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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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France et l’Angleterre
se refusant à toutes réactions positives, le geste de provocation allemand
reste sans réponse. Mieux, ce sont les Allemands et les Italiens qui clament
leur indignation ; leurs représentants au Comité de Londres le quittent
avec grand fracas. Ils y reviendront au début du mois de juin.
    Après le bombardement du Deutschland survient l’affaire
du Leipzig, attaqué, aux dires du gouvernement allemand, par un
sous-marin. L’Allemagne et l’Italie proposent une démonstration commune contre
Valence des pays chargés du contrôle. La France et la Grande-Bretagne sont d’accord
pour demander aux deux partis espagnols de respecter les navires de guerre,
mais elles refusent de s’associer à une action militaire, alléguant que du
reste il a été impossible d’identifier l’agresseur du Leipzig. Elles
proposent à leur tour l’envoi d’une commission d’enquête, mais se heurtent à la
vertueuse indignation de Berlin et de Rome ; les délégués de l’Axe
constatent l’impossibilité d’assurer une surveillance maritime efficace et
décident, le 23 juin, d’y renoncer définitivement.
    Dans ces conditions, tout contrôle terrestre devient
absurde. Aussi, le 10 juillet, s’associant aux pays de l’Axe, le Portugal
décide-t-il de supprimer « les facilités accordées pour le contrôle des
frontières ». La France, en désespoir de cause, en fera autant le 10
juillet. Le plan de contrôle que les puissances du comité de Londres ont mis
sept mois et demi à élaborer, aura vécu exactement un mois et demi !
Entre-temps, le gouvernement Blum est tombé, après avoir vu l’échec de sa
politique extérieure.
    Certes le Comité de non-intervention existe toujours, mais
il a perdu le peu d’autorité qu’il a jamais pu avoir. Ces deux mois ont été les
seuls, en près de trois ans de guerre, où il ait joué un rôle quelque peu
efficace. Son échec constitue une nouvelle défaite pour les démocraties
occidentales. Face à des hommes qui s’enorgueillissent de ne pratiquer que la
« loi fasciste du fait accompli » [476] ,
elles ont encore prouvé, par leurs abandons, qu’elles étaient prêtes à payer de
n’importe quel prix le maintien de la paix…
La piraterie en Méditerranée
    L’été 37 a été marqué par une nouvelle série d’incidents
maritimes, attaques de bateaux de commerce et de bateaux de guerre espagnols ou
neutres en haute mer par des avions, puis par des sous-marins. En août 37, les
relations internationales sont de nouveau tendues du fait de la multiplication
de ces actes de piraterie. Il suffit de parcourir les colonnes des Journaux
pour y trouver presque chaque jour une nouvelle information de cet ordre. Le 6
août le tanker britannique British Corporal et le steamer français Djebel
Amour sont bombardés par avion. Le 11 août, c’est une attaque contre un
navire de guerre anglais, le destroyer Foxhound, près de la côte nord de
l’Espagne. Le 13 août l’ Edith, danois, est coulé. Le 15 août, le tanker
panaméen George Mac Night est incendié par un navire de guerre. Des
navires espagnols gouvernementaux (comme le Ciudad de Cadiz, coulé le 16
août) sont en même temps attaqués et torpillés par des sous-marins « de
nationalité inconnue » dans toute la Méditerranée et jusque dans les
Dardanelles.
    D’où viennent ces attaques ? Les deux gouvernements
espagnols s’en rejettent mutuellement la responsabilité. En fait, la plupart
des victimes sont soit des navires gouvernementaux espagnols, soit des navires
neutres notamment soviétiques, appartenant à des puissances favorables à la
République espagnole ; certains transportent du matériel destiné à l’Espagne
républicaine. Très vite une partie de la presse, en particulier les journaux
anglais, désignent l’agresseur. Les avions qui ont attaqué les navires neutres
se révèlent être, en dépit des protestations véhémentes de l’état-major
nationaliste, des avions franquistes, les sous-marins aussi,
probablement ; on fait même allusion, à l’époque, à la nationalité italienne
de certains agresseurs. Cette hypothèse sera plus tard confirmée par les
Mémoires du comte Ciano. Celui-ci déclare sans sourciller que les auteurs de
ces actes d’agression sont des navires de guerre Italiens, qu’ils soient sous
drapeau franquiste ou non. Le 31 août, Ciano établit à ce sujet un bilan
provisoire : « Quatre bateaux russes ou rouges coulés, un

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