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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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et sympathisant trotskyste après 1934, sera bientôt l’un des nouveaux
dirigeants du P.C., donnant en exemple aux « adultes » du parti socialiste
l’unité réalisée chez les « jeunes ».
    C’est là, pour les communistes officiels, une victoire d’autant
plus importante qu’en même temps qu’elle leur assure une base de masse et un
levier pour l’action au sein du parti socialiste, elle leur donne un avantage
décisif sur leurs ennemis jurés, les communistes dissidents, dont certains
avaient cru un moment pouvoir devenir les maîtres à penser de la Jeunesse
socialiste.

Les communistes
dissidents : le P.O.U.M.
    Les groupes qui se réclament du communisme mais se sont
séparés de l’organisation officielle ont des origines diverses. Maurin et ses
amis du « Bloc ouvrier et paysan » se sont refusés à appliquer la tactique
imposée par l’Internationale et à créer, contre l’U.G.T. et la C.N.T., les
« syndicats rouges » de la C.G.T.U. Ils ont, par ailleurs, manifesté
des sympathies catalanistes qui les rapprochent, à l’occasion, de l’Esquerra.
Comme tous les mouvements dissidents nés pendant cette période d’une rupture
« à droite », en opposition avec la ligne « ultra-gauche »
de l’Internationale communiste, le Bloc se refuse pourtant à prendre position
sur les questions proprement russes et son organe, La Batalla ,défend
souvent des positions très proches de celles de la presse stalinienne
officielle.
    C’est au contraire sur les positions de l’ « Opposition
de gauche » trotskyste, née des divergences à l’intérieur du parti russe, que s’est
constituée la « Gauche communiste » d’Andrès Nin et Andrade, autres
pionniers du communisme espagnol. Ce petit groupe de cadres de valeur s’est
avant tout consacré, jusqu’en 1934, à un travail « théorique » dans
la publication de la revue Comunismo. Mais à cette date ils rompent avec
Trotsky qui voudrait les faire entrer au parti socialiste pour y constituer une
aile révolutionnaire [47] ,
et décident de fusionner avec le Bloc ouvrier et paysan pour constituer le Partido
obrero de unificacion marxista (P.O.U.M.).
    Traité de « trotskyste » par ses adversaires [48] , désavoué et
vivement critiqué par Léon Trotsky et ses amis, le nouveau parti, dont les
seules forces réelles sont en Catalogne, ne dépasse guère 3000 militants en
juillet 1936. Mais les faiblesses du P.C.E. et des socialistes catalans, la
valeur et le prestige de dirigeants comme Nin et Maurin, la présence à sa tête
de cadres authentiques du mouvement communiste, les Gorkin, Portela, Andrade,
Arquer, semblent lui permettre bien des espoirs. Il est en tout cas un sujet d’inquiétude
aussi bien pour les communistes officiels que pour les dirigeants de la C.N.T.,
qui excluent systématiquement ses militants de leurs syndicats.
    C’est que le P.O.U.M., qui se veut le représentant du
véritable communisme et proclame sa fidélité aux idées de Lénine, est, pour les
uns comme pour les autres, un réel danger dans une période révolutionnaire. Au
dilemme qui se pose au mouvement ouvrier espagnol, alliance avec les républicains
ou lutte violente en dehors du cadre parlementaire, il prétend apporter une
réponse : la lutte politique pour la révolution socialiste et la dictature
du prolétariat. Partisan de l’Alliance ouvrière, il critique la politique de
Front populaire prônée par les communistes staliniens, qu’il dénonce comme une
politique de collaboration de classes, et veut convaincre les travailleurs
espagnols – déjà spontanément révolutionnaires – que la seule alternative à la
victoire du fascisme est celle de la révolution. Personne ne peut contester que
ses chances d’y parvenir sont réelles... dans la mesure où il saurait
convaincre et entraîner les « masses instinctivement révolutionnaires,
mais politiquement confuses » [49] qui suivent la C.N.T.-F.A.I. [50] .

Le prologue de la révolution
    C’est le président de la République, Alcala Zamora,
catholique et conservateur, qui a mis un terme au bienio negro par la
dissolution des Cortes. En 1935 en effet, la coalition gouvernementale entre
les radicaux et la C.E.D.A. est sérieusement ébranlée. Deux scandales
éclaboussent les politiciens du parti radical. Le discrédit qui tombe sur le
parti de centre-droit est tel que la C.E.D . A. ne peut songer à
poursuivre l’alliance : Gil Robles qui, depuis ledébut de

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