Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
Vom Netzwerk:
nationaliste : il est nécessaire, dit Yagüe, de faire
quelques réformes sociales ; il faut donner à la justice une véritable
honnêteté et supprimer son caractère partial. La portée de ces reproches est à
vrai dire limitée et l’incident n’aura pas de suite grave. Certes, des
sanctions ont été prises contre Yagüe, mais, bien qu’il ait été relevé de son
commandement, il ne tarde pas à rentrer en grâce et à recevoir une autre
affectation.
    Beaucoup plus sérieux a été le complot organisé par Velez et
Aznar. Si les condamnations prononcées contre eux sont relativement peu sévères [425] , c’est que le
régime est maintenant solide, et qu’il n’est pas nécessaire de frapper aussi
fort qu’au moment du complot Hedilla. Au contraire, ce serait risquer d’entraîner
à présent dans l’opposition une partie des anciens de la Phalange, et Franco
est trop diplomate pour agir de la sorte. Le rôle important joué dans la
Phalange par les deux hommes compromis dans le nouveau complot faisait en effet
d’eux des personnalités du Movimiento. Velez est certainement le plus
engagé. Ancien membre de la section marocaine de la Phalange, conseiller
national comme Aznar, il semble avoir réellement cherché les sympathies de
quelques chefs militaires pour une action de force. Agustín Aznar, plus prudent,
s’est contenté de s’opposer par la parole à l’orientation du nouveau
régime ; ancien compagnon de José Antonio, ami de Fernandez Cuesta, qui ne
devait pas le suivre dans cette voie, Aznar veut représenter « le pur
Phalangisme », l’intransigeance doctrinale. Chef des Milices phalangistes
avant la guerre, ce qui l’avait amené à prendre la responsabilité des attaques
à main armée dans Madrid entre février et juillet 36, il a été nommé ensuite
inspecteur général des Milices.
    En réalité, pour les phalangistes, l’adversaire n’est pas
Franco, mais les forces conservatrices, 1’Église et les monarchistes. Les
oppositions vont parfois tourner en bagarres. Stôhrer signale [426] au début de
novembre 38 des escarmouches à Séville « entre la Phalange et le
clergé ». Les phalangistes identifient d’ailleurs l’Église et la réaction
monarchique. Aussi sont-ils également hostiles à toute tentative de
restauration.
    Nombre de monarchistes ont considéré après la guerre que
Franco les avait bluffés ; Ansaldo témoigne de l’espoir constant d’une
restauration. A vrai dire, le généralissime n’a jamais pris d’engagement,
vis-à-vis des requetes, et Mola lui-même avait refusé de décider par
avance du régime que le Movimiento imposerait à l’Espagne. Beaucoup de
royalistes ont servi loyalement l’État nouveau et lui ont même rendu des
services considérables : ainsi Antonio Goicœchea devient un dignitaire du
système franquiste et le duc d’Albe est un efficace ambassadeur à Londres. Bien
que tenus par la discipline, les généraux Ponte et Kindelan ne cachent pas qu’ils
sont favorables à une restauration. Il ne se passe pas de mois sans que ne soit
envisagé le retour éventuel à la monarchie : on a même songé à le rendre
plus facile en remplaçant Alphonse XIII par son fils Don Juan. Franco ne s’est
jamais opposé directement à ces manœuvres. Il se contente de les écarter, en
soulignant qu’il ne faut plus diviser l’Espagne et qu’il doit sauvegarder d’abord
l’unité du Movimiento, garante de l’unité de la nation.
    L’organisation du parti unique lui donne un moyen de
contrôle et d’action sur toutes les activités de l’Espagne. C’est la démarche
décisive vers la réalisation du nouvel État espagnol, de structure
dictatoriale. Mais il faut attendre les premiers jours de l’année 38 pour que
se constitue un gouvernement.
    Entre-temps, deux faits importants se sont produits, qui ont
encore contribué à renforcer la position du Caudillo : le premier est la
victoire décisive remportée dans le Nord, le deuxième, le ralliement officiel
du clergé et l’appui sans réserve qu’il apporte au nouveau régime.
L’engagement de l’Église
    Sans doute, dès le début de la guerre, la majeure partie des
prêtres a pris position, souvent de manière active et même violente, en faveur
de la rébellion. Mais la hiérarchie catholique, tout en manifestant sa
sympathie, s’est refusée à apporter une caution officielle à un mouvement de
révolte ; l’incertitude des premiers jours, le souci de ne pas

Weitere Kostenlose Bücher