La Révolution et la Guerre d’Espagne
une sérieuse concurrence pour l’influence des
mineurs de Mieres ou Sama de Langreo.
Dans le Pays basque, si l’U.G.T. l’emporte à Bilbao, elle
est très sérieusement concurrencée par les « Solidarités » nationalistes
et la C.N.T. ne recrute que dans les couches de manœuvres étrangers au pays. A
Valence, les anarchistes contrôlent les dockers, mais l’U.G.T. est puissante
dans les usines. La Fédération des travailleurs de la terre de l’U.G.T.
contrôle les ouvriers de la région centrale, tandis que les travailleurs des
régions périphériques plus pauvres ont rejoint la C.N.T. Pourtant l’orientation
radicale de l’U.G.T. dans les dernières années tend à atténuer la
traditionnelle division qui lui réservait l’adhésion des couches les plus
privilégiées et relativement les plus conservatrices du prolétariat, tandis que
les hésitations de la C.N.T. ne sont pas toujours propres à lui gagner l’adhésion
des éléments les plus résolus.
En gros cependant, les effectifs de l’U.G.T., plus
solidement organisée et encadrée, apparaissent comme plus stables que ceux de
sa rivale confédérale, sujets à de brutales fluctuations, variant
considérablement avec le succès ou l’échec des actions entreprises localement.
Si, dans le cours de l’année 35, les deux organisations syndicales ont en gros
des effectifs équivalents, d’un million de membres chacune, les derniers mois
de la République voient une progression rapide de l’U.G.T. qui atteint très
vite un million et demi de membres, cependant que la C.N.T. semble piétiner.
De toute façon, l’attrait que ces organisations syndicales
exercent sur des millions de travailleurs ouvre la possibilité d’y voir se
développer de nouveaux courants idéologiques, nés des courants traditionnels,
mais évoluant en dehors et contre eux. Communistes staliniens officiels et
communistes dissidents du P.O.U.M. posent en effet leur candidature et sont
prêts à disputer au courant anarchiste et au courant socialiste la direction d’importants
secteurs de l’U.G.T. et de la C.N.T.
Les communistes
Nous avons, au cours des pages précédentes, assisté à la
naissance du parti communiste espagnol. Pendant quelques mois, l’attrait de la
révolution russe avait semblé donner corps au vieux rêve de Victor Serge, l’union
dans le communisme, autour de Lénine et de la III e Internationale,
des deux courants séparés depuis Marx et Bakounine, celui des « autoritaires »,
et celui des « libertaires », le socialiste et l’anarchiste. Les résultats
immédiats furent médiocres. Quelques années après, ils étaient dérisoires.
Trois courants s’étaient retrouvés pour fonder le mouvement
communiste en Espagne : les Jeunesses socialistes, d’abord, avec Andrade et
Portela, puis la minorité socialiste avec Perez Solis, Garcia Quejido,
Anguiano, Lamoneda, Andrès Nin et un peu plus tard le groupe « La Batalla »,
animé par Joaquin Maurin, Pedro Bonet et David Rey, et composé de militants de
la C.N.T. Deux ans après, Garcia Quejido, Lamoneda, Anguiano quittent le P. C.
pour retourner à la vieille maison socialiste. Sous la dictature de Primo de
Rivera, le parti est durement atteint par la répression et affaibli par les
luttes internes et les conflits provoqués par les directives de l’Internationale.
Si, vers la fin de la dictature, il reçoit l’adhésion de militants de la C.N.T.
andalouse que dirigent José Diaz et Mije, il perd les 3000 militants de la
fédération de Catalogne et des Baléares que dirigent Maurin et Bonet. La
Fédération Communiste de Catalogne et des Baléares fusionne avec le
« Partit Communiste Català » que dirigent Jordi Arquer et Joan Farré
Gasso, pour former le « Bloc Ouvrier et Paysan » que rejoignent des militants
comme Portela et Gorkin, ancien fonctionnaire de l’Internationale Communiste à
Moscou, et dont le secrétaire général sera Maurin. Andrès Nin, secrétaire de l’« Internationale
syndicale rouge », a, de son côté, adhéré à l’ « Opposition de gauche » et
défend, contre Staline, les positions politiques de Trotsky. Rentré en Espagne
en 1931, il y fonde avec Andrade la « Gauche communiste ». Quant à Oscar Perez
Solis, premier secrétaire général du parti, il commence une évolution qui l’amènera...
dans les rangs de la Phalange. De 1923 à 1930, le parti ne comptera jamais plus
de quelques centaines de membres et ne parviendra pas à tenir un
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