La Révolution et la Guerre d’Espagne
recrute « parmi les éléments les plus conservateurs du bloc
républicain ». La majorité des officiers de carrière, dont quelques-uns
avant guerre n’étaient que des républicains, quand ils n’étaient pas de droite,
adhèrent au P.C. Citons Miaja et Pozas, et les Jeunes Hidalgo de Cisneros,
Galan, Ciutat, Cordon, Barcelo …
[207] Le 1 er Janvier 37, l’un des fils du président Alcala Zamora, José Alcala Castillo,
revenu depuis quelques jours d’exil, adhère au Parti : le 6, une émission
spéciale du P.C. à la radio, avec la participation de Balbontin, est adressée
aux « fils de la grande bourgeoisie qui luttent dans le camp adverse » et
à qui on demande de « passer en masse aux côtés du peuple espagnol ». José
Alcala Castillo sera choisi pour faire partie d’une délégation de «
travailleurs » envoyée en U.R.S.S. pour les fêtes du 1 er mal.
La presse espagnole reproduira un article de lui, dans les Izvestia du
6, avec ses remerciements au « grand camarade Staline ».
Une autre recrue, très
représentative de la nouvelle couche de militants du P.C., est Constancia de La
Mora. Fille d’une des plus grandes familles de l’oligarchie espagnole,
petite-fille d’Antonio Maura, homme d’Etat conservateur pour qui elle ne cache
pas son admiration, elle entre en conflit avec sa famille et son milieu à la
suite d’un mariage désastreux avec un señorito de Malaga (Bolin, dont
parlent par ailleurs Koestler et Chalmers Mitchell). Divorcée et remariée avec
Hidalgo de Cisneros, elle a dirigé la censure à Madrid, n’hésitant pas à
censurer les décisions du gouvernement, conformément aux ordres de son parti.
Son autobiographie, Fière Espagne, est un intéressant
témoignage : cette femme intelligente, énergique et courageuse, parle
encore le langage de sa classe et manifeste aux « ultra-révolutionnaires »
la même hostilité que son grand-père aux socialistes.
[208] La Pasionaria,
dans Mundo obrero du 19 mars 1937, citant un état des pertes subies par
le corps des commissaires, révèle, peut-être involontairement, la prépondérance
communiste : sur 32 commissaires tués, 21 appartenaient au P.C., 7 à la J.S.U.
; sur 55 blessés, 35 étaient du P.C., 1 de la J.S.U. Même si l’on admet, avec
elle, que les communistes, plus héroïques que les autres par définition sont
donc plus exposés que les autres, il est clair que leur influence était
prépondérante. Caballero accuse nettement Del Vayo d’avoir favorisé leur
pénétration. Prieto incrimine Anton, chef des commissaires du front de Madrid,
et membre du bureau politique du P.C. Il est incontestable que le P.C. comprit
avant les autres organisations l’importance du rôle des commissaires et que les
candidats communistes furent plus nombreux que les autres.
[209] Enrique
Rodriguez, responsable du P.O.U.M. à Madrid fut informé de cette décision par
le socialiste Albar qui lui dit : « L’ambassadeur Rosenberg a mis son
veto à votre présence. C’est injuste, bien sur, mais comprenez-nous :
l’U.R.S.S. est puissante ; entre nous priver de l’appoint du P.O.U.M. et
nous priver de l’aide de l’U.R.S.S., nous avons choisi. Nous préférons nous
incliner et refuser le P.O.U.M. » Andrade et Gorkin se rendent alors à
Madrid, mais échouent eux aussi. Le P.O.U.M. ne sera pas représenté dans la
Junte.
[210] Cité par
Berneri, Guerre de classes en Espagne ,p. 40 .
[211] La fête de la
Race commémore la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
[212] Caballero
invoque le risque de surprise, le danger que le gouvernement ne tombe aux mains
des rebelles, la nécessité de se consacrer à la direction de tout le pays,
tache impossible dans la capitale assiégée.
[213] Voir chapitre
précédent.
[214] Les nominations
intervenues le 24 octobre sont les suivantes : Le général Asensio devient
sous-secrétaire d’Etat à la guerre, le généraI Pozas chef de l’armée du Centre,
et le général Miaja prend le commandement de l’armée de Madrid. Dans Mis
recuerdos , Largo Caballero affirme que son souci était de mettre Miaja à
l’abri des menaces de paseo, tout en ne lui confiant que des fonctions
purement honorifiques. Il est tout de même curieux qu’il ait laissé la
direction de la défense de Madrid à un officier général en qui il n’avait pas
confiance.
[215] Le biographe de
Miaja, Lopez Fernandez, Koltsov, et après eux Colodny affirment qu’une erreur
du général
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