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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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social ». Ils disposent de
forces militaires appréciables, organisées en milices en Castille, en
Estrémadure et en Andalousie. A défaut d’un appui direct, ils bénéficient de la
sympathie des alliés italien et allemand du gouvernement de Burgos. Mais la
Phalange reste un parti sans chef de valeur.
    Du reste, les partis politiques en présence ne sont pas
seuls à jouer un rôle. Franco sait utiliser en la plaçant au premier rang la
puissance de l’armée. Sans doute les chefs militaires ne sont-ils pas toujours
d’accord avec lui, et il s’est trouvé des opposants pour souhaiter ouvertement
un gouvernement dirigé par Mola ; sans doute la plupart des officiers n’ont-ils
pas une conception politique très arrêtée et se contentent-ils de manifester
leur désir de soutenir un gouvernement autoritaire. Mais l’Armée existe comme
force politique et elle n’est pas disposée à « se voir reléguée dans ses
attributions militaires ». Elle représente une puissance sur laquelle le
généralissime peut s’appuyer.
    Le principe du « parti unique » et les réformes
qui en découlent sont depuis longtemps admis par Franco. Leur application a été
retardée d’abord par le désir du Caudillo d’obtenir le consentement de tous par
la négociation. Il s’agit de ne pas brusquer l’opinion. La préparation d’un
projet de décret est annoncée dès le début février 1937. Le plus facile a été d’obtenir
la dissolution des anciens partis de droite, qui avaient d’ailleurs énormément
perdu de leur influence. L’Action populaire de Gil Robles va disparaître avant
le 10 février ; quelques jours après, Robles, qui n’a plus joué aucun rôle
depuis le début de l’insurrection, confirme qu’il renonce à toute action
politique. En même temps, Goicœchea annonce que l’autre parti monarchiste,
celui de la Rénovation nationale, va disparaître à son tour. Ces déclarations
encourageantes ne suffisent cependant pas à établir l’unité désirée. Aucune
entente entre Phalange et traditionalistes ne peut être obtenue par la
négociation. Il faut donc imposer des réformes.
    Reste à trouver un prétexte. Celui qu’on invoquera est un
incident entre groupes phalangistes rivaux à Salamanque. Comme l’affirme le
décret, « les petites discordes à l’intérieur des organisations,
ressuscitant les vieilles intrigues politiques, risquent de décomposer les
organisations et les forces ». Le décret sur le parti unique du 19 avril
37 se présente comme une œuvre de paix. Franco a longuement étudié le texte de
cette ordonnance. Selon Serrano Suñer, qui dit avoir rédigé définitivement le
texte, Franco a particulièrement travaillé et annoté les statuts de la
Phalange, a cherché à établir des rapports entre les discours du
traditionaliste. Pradera et ceux de José Antonio. Il soumet enfin le décret à l’approbation
de Queipo et de Mola. Tous deux acceptent le texte sans aucune réserve. La seule
objection de Mola est d’ordre grammatical. Queipo a cependant demandé qu’on
retarde d’un mois sa publication, sous prétexte d’attendre la chute de Madrid.
    « Il est urgent », dit le préambule de l’édit d’unification,
« d’accomplir la grande tâche de la paix, cristallisant dans l’État
Nouveau la pensée et le style de notre Révolution. » Cette phrase situe à
elle seule l’importance du texte. Sans doute y voit-on d’abord la création du
Parti unique : « Il est indispensable que chacun efface de son cœur
ses divergences personnelles » [419] .
Il est également facile d’y retrouver les principes déjà énoncés, hérités des requetes et de la Phalange. Mais le décret souligne aussi les raisons qui rendent
nécessaire sa promulgation : les partis politiques « s’usent dans des
luttes stériles » ; en agissant ainsi, les chefs trahissent les
masses de leurs adhérents « qui sont mus par un pur idéal ». Il
convient donc de sauvegarder cet idéal, accepté par tous et proclamé par l’État.
Le Parti nouveau doit être un lien entre l’État et la société, « garantie
de vive adhésion du peuple à l’État », un lien entre les forces
traditionnelles et les forces neuves [420]  ;
« La Phalange apporte avec son programme des masses jeunes, une propagande
de style nouveau, une forme politique et héroïque du temps présent ; les requetes ont apporté le dépôt sacré de la Tradition espagnole, tenacement

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