Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
Vom Netzwerk:
dit Tannhauser, nous vous tuons tous. »
    Avant que le capitaine ne puisse réfléchir trop abondamment, Tannhauser ouvrit le battant gauche des portes. L’officier, enfin libre de se décharger, et d’une manière en laquelle il se croyait expert, déversa toute l’émotion de son supplice dans les remontrances dont il accabla ses deux subordonnés. Quand la menace d’une flagellation s’augmenta de toutes sortes de mutilations et d’une double pendaison, Tannhauser lui piqua le cul de la pointe du javelot. Le capitaine claqua la porte au nez de ses laquais au beau milieu d’une phrase. Il guetta l’approbation de Tannhauser, qui lui arracha son pistolet de la ceinture. Sans que personne ne le lui demande, le capitaine tendit un flacon de poudre en cuivre ouvragé et une giberne de balles et de bourre.
    « Va rejoindre le père Gonzaga, dit Tannhauser. À genoux. »
    Pendant que le capitaine se hâtait d’obéir, convaincu de s’être accordé les bonnes grâces de son tortionnaire, deux coups de feu grondèrent à l’extérieur. Tannhauser rechargea le pistolet et jeta un nouveau coup d’œil au travers des volets. La petite foule s’enfuyait, abandonnant deux corps gémissants sur le pavé. Les deux gens d’armes formaient une troisième statue, figés sur les crosses de leurs arquebuses. Tel était le prix que payaient les badauds. Tannhauser se colla le pistolet dans la ceinture et ajouta l’arquebuse à la collection de Bors.
    Bors fit un geste de la tête vers Sabato. « Je vais chercher un pied-de-biche. »
    Sabato se contorsionna d’anxiété et Tannhauser secoua la tête. « Faisons-le sans lui casser les mains. » Il prit une lampe sur une des tables, fila dans l’entrepôt et localisa sa trousse à outils. Il en sortit une scie à métaux aux dents très fines et se hâta de revenir. Il examina une nouvelle fois les clous qui traversaient les mains de Sabato.
    « J’ai payé quinze talents d’or pour ce fauteuil.
    – Tu t’es fait voler », grommela Sabato Svi.
    Tannhauser se mit au travail avec la scie, à petits coups brefs et rapides.
    « Ainsi notre aventure sicilienne est terminée, dit Sabato Svi.
    – Il y aura d’autres aventures, plus grandioses et plus lucratives. » La tête du premier clou tomba. « Ne bouge pas. » Il attaqua le second.
    « Au moins tu n’auras pas à t’embarquer pour l’Égypte, avec le Grec.
    – Il y aura plus de poivre aussi. Ça pousse sur les arbres. » La scie décapita le second clou et Tannhauser la posa. « Détends ta main », dit-il. Il prit le poignet gauche de Sabato. Il entrelaça les doigts de sa main droite avec ceux de Sabato et les crocheta sous le côté paume de ses articulations. « Détends la main, je te dis. » Tannhauser arracha la main du fauteuil, aussi vite que l’on claque un fouet.
    « Voilà. Maintenant, l’autre. Détends-toi. »
    Une seconde plus tard Sabato était libre. Il se leva du fauteuil et fit travailler ses doigts avec précaution, puis serra les poings, surpris.
    « Blessures de chair », dit Tannhauser.
    De la fenêtre, Bors lança : « La rue est vide. »
    Les trois amis se rassemblèrent autour des prisonniers, qui, dans la pénombre tremblotante, se vautraient sur leurs coudes et leurs genoux. Entre les bras écartés du prêtre, il y avait une flaque de bave. Les deux hommes empestaient leurs propres souillures. Tannhauser se tourna vers Sabato.
    « Ils sont à toi, si tu les veux. »
    La voix du capitaine chevrota d’en bas. « Mais, Votre Excellence… »
    Bors lui flanqua sa botte dans les dents.
    Sabato fit non de la tête. « Cela ne m’apporterait aucune joie. »
    Tannhauser désigna le capitaine à Bors.
    « Tue-le. »
    Bors posa le museau de l’arquebuse à la base du crâne du capitaine et laissa tomber la mèche. Il y eut un très bref temps mort, que le capitaine emplit de l’attente de celui qui savait qu’il allait mourir sans absolution ni extrême-onction. Puis le contenu de son crâne explosa de son front dans un éclat de flammes charbonneuses et souilla le carrelage. Gonzaga recula vivement, le visage maculé de morceaux de cervelle et de fragments de plomb. Bors posa l’arquebuse et remit sur pied le prêtre bâillonné et nu. Il saisit la poire de fer par sa clé et l’arracha de la bouche de Gonzaga, laissant une masse de chicots brisés au passage.
    « Regarde, le prêtre s’est chié dessus »,

Weitere Kostenlose Bücher