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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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Eden
doit donner sa démission, qui est saluee par les diplomates de l’Axe comme une
victoire. La politique de la Grande-Bretagne vient de prendre un tournant
définitif : un accord entre l’Angleterre et l’Italie est préparé par le
comte Ciano et Lord Perth, chargé d’affaires anglais à Rome. Ciano veut éviter
des difficultés au gouvernement Chamberlain ; aussi est-il prêt à faire
des concessions. L’entente est réalisée à la fin de l’année 37 malgré de
nouveaux incidents en Méditerranée. Mais pour que l’accord entre en
application, il faut que la autre finisse. Au début de l’année 38, le désastre
républicain en Aragon semble répondre à ces vues.
Les dernières hésitations françaises
    Le gouvernement de Barcelone n’a pas encore renoncé à tout
espoir ni à toute aide extérieure. Un appui français est encore concevable,
surtout au mois de mars 38, lors du retour de Blum au gouvernement. Selon
Negrín, Blum, avant même de prendre la direction du ministère, lui aurait
demandé de venir à Paris pour discuter avec certaines personnalités françaises
les modalités d’une aide matérielle. Negrín aurait fait le voyage et rencontré
Blum, Daladier et Paul-Boncour. Un accord serait alors intervenu sur des
fournitures d’armes.
    En fait, le deuxième gouvernement Blum a envisagé, au moment
de la campagne d’Aragon, d’aller plus loin dans l’intervention. Devant l’effondrement
républicain, alors qu’on pouvait s’attendre à une avance générale des
nationalistes en Catalogne, il a été très sérieusement question en France d’une
intervention militaire qui se serait traduite par l’occupation de cette
province espagnole. Sans doute le gouvernement français escomptait-il avoir
ainsi un gage pour une négociation politique. Les ministres ont envisagé, d’après
Blum lui-même, une expédition rapide effectuée par des unités mécaniques [481] . Mais, lors de
la réunion du Conseil de Défense nationale, les militaires français ont déclaré
ne pouvoir agir sans un ordre de mobilisation. Il ne faisait pas de doute d’autre
part qu’une telle mesure risquait sérieusement de déclencher un conflit
européen. Si la France envoyait «  in articulo motoris des hommes et
du matériel aérien, nous interviendrions en force », dit Ciano.
    Ainsi, Blum se trouve pour la deuxième fois placé devant l’alternative
de la paix ou de la guerre. Lorsque l’attaché militaire à Madrid, Morell [482] , est consulté
par le président du Conseil sur la possibilité d’une action militaire il
répond : « Je n’ai qu’un mot à vous dire : un roi de France
ferait la guerre ». Mais, dit Blum, « je n’étais pas le roi de
France ».
    En renonçant pour la deuxième fois à une intervention
directe, le gouvernement français renonce, au mois de mars 38, à défendre de
façon efficace le gouvernement républicain espagnol. L’envoi d’armes
françaises, la liberté de passage laissée aux envois de matériel étranger ne
suffisent plus à modifier le cours des événements. Le gouvernement Blum est
remplacé en avril par un ministère Daladier, dans lequel entre Georges Bonnet,
partisan d’une entente avec les puissances de l’Axe. La France, à son tour, se
prépare à abandonner le gouvernement de Barcelone. Il convient cependant de
sauvegarder les apparences, de montrer qu’un accord international permettrait
de rendre au conflit son caractère proprement espagnol, d’arriver enfin à un
accord sur le retrait des volontaires, dont on parle vainement depuis les
débuts du Comité de Londres.
Le plan de Londres
    Au cours de l’été 37, le gouvernement anglais tente de
reprendre les discussions à ce sujet. Un plan est communiqué le 14 juillet aux
puissances intéressées, qui comprend quatre points :
    Reprise du
contrôle d’après un système nouveau : installation d’agents neutres dans
les ports espagnols pour effectuer le contrôle auparavant confié à la marine,
et rétablissement du contrôle terrestre.
    Comme il est
nécessaire que les deux partis s’engagent également à laisser opérer les
observateurs neutres, il leur sera reconnu à tous deux le droit de
belligérance.
    Il sera procédé
de part et d’autre, sous le contrôle de la Commission, au retrait des nationaux
étrangers.
    Ces opérations se
dérouleront dans l’ordre suivant : installation des fonctionnaires
internationaux dans les ports espagnols, retrait des

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