La Révolution et la Guerre d’Espagne
de
rédaction. En juillet, le secrétariat de l’U.G.T. fait connaître que Claridad ,de même que Las Noticias de Barcelone, ne représentent plus l’opinion
de la centrale. A la mi-juillet, le plenum provincial de la fédération
socialiste de Valence prononce la dissolution de tous les comites de liaison
avec le P.C. tant que Jesus Hernandez et la Pasionaria n’ont pas retiré les
accusations portées contre Largo Caballero. Le 26, sur décision de la
commission exécutive nationale, l’organisation socialiste de Valence s’empare
des locaux de la fédération provinciale. Une commission, accompagnée du
gouverneur socialiste Molina Conejero, tente de s’emparer des locaux de son
journal Adelanle, organe de la fédération provinciale, fidèle à Largo
Caballero. Les militants résistent : le journal sera enlevé de force, sur
ordre du ministre socialiste de l’Intérieur Zugazagoitia, par un détachement de
gardes d’assaut. Unplenum extraordinaire du parti socialiste approuve
la saisie. Le 27, la rédaction d’Adelante est confiée à l’ancien
secrétaire de Prieto, Cruz Salido, membre de l’exécutif.
Caballero n’a plus à sa disposition que La
Correspondencia de Valencia, quotidien du soir de l’U . G.T. Il va
bientôt le perdre aussi. Dès le lendemain de la constitution du gouvernement
Negrin en effet, l’offensive a commencé contre la direction au sein de l’U.G.T.
Le 28 mai, par 24 voix contre 14, le comité national désapprouve l’attitude de
l’exécutif pendant la crise et son refus de soutenir un gouvernement qui ne
serait pas présidé par Largo Caballero. Les communistes exploitent ce vote
hostile à la direction dans une campagne, fort bien agencée, pour la
réorganisation des organismes de direction par une représentation
proportionnelle des tendances, communiste, socialiste, sans partis. L’exécutif
démissionne, mais revient sur sa décision, car la majorité, qui comprend non
seulement les communistes, mais bon nombre de socialistes simplement hostiles à
la non-participation, n’est pas prête à le remplacer. Le 1 er août
pourtant, les grandes fédérations d’Industrie contrôlées par des communistes ou
des pro-communistes exigent une nouvelle réunion du comité national. L’exécutif
Caballero s’y refuse et riposte par l’exclusion, pour non-paiement des
cotisations, les fédérations d’Industrie qui ne sont pas en règle, 200 000
travailleurs au total, dont les mineurs, les Cuirs et Peaux, le Gaz et l’Electricité,
les enseignants, les employés de banque... Le 28 septembre, la minorité exige
la convocation dans les 48 heures d’un comité national pour discuter de l’exclusion
« d’un tiers des fédérations de l’U . G.T. ». Adelante ,journal
du parti socialiste, annonce la réunion du comité national pour le 1 er octobre. Le 30 septembre, Caballero et l’exécutif dénoncent cette convocation,
qui est un acte d’indiscipline. Le 1 er octobre se réunissent dans l’escalier
du local de l’exécutif, les délégués de 31 fédérations sur 42 – dont 13
suspendues –, sous la présidence de Felipe Pretel, trésorier de l’exécutif et
secrétaire général du commissariat, collaborateur d’Alvarez del Vayo.
L’assemblée prend le titre de Comité national, annule les
exclusions, élit un nouvel exécutif [297] présidé par Gonzalez Peña, se déclare fidèle inconditionnellement au
gouvernement Negrin. Le ministre de l’Intérieur suspend La Correspondencia
de Valencia :des ouvriers manifestent à Valence et protestent.
Le 6 l’exécutif de Caballero, dans un manifeste, annonce qu’il prépare un
Congrès national. Il dénonce la collusion des « scissionnistes » et
du gouvernement : le ministre Giner de los Rios a donné aux postiers l’ordre
d’acheminer tout le courrier de l’U.G.T. et de payer les chèques à l’exécutif
Gonzalez Peña. Les banques reçoivent des ordres semblables. De son cote, le
Comité de liaison P.S.-P.C. dénonce la « conduite scissionniste et
dictatoriale » de l’exécutif Caballero, salue le « Comité national de
l’U . G.T. qui met fin à la situation de violence et de malaise » en
« se rangeant aux côtés du gouvernement ».
Le conflit est désormais public : Largo Caballero annonce
qu’il va faire appel à l’opinion ouvrière par une série de conférences
prononcées dans les plus grandes villes de la zone républicaine. Le
gouvernement laisse faire, espérant un
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