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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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le rôle que les chevaliers avaient imaginé : celui d’une vaine et faible femme qu’il fallait nourrir et protéger. Oliver Starkey lui avait abandonné sa propre petite maison de la rue Majistral. La maison était austère et masculine, avec une surabondance de livres. Sa chambre contenait un simple lit très dur et une écritoire. Amparo avait eu droit à un simple grabat dans une pièce adjacente. La maison communiquait avec l’auberge d’Angleterre, qui la jouxtait. Puisque cette dernière était vide depuis des années, Mattias et Bors en avaient pris possession.
    Elle avait peu vu Mattias depuis leur arrivée. Durant le voyage depuis Messine, il avait passé des heures à converser avec Starkey et Giovanni Castrucco, et, au moment où ils avaient débarqué, il en savait plus sur la situation militaire, sur la disposition des forces de l’ordre, ses réserves, son moral, et ses communications avec Mdina et Garcia de Toledo, qu’une poignée de chefs des chevaliers eux-mêmes. À l’arrivée, La Valette lui avait personnellement fait visiter l’enceinte et les probables positions turques, et Mattias était revenu, ce soir-là, avec deux jeunes gens costauds qui portaient une caisse de chandelles de cire d’abeille, un tonneau de vin et quatre poulets rôtis.
    Ils avaient mangé au réfectoire de l’auberge. Mattias ramenait des nouvelles des Turcs, qui avaient jeté l’ancre au nord, dans la baie de Ghain Tuffieha, que Carla connaissait bien. Il y avait eu des bruits comme quoi les Turcs attaqueraient Mdina, mais il pensait que c’était une feinte et avait conseillé à La Valette de ne pas se laisser entraîner à effectuer une sortie. Ses connaissances des Turcs étaient encyclopédiques, et elle percevait de la fierté quand il parlait de leur valeur et de leur sophistication, et une affection empreinte de nostalgie pour leur manière d’être. Malgré sa réticence à être embringué dans la guerre, le drame titanesque qui se déployait avait nettement captivé son imagination.
    « Je suis désormais lié par certaines obligations, dit-il. Je serai très occupé jusqu’à ce que les Turcs aient débarqué et que leurs intentions soient mieux connues, mais, une fois prouvée ma loyauté, je serai libre de faire ce que je veux, car c’est d’une telle liberté que dépendra ma valeur pour La Valette. »
    C’était trop opaque pour Carla, mais Bors le connaissait mieux.
    « Tu vas aller chez les impies ? demanda Bors.
    – Avec le bon accoutrement, qui peut aisément se trouver, je peux plus aisément passer pour l’un des leurs que je ne le fais au milieu de vous, les Francs.
    – Et si vous êtes capturé ? demanda Carla.
    – Pendant ce temps, dit Mattias en ignorant sa question, je vous laisse le soin d’examiner les registres de l’église de l’Annonciation, de l’hôpital sacré, et de la camerata .
    – Que devrai-je leur dire ?
    – Vous leur direz que vous cherchez l’identité du garçon parce qu’il doit recevoir un legs inattendu. » Il regarda sa bouche, habitude à laquelle il se laissait de plus en plus souvent aller. « Un legs d’une certaine valeur. Vous agissez pour le bienfaiteur du garçon, dont vous avez l’entière confiance, et dont vous devez cacher l’identité. » Il écarta les mains, comme s’il n’existait rien de plus simple. « Ainsi, vous ne proférez pas le moindre mensonge, tout en ne livrant pas d’otages au hasard. Personne ne serait assez grossier pour questionner une femme d’un maintien et d’une piété aussi nobles. »
    Ses yeux bleus lumineux papillonnaient, comme contre sa propre volonté, vers la naissance de sa gorge. Elle savait qu’il la désirait charnellement et que, en esprit, il avait déjà ses mains sur son corps. Avec une intensité quasi liquide, Carla le désirait aussi. Le fait qu’elle l’ait vu jeter des regards lascifs vers Amparo ne faisait qu’accroître son désir. Mattias se leva et entraîna Bors.
    « Nous allons aux bastions faire une estimation des mercenaires et de la milice. Dans l’obscurité, les hommes révèlent certaines pensées qu’ils gardent pour eux en plein jour. »
    C’est sur cela qu’il la laissa, à se demander quel effet lui auraient fait ses mains.
     
    LE SAMEDI, IL s’arrêta au retour d’une reconnaissance, rapportant qu’une avant-garde de trois mille Turcs, dont une division de janissaires, avait débarqué dans la baie de Marsaxlokk,

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