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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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la
législature, revendique le pouvoir pour son parti, saisit l’occasion. Les
ministres cédistes refusent le budget qui prévoit, à côté de baisses de 10 à 15
% des salaires des fonctionnaires, une augmentation de 1 à 3,5 % des droits de
succession sur les propriétés foncières. Le gouvernement démissionne. Gil
Robles réclame la présidence du Conseil. Alcala Zamora refuse : il n’aime pas
Gil Robles, et ne veut pas offrir le pouvoir à un adversaire déclaré du régime
parlementaire. Il fait appel à un homme politique du centre, Portela Valladares,
pour former un gouvernement dont la mission essentielle est de préparer de
nouvelles élections. Il n’y parviendra pas : les Cortes sont devenues
ingouvernables. Après quelques semaines seulement, renonçant à préparer
sérieusement des élections qui renforceraient le centre Portela Valladares se
résigne : il soumet à la signature du Président le décret de dissolution des
Cortes fixant les élections au 16 février 1936.
La campagne électorale : droite contre gauche
    L’enjeu des élections est considérable. Certes, les
événements des dernières années, l’insurrection puis la répression de 1934, la
réaction du bienio negro et la radicalisation ouvrière ont durci bien
des positions et créé une atmosphère propice à la formation de blocs électoraux
irréductiblement opposés. Mais c’est, en cette matière, la loi électorale qui
pèsera par ses exigences sur la stratégie des uns et des autres, de tous ceux,
en tout cas, qui veulent jouer à fond le jeu parlementaire. Les
circonscriptions prévues sont immenses et exigent pour les campagnes
électorales des fonds énormes dont seules de vastes organisations peuvent
disposer. Le scrutin majoritaire impitoyable pousse à la formation de vastes
coalitions : en 1933, la droite, unie dans un front électoral, a eu moins de voix
que les partis de gauche, mais deux fois plus de députés... Elle saura s’en
souvenir : les monarchistes font, certes, des difficultés pour renouveler l’alliance
de 1933 avec la C.E.D.A. et dans certaines circonscriptions la « Rénovation
espagnole » ira devant les électeurs contre une liste de la C.E.D.A. Certes, la
Phalange ira aux urnes sous son propre drapeau. Dans l’ensemble, pourtant, la
droite présentera aux électeurs un front uni, élargi même, en plusieurs
endroits, à des libéraux de droite restés à l’écart en 1933. Elle fait un
énorme effort de propagande : des affiches immenses où le portrait de Gil
Robles illustre les mots d’ordre du « Chef » couvrent les murs du
pays. Robles lui-même mène une campagne d’une extraordinaire violence verbale,
insultant et menaçant l’adversaire, laissant nettement entendre que sa victoire
signifiera la fin de la République et l’avènement d’un régime autoritaire.
    Une coalition électorale de gauche répondra à l’alliance des
droites. Le 15 Janvier 1936, les partis républicains de gauche, l’Union
républicaine de Martinez Barrio, la Gauche républicaine d’Azaña signent avec le
parti socialiste (et par conséquent, l’U.G.T.), le parti syndicaliste d’Angel
Pestaña, le parti communiste et le P.O.U.M., le pacte de « Front populaire
» qui fixe le programme de la coalition électorale ainsi constituée. Ce
pacte-programme en huit points est d’ailleurs moins un accord sur un programme
commun que l’acceptation par les partis ouvriers de celui des républicains. A
côté des vieilles revendications républicaines de réforme agraire et de plans d’enseignement,
il se prononce en faveur de réformes du règlement des Cortes, de réformes des
municipalités, pour la mise sur pied de plans de réorganisation des finances,
de protection de la petite industrie, de développement des travaux publics. C’est
un programme libéral qui se tient dans un cadre bourgeois et exclut
expressément les revendications socialistes de nationalisation des terres et
des banques et du contrôle ouvrier sur l’industrie. « La République que
conçoivent les républicains, affirme-t-il, n’est pas une république animée d’intentions
sociales et économiques de classe, mais un régime de liberté démocratique mû
par des raisons d’intérêt public et de progrès social ».
    Ce programme incontestablement modéré, où, comme l’écrit
Ramos Oliveira, « chaque point ressemblait à une dérobade » [51] , comporte
cependant une exigence qui rencontrera une très large

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