La Révolution et la Guerre d’Espagne
Congrès... A
celui de 1932, les « vainqueurs » de Nin et Maurin, le secrétaire général
Bullejos, Trilla et Adame sont exclus à leur tour, accusés d’avoir lancé à tort
le mot d’ordre opportuniste de « défense de la République » contre le
pronunciamento du général Sanjurjo. Aux élections de 1933, le P.C. n’arrive à
faire élire qu’un député, le docteur Bolivar, élu à Malaga, moins sur son
programme que pour sa réputation de « médecin des pauvres ».
Les communistes
staliniens : P.C.E., P.S.U.C., J.S.U.
Aussi le parti communiste ne s’est-il guère développé : à la
veille de la guerre civile, il ne compte pas plus de 30 000 membres. Ses
dirigeants sont presque des inconnus, parfois ralliés de fraîche date, comme le
secrétaire général, José Diaz, qui n’a adhéré qu’en 1929... Jesus Hernandez, l’« homme
fort » de sa direction, a 26 ans : il est entré au parti à 14 ans, au
bureau politique à 22. Ni lui ni ses camarades Antonio Mije, Martinez Carton,
Uribe n’ont joué de rôle véritable dans le mouvement ouvrier. Ils n’ont, à
aucun moment, été des dirigeants d’organisations de masses, mais se sont élevés
exclusivement dans l’appareil du parti qui les a formés et récompensés, par
leur ascension, de leur souplesse à prendre les tournants successifs. La seule
personnalité de la direction du P.C. qui jouisse, hors du parti, d’un véritable
prestige, est une femme, Dolorès Ibarruri Gomez, surnommée la Pasionaria, oratrice
de masses, vieille militante, condamnée à quinze ans de prison après l’insurrection
asturienne.
A l’exception de certains secteurs, les Asturies où ils
comptent une minorité importante chez les mineurs, Malaga, Cadix, Séville
surtout où ils se sont emparés de certains syndicats, les communistes officiels
sont très isolés dans le mouvement ouvrier espagnol, et tous leurs efforts
tendent à rompre cet isolement.
L’avènement de la République espagnole a en effet coïncidé
avec la « troisième période » de sectarisme outrancier de l’Internationale
communiste : les partis communistes du monde entier réservent tous leurs
coups aux socialistes baptisés « social-fascistes », refusent tout « front
unique » avec eux. Jusqu’au 11 septembre 1934, le parti communiste
espagnol a qualifié l’Alliance ouvrière de « centre de ralliement des
forces réactionnaires », et de « sainte alliance de la
contre-révolution ». C’est seulement à la dernière minute que, changeant
brusquement de cap, il s’est rallié à l’insurrection d’octobre. Mais à ce
moment s’opère le nouveau tournant de l’Internationale communiste. Affirmant qu’il
faut « dépasser » et « élargir » l’Alliance ouvrière, le
P.C. prône la formule entièrement différente en réalité du « Front
populaire », mise en avant par Dimitrov, au 7 e congrès de l’I.C.,
celle de l’alliance avec les républicains-libéraux sur un programme de réformes
démocratiques. Parallèlement, il développe une active campagne en faveur de l’unité
syndicale et politique de la classe ouvrière. Il dissout les quelques syndicats
qu’il contrôle, jusque-là regroupés dans une C.G.T.U. affiliée à l’Internationale
syndicale rouge, et invite leurs membres à adhérer individuellement à l’U.G.T.
Sur le plan politique, le thème de l’unité lui permet de considérables progrès.
En Catalogne, les débris de son organisation officielle préparent avec d’autres
groupes socialistes catalans, dont la Fédération socialiste de Joan Comorera,
une fusion qui se concrétisera, le 24 juillet 1936, sous la forme du
« Parti socialiste unifié de Catalogne » [46] . C’est aussi l’époque
où se réalise, sous l’influence d’Alvarez del Vayo, lieutenant de Largo
Caballero, la fusion, au sein des « Jeunesses socialistes unifiées », des Jeunesses
socialistes et des Jeunesses communistes. Cette fusion, que Largo Caballero ne
semble pas avoir voulue, mais que sa politique a rendu possible, va priver le
parti socialiste et le vieux leader de l’U.G.T. d’une organisation de 200 000
jeunes militants, l’élite de la jeune génération ouvrière. Quelques mois après,
en effet, à l’issue d’un voyage en U.R.S.S., la direction des J.S.U. tout
entière adhère au P.C. Son secrétaire général, Santiago Carrillo, 20 ans, fils
du député et syndicaliste caballeriste Wenceslao Carrillo, ancien secrétaire
des J.S.
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