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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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servira Francisco Franco chef de l’État, chef du
gouvernement, chef national du Movimiento, généralissime ; son
autorité est affirmée avec la plus grande vigueur dans tous les domaines.
    Mais il convient d’assurer dans la pratique cette autorité
et l’organisation du nouvel État. Pour que puisse fonctionner normalement le
système politique ainsi établi, il était nécessaire, non seulement de donner l’idée
de l’Unité nationale mais aussi de réaliser cette unité et de briser les
oppositions. Toutes ces mesures sont prises dans un but apparent de
conciliation. La formation du conseil national de la Phalange témoigne de cette
habile Justice distributive, qui vise à maintenir autour de la personne du
Caudillo une réelle unité des éléments politiques ayant participé au Movimiento. Le Conseil est composé, selon un dosage savant, d’anciens phalangistes
comme Fernandez Cuesta et Agustín Aznar, de monarchistes comme Esteban Bilbao
ou Fal Conde, qui fait ainsi sa rentrée politique, mais aussi de militaires
comme Francisco Gomez Jordana et d’hommes de confiance, parmi lesquels Serrano
Suñer.
    Le danger est évidemment de mécontenter tous ceux qui, dans
les deux partis, craignent avec raison qu’il soit impossible de trouver un
terrain d’entente. Si l’appui catholique et l’habileté du Caudillo ont réduit
au minimum les réactions monarchistes, Il n’en a pas été de même du côté
phalangiste.
    L’entrée possible, dans la junte du Parti, de personnages
nettement hostiles au programme révolutionnaire de la Phalange, d’amis
personnels du général Franco, inquiétant les Camisas viejas. Encore plus
dangereux parait à certains d’entre eux le pouvoir suprême accordé à Franco,
dont le passé, l’éducation et les amitiés sont très suspects. Attendre dans ces
conditions la fin de la guerre pour faire triompher l’idéal de la Phalange est
bien risqué. Le mécontentement de ces phalangistes ne va pas tarder à se
manifester : c’est le complot Hedilla.
Les résistances politiques
    Manuel Hedilla assume la direction de la Phalange au titre
de secrétaire général. Il a été un des proches collaborateurs de José Antonio.
Son passé de travailleur manuel – c’est un ancien docker – est la garantie de
son « attitude sociale ». Mais il n’a aucune formation politique.
Hughes le dit « grossier, brutal, intempérant ». Le complot qu’il organise,
autant qu’il puisse être connu, parait simpliste et même naïf : préparer
des manifestations dans tout le pays pour montrer, le mécontentement de la
Phalange, encercler le quartier-général de Franco pour le prendre d’assaut,
enfin proclamer une Junte politique révolutionnaire composée par Hedilla et ses
amis.. Cette Junte aurait compris, d’après Suñer la sœur de l’ancien chef de la
Phalange, Pilar Primo de Rivera, le général Yagüe, dont les sympathies pour la
Phalange étaient connues depuis longtemps, Dionisio Ridruejo, José Sainz, etc…
Nous en sommes d’ailleurs réduits aux suppositions pour tout ce qui concerne
les détails de cette affaire : les pièces du procès n’ont jamais été
communiquées ; on connaît seulement les chefs d’accusation lancés contre
les phalangistes arrêtés. Le plus grave est à coup sûr la tentative de révolte
militaire. Peut-être a-t-on volontairement exagéré du côté franquiste l’importance
de ces actions. Suñer accuse nommément le commandant Doval, responsable de l’Ordre
public au quartier-général de Salamanque, d’avoir recherché le sensationnel. Il
semble en tout cas que ce complot ait été très maladroitement mis à exécution.
Hedilla accumule les imprudences : émissaires envoyés dans les provinces,
télégramme chiffré adressé aux délégations provinciales pour les inciter à la
résistance contre le décret sur le Parti unique, ordres transmis par le chef
provincial de Zamora aux chefs locaux, tout cela justifie largement son
arrestation et son procès. Il est évident que le nombre d’arrestations a été
considérable, que des mesures comme celle, même temporaire, qui interdit aux
phalangistes l’entrée dans Salamanque, tendent à démontrer publiquement que le
nouveau régime ne reculera devant aucune décision, si grave soit-elle, pour
imposer sa volonté.
    Mais qu’y avait-il en réalité derrière le complot ? Il
est difficile de croire que le gouvernement de Franco ait été sérieusement
menacé par cet

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