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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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grec
capturé, un espagnol bombardé et contraint de se réfugier dans un port
français. »
    Le but à atteindre est le blocus par mer de l’Espagne
républicaine ; Franco l’explique lui-même, lorsqu’il déclare que « l’arrêt
des transports d’armes en Méditerranée et l’opposition aux déchargements dans
les ports rouges étaient, pour les nations intéressées à voir finir la guerre,
le moyen le plus efficace de l’abréger [477]  ».
En fait c’est, sous une forme nouvelle, la guerre de course en pleine paix. Si
tolérables que soient les puissances occidentales, il leur est difficile de ne
pas réagir.
    « Grande orchestration franco-russo-britannique ;
motif : piraterie dans la Méditerranée. Responsabilité : fasciste.
« Au moment où Ciano écrit ces lignes, l’opinion internationale semble
effectivement s’émouvoir. La cause en est un nouvel incident maritime : la
tentative de torpillage par un sous-marin « de nationalité inconnue »
du contre-torpilleur anglais Havoc. En réalité, il s’agit d’une nouvelle
action italienne, dont Ciano indique l’origine : « Le coup est parti
de l’Iride » .
    Cette fois, il semble que Londres ne soit plus disposé à se
contenter de protestations platoniques. La tension grandit entre l’Angleterre
et l’Italie. Le gouvernement français tient à montrer plus de fermeté lui aussi
et décide de faire escorter en Méditerranée ses cargos par des navires de
guerre. Les dirigeants fascistes en sont pour la première fois ébranlés.
« J’ai obtenu, dit Ciano, qu’on remette l’envoi des renforts en
Espagne. » Et il note le 4 septembre : « J’ai donné l’ordre à
Cavagnari [478] de suspendre toute action navale jusqu’à nouvel avis. » Ainsi la première
réaction ferme des gouvernements occidentaux a suffi à arrêter la dangereuse
politique italienne, et cela malgré la pression exercée sur Rome par l’Espagne
nationaliste. « Franco dit que le blocus sera décisif s’il dure tout
septembre. C’est vrai ; cependant, nous devons le suspendre. » Peut-il
y avoir une déclaration plus nette quant à la volonté de l’Italie de ne pas s’engager
dans une guerre européenne à ce moment et dans ces conditions ?
    Cependant, ni le gouvernement français, où l’influence
socialiste a diminué, ni le gouvernement britannique, maintenant présidé par
Chamberlain [479] ,
ne tiennent à aller trop loin. Ils se contentent de présenter au Comité de
Londres un projet de conférence qui se tiendrait à Nyon le 10 septembre ;
les puissances invitées seront tous les États riverains de la Méditerranée et
de la mer Noire [480] ,
plus l’Allemagne, moins les deux Espagne. Le but officiel est de discuter des
moyens de faire cesser la piraterie en Méditerranée. Mais dans une conférence
de cette sorte, la procédure compte autant que les problèmes abordés. Il est
essentiel de savoir si l’Italie participera aux débats de son plein gré et si
elle y fera figure d’accusée. Le gouvernement russe profite de la situation
pour préparer une note extrêmement violente contre le gouvernement fasciste. C’est
un véritable acte d’accusation. Le motif invoqué est le torpillage d’un
bâtiment russe pour lequel les Soviétiques réclament des réparations. L’Italie
refuse alors sa participation ; l’Allemagne et l’Albanie prennent une
position identique. Les dirigeants de ces pays affirment que si la conférence
échoue, l’U. R. S. S. en sera seule responsable.
    La réunion s’ouvre cependant à la date prévue. A-t-elle été
un succès ? Les États occidentaux l’ont affirmé. Leur presse a célébré l’accord
de Nyon comme une revanche diplomatique après la longue série d’échecs subis
dans les mois précédents. La décision prise de « confier aux flottes
française et anglaise la lutte contre la piraterie » semble annoncer un
changement radical d’attitude vis-à-vis de l’Italie, et par contrecoup une
prise de position nouvelle dans le conflit espagnol. Le Duce, en apprenant ces
décisions, « entre dans une violente colère ». Mais il ne faut pas
trop se fier aux colères de Mussolini, enclin à réagir brutalement sur une
première impression. Si les Occidentaux prennent à Nyon une position énergique,
c’est principalement pour avoir une base de négociations. Une première
satisfaction est aussitôt donnée aux Italiens : l’U. R. S. S. est exclue
du contrôle.
    Du reste,

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