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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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satisfaction qui fit frissonner Orlandu, Ludovico dit : « C’est ici que ma propre charte s’interrompt. Pourtant, en écrivant sa fin, tout homme devrait pouvoir devenir une chose et pas une autre. Peut-être surtout en écrivant sa fin. »
     
    QUAND TANNHAUSER AVAIT vu Anacleto descendre la colline, il s’était rendu compte qu’il était vidé de toute haine et de toute rage. Auparavant, il avait imaginé engager le combat avec lui, le découper morceau par morceau, prolonger ses souffrances, l’humilier, le laisser certain de mourir, mais pas encore mort. Maintenant, il ne voulait qu’en finir. Il pointa son arme, l’atteignit, et la balle fit un bruit sec en crevant sa cuirasse. Il rechargea son fusil et l’arma avec la clé, avant de refermer le fourneau. Il dégaina son épée et, en passant près de ce scélérat à genoux, il le décapita sans même daigner regarder son visage. Il rengaina son épée, puis regarda les hauteurs en face, et il aperçut leurs silhouettes découpées sur l’azur. L’homme et le garçon. Le père et son fils. Tannhauser rangea le fusil contre sa hanche. Il commença à monter la pente pour tuer l’un sous les yeux de l’autre.
    Quand il parvint en haut, il comprit qu’il n’y aurait pas de bataille.
    Ce n’était pas de voir le trou fait par la balle dans la plaque ventrale de l’armure, ni la couche de sang luisant collé aux cuisses de Ludovico, et qui dégoulinait de sa selle sur les flancs de son cheval. C’était l’expression du visage blême du moine et la lueur au fond de ses orbites, une lueur comme en émettent certaines de ces étoiles qui disparaissent quand on les fixe directement.
    « J’avais demandé à Orlandu d’aller nous attendre dans le Borgo, dit Ludovico, mais il rechignait à partir sans vous saluer. »
    Tannhauser regarda Orlandu. Pour la première fois depuis ce qui paraissait une éternité, il sentit quelque chose de proche d’un bonheur frémir dans sa poitrine. Il dit : « On dirait que tu t’es un peu remplumé pendant ton exil chez les païens.
    – Après la crique des Galères, répondit Orlandu, travailler pour Abbas était comme une festa . »
    Tannhauser sourit et Orlandu rayonna. Mais l’expression du garçon s’effaça en regardant Ludovico. Il vint à l’esprit de Tannhauser que le garçon n’avait aucune idée de son inimitié envers le moine ; ou du moins n’en avait-il pas eu jusqu’à ce que Bors expédie une balle dans les tripes du chevalier noir.
    Tannhauser dit : « Frère Ludovico a raison. Va attendre au Borgo. »
    Il lança son fusil à Orlandu, et le garçon l’attrapa au vol en oscillant sur le dos nu de son cheval. Tannhauser descendit de sa selle, attacha sa gourde autour de son cou et tendit les rênes de Buraq au garçon.
    « Mène Buraq aux écuries du grand maître. Couvre-le, fais-le marcher un peu et veille à ce qu’il boive quand il sera rafraîchi. Pas de nourriture avant que je ne revienne. » Il désigna les grosses sacoches accrochées derrière la selle. « Et ne quitte pas mes sacoches des yeux.
    – Après la journée qu’il a eue, il faudrait lui nettoyer les sabots, dit Orlandu. Et lui essuyer les yeux et les naseaux parce que la poussière et la fumée étaient terribles.
    – Excellent, dit Tannhauser, puis il s’adressa à Ludovico. Ce garçon est un enragé d’étude et de travail. Quand nous nous sommes rencontrés, il avait à peine touché un cheval de sa vie. »
    Ludovico maîtrisa un spasme et hocha la tête pour marquer son admiration.
    « Ce garçon est bien comme vous le décriviez, dit-il, et plus encore. Brave, fier, grand. »
    Orlandu rayonnait. Mais Tannhauser voyait bien qu’il avait pleinement conscience que la mort était le quatrième membre de leur cercle. Tannhauser dit : « Maintenant, dis au revoir à ton sauveur. Et remercie-le.
    – Il m’a déjà remercié, dit Ludovico.
    – Alors, au revoir suffira », dit Tannhauser.
    Ludovico ôta son gantelet plein de sang et leva la main. « Approche », dit-il à Orlandu. Le garçon obéit et inclina la tête pour recevoir la bénédiction. Ludovico posa sa main sur la tête d’Orlandu. Ce contact sembla emplir le moine d’une joie transcendentale.
    « Ego te absolvo a peccatis tuis. » Ludovico releva la main et fit le signe de croix : « In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. »
    Orlandu se signa. Ludovico tendit la main. Orlandu fut

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