selle dans les bras de Tannhauser. Tannhauser le porta jusque dans l’eau peu profonde, l’enfant devenu maintenant le père de l’homme. À la poupe de la seconde chaloupe, il aperçut Salih Ali, qui semblait être en charge de l’embarquement car il brandissait un pistolet vers les réfugiés pataugeant dans l’eau, désespérant d’embarquer.
    « Salih ! » appela Tannhauser.
    Le corsaire le reconnut immédiatement. Ses yeux s’écarquillèrent en voyant le général ensanglanté dans ses bras. Tannhauser s’approcha du plat-bord.
    « Soigne les blessures de l’ aga , dit Tannhauser, s’il survit, il fera ta fortune. »
    Malgré l’anarchie déployée partout alentour, Salih savait reconnaître une riche source de profit, et pas mal de gloire en supplément quand elle lui tombait du ciel. Il porta la main à son front pour saluer, puis aida Tannhauser à allonger Abbas dans la chaloupe. Salih cria aux rameurs de démarrer immédiatement et ils mirent leurs rames à l’eau. Tannhauser ôta son bracelet d’or et passa les têtes de lion autour du poignet d’Abbas. Abbas ouvrit les yeux et Tannhauser prit sa main et la serra.
    Tannhauser dit : « Je suis venu à Malte ni pour la richesse ni pour l’honneur, mais pour sauver mon âme. »
    Abbas serra ses doigts d’une main faible. Il releva la tête et regarda Tannhauser dans les yeux. Tannhauser perçut son agonie de douleur muette. Et au-delà de la souffrance, il y avait de l’inquiétude : pour lui.
    « Mon fils, dit Abbas, as-tu trouvé le salut parmi les infidèles ?
    – Je t’ai trouvé toi, dit Tannhauser, et j’ai trouvé l’amour. C’est suffisant pour mon salut.
    – Alors tu ne viens pas avec moi… »
    Tannhauser sentit une douleur lui percer le cœur. Il sourit en faisant non de la tête.
    « Non, père. Pas cette fois. »
    Abbas lui rendit son sourire. « Cette fois, je voyagerai jusqu’à la Corne d’Or sans toi.
    – Mon esprit reste à tes côtés. Comme le tien a toujours été auprès de moi. »
    Abbas serra sa main pour la dernière fois. Il dit : « Astowda Okomallah.
    – Asalaamu alaykum , dit Tannhauser. Fee iman Allah. »
    Tannhauser retira sa main et Abbas reposa sa tête sur les genoux de Salih. Tannhauser recula. Il regarda la chaloupe s’éloigner dans l’écume rougie de sang, avec Abbas bin Murad à sa poupe. Puis il se retourna, remonta sur Buraq, retraversa la foule, quitta le rivage et laissa le massacre final à ses participants, car il avait encore une dernière querelle personnelle à régler.

SAMEDI 8 SEPTEMBRE 1565 – LA NATIVITÉ
DE LA SAINTE VIERGE MARIE
    La trouée de Naxxar – Les hauteurs de Corradino
    EN SON POINT LE PLUS ÉTROIT, la route entre les montagnes était presque engorgée de corps. Les blessés turcs qui avaient rampé jusqu’ici avaient été égorgés là où ils étaient allongés, et une douzaine de fantassins espagnols arrachaient ornements et or aux cadavres.

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