La Révolution et la Guerre d’Espagne
sauver l’Espagne et la chrétienté menacées de
subversion tant par les révolutionnaires que par les libéraux...
L’Action populaire
L’Église d’Espagne n’a pas suivi immédiatement ceux des
siens qui voulaient l’entraîner sur les traces des conspirateurs monarchistes.
Il semble que ce soit sur les conseils du Vatican, plus
« politique », qu’ait prévalu, sous la République, la ligne plus
souple des Jésuites et de leur homme de confiance Angel Herrera, directeur d ’ El
Debate. Il s’agit de créer, d’encadrer et d’animer un grand parti
catholique de masses, refusant aussi bien l’étiquette de
« monarchiste » que celle de « républicain », acceptant de
jouer le jeu dans le cadre du régime parlementaire, mais proclamant ouvertement
son intention d’abolir, dans la constitution, toute référence à la laïcité de l’État [21] . L’ « Action
populaire » ainsi constituée n’est que la transposition dans l’arène
électorale, sous la forme d’un parti réactionnaire et autoritariste, de l’Action
catholique encadrée par la hiérarchie. Son chef est José Maria Gil Robles, fils
d’un juriste catholique, brillant élève des Salésiens de Salamanque,
journaliste au Debate. Choisi par Herrera pour diriger le parti de l’Église
et des propriétaires, marié à la fille d’un comte richissime, il ne manque pas
de qualités pour le rôle qui lui est dévolu : bon organisateur, orateur
capable et non dépourvu de dons pour l’action, il s’est donné pour modèle, non
Hitler qu’il admire pour son efficacité mais dont il désapprouve l’attitude
anti-catholique, mais le chancelier autrichien Dollfuss et son État
corporatiste.
En 1933, il parvient, en fusionnant son organisation avec d’autres
groupements de droite, à créer la C.E.D.A. (Confédération espagnole des droites
autonomes) : l’alliance électorale avec les groupes monarchistes lui permet un
énorme succès. La C.E.D.A. sera, de 34 à 36, l’âme de la coalition avec les républicains de droite, qui détruira systématiquement toutes les réalisations du
premier gouvernement républicain. Ces deux années, baptisées le bieno negro –
les deux années noires – par les républicains et les socialistes, verront la
mise en veilleuse de la réforme agraire, la baisse systématique des salaires,
la réintégration à des postes de commande des officiers monarchistes un instant
écartés. Féroce dans la répression de l’insurrection des mineurs asturiens, la
C.E.D.A. quittera la coalition gouvernementale quand le président de la
République refusera de faire exécuter le chef de l’insurrection, le dirigeant
socialiste Gonzalez Peña. Elle s’opposera aux réformes, pourtant modestes, en
faveur des yunteros, proposées par un de ses membres, le ministre de l’Agriculture
Jimenez Fernandez [22] .
En 1935, elle est candidate au pouvoir qu’elle désire, désormais, exercer
seule.
Le complot militaire
C’est sous l’œil bienveillant de Gil Robles, ministre de la
Guerre de 34 à 35, que s’est développée la conspiration militaire sur laquelle
comptent les éléments extrémistes. L’un des premiers actes du gouvernement issu
des élections de 1934 a été la proclamation de l’amnistie des militaires
impliqués en 1932 dans le pronunciamento du général Sanjurjo. Les officiers
condamnés et révoqués sont réintégrés. En 1934, sur l’initiative du même
Sanjurjo, se crée l’ « Union militaire espagnole » qui devient très
vite le centre d’une conspiration dont font partie la plupart des grands chefs,
le général Franco, chef d’état-major, le général Fanjul, sous-secrétaire d’État,
le général Rodriguez del Barrio, inspecteur général de l’armée, tous
monarchistes et conservateurs installés aux postes de commandement de l’armée
républicaine. L’un des leurs, le lieutenant général Barrera, a paraphé, avec
les monarchistes Lizarza et Goicoechea, l’accord avec Mussolini.
Sous le nom de guerre de « don Pepe », c’est le colonel
Varela – bientôt promu général – qui a assuré la liaison avec les chefs
carlistes et dirigé en Navarre la formation militaire des requetes. Au
cours de l’été 1935, pendant les grandes manœuvres des Asturies, Franco,
Fanjul, Goded, ont, selon un des historiographes officiels du mouvement, jeté
« les bases des préparatifs du soulèvement national ». Les chefs de l’armée
sont prêts à entrer en
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