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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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De qui un garçon comme toi en a-t-il appris autant ?
    – Du grand capitaine Mattias Tannhauser », dit Orlandu.
    Ludovico opina, comme s’il l’avait bien pensé. « Tu n’aurais pas pu trouver meilleur mentor. »
    La confusion d’Orlandu augmenta. « Donc vous le connaissez bien ?
    – Lui et moi sommes liés ensemble par la volonté divine. Quant à ta dette, considère-la comme déjà effacée et plus que généreusement remboursée. »
    Le sourire de Ludovico se changea subitement en grimace quand une douleur le lança, venue de ses entrailles, et il se plia en deux. Il n’émit aucun son, le spasme passa et il releva la tête. « Je voulais vous réunir à Mdina, toi et ta mère, dame Carla, mais passer la montagne m’aurait achevé. »
    Il se plia à nouveau en avant.
    Des questions tourbillonnaient dans la tête d’Orlandu. Anacleto approcha son cheval et prit les rênes de Ludovico. Il les tendit à Orlandu.
    « Emmène-le à l’hôpital, dit Anacleto. Trouve le père Lazaro. »
    Orlandu hocha la tête et Anacleto fit tourner son cheval, qu’il cravacha pour redescendre la colline. Orlandu regarda vers là où il allait. Loin dans la plaine dévastée de la Marsa, un cavalier galopait vers eux, laissant un sillage de poussière. Son cheval avait la couleur d’une pièce d’or toute neuve, et sa queue était aussi pâle que de l’avoine. Les cheveux du cavalier flottaient au vent et prenaient, sous le soleil, une lueur de bronze embrasé.
    Orlandu dit : « Tannhauser. »
    Ludovico le vit aussi. Il rappela son camarade comme s’il avait pu l’arrêter. « Anacleto ! »
    L’effort le fit à nouveau se plier en deux. Anacleto n’en avait tenu aucun compte. Orlandu avait l’impression de voir une rage noire filant en trombe à travers les terres ravagées, et il ne désirait rien de plus que de voir Tannhauser sain et sauf. Mais quelles que soient les intrigues qui devaient se résoudre ici, ce brave chevalier avait besoin du chirurgien, et Orlandu voulait vraiment l’aider. Il tendit la main et saisit les rênes de Ludovico.
    « Attends, ordonna Ludovico.
    – Mais, le père Lazaro… dit Orlandu.
    – Non, dit Ludovico, je suis bien au-delà de l’art du chirurgien. Mais peut-être pas au-delà de l’honneur. »
    Ludovico reprit les rênes. Il fit faire demi-tour à sa monture pour faire face à la plaine et, d’un mouvement du menton, il fit signe à Orlandu, qui fit la même chose. Ils voyaient Tannhauser galoper sur son cheval doré. Anacleto cavalait dans l’autre sens pour l’affronter, l’épée haute.
    « Dieu sait tout, dit Ludovico. Tout ce qui est, tout ce qui a été, et tout ce qui sera, pour l’éternité. Et pourtant, on ne peut approcher du choix divin, et chaque homme grave librement la charte de la vie de sa propre main. »
    Ludovico se tourna vers Orlandu. Orlandu regarda au fond des yeux impénétrables et la tristesse enchâssée dedans était si immense qu’elle englobait, du moins lui semblait-il, tout le chagrin répandu sur l’île dévastée qui les entourait.
    Ludovico prit une respiration et poursuivit. « Les lettrés appellent ce paradoxe “le mystère caché”, et à de telles questions, Augustin répond : “Inscrutabilia sunt judicia Dei.”
    – Messire…
    – Les voies de Dieu sont impénétrables. »
    Ludovico se tourna à nouveau vers la plaine et Orlandu l’imita.
    Ils virent Tannhauser tirer les rênes pour obliger le cheval doré à s’arrêter. Anacleto chargeait vers lui. Ils virent les bras de Tannhauser faire un cercle derrière sa tête, puis le reflet bleu du soleil sur le canon de son arme qu’il épaulait. Ils virent fumée et flamme jaillir de la gueule du canon et Anacleto vider les étriers et dégringoler de sa selle. Puis ils entendirent le coup de feu et son écho venu de l’escarpement couvert d’ossements. Ils virent Tannhauser tenir le canon verticalement et le virent enfoncer une poire à poudre dans sa gueule. Ils virent Anacleto rouler au sol et tenter de se remettre à genoux. Ils virent que Tannhauser avait mis une balle dans le mille et qu’il reposait son arme chargée sur ses cuisses et qu’il tirait son épée. Il fit avancer son cheval doré. Ils virent le reflet de l’épée qui se levait et redescendait et Anacleto tomba en avant, et quelque chose dégringola de ses épaules, roula et finit par s’arrêter dans la poussière.
    Avec un étrange sens de la

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