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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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des
premiers chefs du soulèvement sont autant d’éléments qui expliquent la grande
confiance en soi que les observateurs s’accordent à lui reconnaître. Mais
Francisco Franco est aussi un officier profondément catholique. Son éducation,
les influences exercées sur lui par un entourage monarchiste, son respect pour
la religion établie, l’ont certainement éloigné du fascisme proprement dit.
Franco est un conservateur de tradition militaire et catholique. La place qu’il
a été amené à occuper a ancré en lui l’idée qu’il a été désigné par Dieu pour
sauver l’Espagne de l’anarchie, de l’athéisme, de la Révolution sous toutes ses
formes. Longtemps considéré comme royaliste [417] ,
bien qu’il ait accepté d’être un haut fonctionnaire du régime républicain,
élevé dans une tradition charismatique, il se sent désigné, sinon sacré.
Réaliste d’ailleurs, il ne croit pas à la possibilité de rétablir immédiatement
la monarchie sous sa forme traditionnelle, ce qui diviserait les partisans du Movimiento. Il est également réaliste de refuser, comme il le fait, tout compromis avec
les « Rouges », car le fossé creusé entre les deux partis ne saurait
être comblé par une négociation.
    En somme, la guerre lui donne l’occasion de mettre en valeur
ses qualités politiques ; calme et temporisateur, il n’est pas l’homme des
éclats, ni des coups de génie ; mais après la déconvenue de Madrid, il a
su s’adapter à une guerre longue.
    Pour mener et pour gagner cette guerre, il dispose de
nombreux atouts. D’abord, par les territoires qu’il contrôle : le
gouvernement nationaliste est beaucoup plus favorisé que le gouvernement
républicain ; les ressources de ces régions se complètent, les troupeaux
de l’Estrémadure et l’agriculture des grandes propriétés andalouses, le blé de
Castille et les légumes de Galice. Par contre les grandes villes de population
très dense, qu’il faut ravitailler, se trouvent du côté républicain.
Financièrement, à défaut des ressources de la Banque d’Espagne, Franco dispose
des richesses de ses partisans, des capitaux évadés de la zone républicaine et
d’appuis étrangers considérables, dont Juan March représente les intérêts. D’autre
part, l’exploitation des mines du Maroc et du Rio Tinto, occupées par les rebelles
dès le début du Movimiento, et, à partir d’août 1937, le contrôle
pratique du Pays basque et de la région de Santander assurent une monnaie d’échange
indispensable à une économie stable. Aussi la zone nationaliste ne connaît-elle
pas de crise économique sérieuse.
    Mais le général Franco doit résoudre les contradictions
profondes qui divisent les forces politiques sur lesquelles il s’appuie. Pour
que son autorité absolue ne reste pas seulement nominale, il doit concilier les
tendances conservatrices des « traditionalistes » et les idées
phalangistes, qui veulent un bouleversement total de l’État.
Le parti unique
    Pour ce faire, il dispose d’un moyen radical : la
création d’un parti unique, dont il sera le chef incontesté, à l’imitation de
ce qui s’est passé en Allemagne et en Italie. La tâche est difficile. Les
monarchistes ont une solide organisation politique. Leurs divisions se sont
effacées dans l’action, et la part prépondérante prise dans l’insurrection par
la Communauté traditionaliste lui a permis d’absorber une grande partie des
forces de l’Action populaire. Solidement représentée en Castille, elle domine
largement en Navarre et en Aragon, bastions du soulèvement. Ses chefs disposent
à l’étranger d’aides et d’amitiés sérieuses. Devant la prolongation du conflit,
ils n’hésitent plus à montrer leurs sentiments ; ils manifestent au mois
de février à Saint-Sébastien, et Fal Conde prend publiquement position pour une
restauration immédiate de la royauté. Franco considère la menace comme assez
grave. Il se demande s’il ne convient pas de « faire fusiller Fal Conde
pour crime de haute trahison » [418] .
En tout cas, le chef carliste est obligé de gagner le Portugal.
    La Phalange est devenue, elle aussi, une force politique de
premier ordre. Elle a rallié un grand nombre de gens, séduits par son dynamisme
ou qui ont vu en elle une force de progrès, face au conservatisme des requetes. Les phalangistes, souvent d’origine républicaine et syndicaliste, exigent
que soit posé et résolu « le problème

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