La Révolution et la Guerre d’Espagne
Chetwood. Elle contribuera à
l’organisation de nombreux échanges, et il est probable que Chetwood et ses
collaborateurs, Cowan en zone républicaine, Mosley en zone nationaliste, auront
efficacement contribué à préparer la fin du conflit.
En revanche, l’évacuation des étrangers combattant en
Espagne constituera une comédie diplomatique, d’un côté comme de l’autre. Elle
a été faite sans aucun contrôle, mais au milieu de cérémonies fracassantes, de
défilés et d’adieux pathétiques. Negrín s’adresse aux combattants
internationaux. Les membres du C. T. V. évacués d’Espagne reçoivent un accueil
retentissant à leur arrivée à Naples ; mais les troupes évacuées ne sont
composées en réalité que de blessés et de malades, ou du moins d’hommes
fatigués qui, du côté italien, seront aussitôt remplacés par des troupes
fraîches.
Personne d’ailleurs n’est dupe : Allemands et Italiens
accusent les républicains d’avoir pris des mesures pour « camoufler »
leurs volontaires, et Weizsacker peut écrire :
Il En fait, aucune évacuation de volontaires rouges n’a eu
lieu, quoi qu’on ait pu en dire. Seuls les blessés français ont été pris en
charge par la France » [487] .
Les porte-parole de l’Axe opposent, à ce manquement aux engagements pris, l’attitude
italienne. Il est vrai qu’un certain nombre d’Italiens ont été évacués – 11 000
semble-t-il – mais il faut dire exactement dans quelles conditions. D’après une
note de la Wilhemstrasse, Berti, commandant en chef des Italiens, aurait laissé
le choix à Franco entre trois propositions : envoi de deux à trois
nouvelles divisions, envoi de 10 000 hommes pour compenser les pertes, retrait
partiel ou total des Italiens, cette dernière mesure étant devenue possible
depuis que s’est renforcée la capacité militaire de l’armée franquiste. Mais le
retrait total ne plait ni à Franco, ni à Mussolini ; aussi s’arrêtent-ils
à une mesure qui ne peut pas affaiblir le potentiel de guerre
nationaliste : le départ d’une partie de l’infanterie sera compensé par le
renforcement des troupes spécialisées et de l’aviation. C’est seulement après
cet accord qu’une évacuation « factice » aura lieu. Les Allemands,
qui n’ont pas participé à ces tractations, ont au contraire, depuis juillet 38,
entièrement reconstitué la légion Condor.
Ainsi se terminent les discussions sur les volontaires. Le
Comité de non-intervention existe toujours, mais son rôle est nul. Sa trentième
et dernière séance se tiendra le 19 mai 39, après la fin du conflit. Prenant
acte de son inutilité, il procèdera alors à sa propre dissolution.
Munich et l’Espagne : les espagnols devant la crise
européenne
La condamnation de l’Espagne républicaine, acceptée depuis l’été
38 par la France et par la Russie, est définitive après Munich. A cette date,
Negrín et Del Vayo, tout comme Prieto à l’époque d’Almeria, estiment que la
guerre européenne est inévitable et qu’elle est pour la République la seule
chance de victoire. Or, si la position diplomatique de la République espagnole
est affaiblie, les chances d’un conflit international ont considérablement
augmenté.
L’Anschluss a préludé aux grandes annexions hitlériennes.
Puis sont venues les revendications sur les territoires tchécoslovaques des
Sudètes. Sans doute l’Italie est-elle mal préparée à la guerre et affaiblie par
l’aventure espagnole. Mais son alliance avec l’Allemagne est plus solide que
jamais. En face, la France et l’Angleterre se sont rapprochées et garantissent
les frontières de la Tchécoslovaquie. La situation politique en Europe est si
tendue que la question espagnole est passée au second plan des préoccupations
internationales.
Pourtant, si la guerre éclate, le gouvernement Negrín est
bien décidé à prendre immédiatement position et à forcer la main à la France et
à l’Angleterre, en se rangeant à leur côté et en déclarant la guerre à l’Allemagne
et à l’Italie, dont les troupes occupent une partie de son territoire. Il s’agit
en effet pour la République de renverser une situation chaque jour plus défavorable.
L’abandon politique par les grandes puissances entraîne un changement d’attitude
des petits États, qui se tournent naturellement vers le plus fort. Jusqu’alors
le groupe Allemagne-Italie-Portugal s’était trouvé isolé et minoritaire au
Comité
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