La Révolution et la Guerre d’Espagne
Asensio faillit produire une catastrophe : il avait interverti des
enveloppes contenant des ordres ultra-secrets et à n’ouvrir qu’au dernier
moment, destinées aux généraux Miaja et Pozas. Miaja, selon eux, ouvrit
l’enveloppe avant l’heure fixée, put ainsi découvrir l’erreur à temps et en
prévenir les funestes conséquences.
[216] Frade, secrétaire
de la Junte, officiellement socialiste, est désigné comme communiste par Barea
et Koltsov. Dans la Junte du 9 novembre, Il y a trois militants communistes :
Mije pour le P.C., Carrillo pour la J.S.U., Vagüe pour l’U.G.T. Avec eux, des
militants communistes sont placés à tous les postes-clés. Tout l’état-major du
5 ème régiment entoure Mije : Cados Contreras est chef d’état-major,
Castro Delgado responsable des opérations, José Cazorla de l’organisation,
Daniel Ortega des Services, et le docteur Planelles de la Santé. Avec Carrillo,
c’est l’exécutif de la J.S.U. qui s’installe aux postes de commandement de
l’ « Intérieur » : Cabello dirige la radio, Claudin contrôle la
presse, Serrano Poncela dirige la Sûreté, et Federico Melchor les gardes
nationaux et les gardes d’assaut. Ce sont des communistes, Miguel Martinez
(voir note 8) et Francisco Anton – amant de la Pasionaria, selon Hernandez,
Castro, Campesino – qui dirigent le commissariat…, Quand la Junte est
réorganisée, le 4 décembre, c’est un communiste, Dieguez, qui succède à Mije,
promu commissaire général. Cazorla est adjoint à Carrillo et le remplacera le 1 er janvier lorsqu’il se consacrera entièrement aux J.S.U. Yagüe, après sa
blessure, sera remplacé par un communiste des J.S.U., Luis Nieto. Les autres
membres de la Junte étaient le républicain Carreño et Enrique Jimenez, puis
Gonzalez Marin, Amor Nuno de la C.N.T., Enrique Garcia des J.L., Caminero du
parti syndicaliste, et Maximo de Dios, socialiste, qui remplace Frade le 4
décembre.
[217] Sur l’aviation,
comme sur la véritable identité des officiers russes présents en Espagne, voir
2 e partie, chapitre III.
[218] L’identité
exacte de Miguel Martinez a longtemps été un mystère : Colodny ( op. cit., p.
33) écrivait qu’il était en réalité un officier soviétique, en indiquant comme,
source Koltsov. Or ce dernier ( op. cit., p. 18) en faisait un communiste
mexicain. Castro Delgado ( op. cit., p. 33) parle de « Miguel, un
Bulgare qui a été commissaire à Madrid ». C’est Ilya Ehrenbourg ( La
nuit tombe ,pp. 185 et 189) qui a donné la clef de l’énigme :
« Miguel Martinez » n’est qu’un des pseudonymes de l’envoyé spécial
de la P ravda et de Staline, à savoir Michel Koltsov lui-même. Ainsi
s’explique qu’il soit resté dans l’ombre au moment où la presse donnait la
vedette aux communistes étrangers comme Vidali (Carlos Contreras).
[219] Hans Beimler,
commissaire politique et animateur des volontaires allemands, symbolise
parfaitement ce type d’hommes : né en 1895 militant socialiste, il adhère au
groupe Spartakus, noyau du futur P.C. pendant la guerre, alors qu’il est
mobilisé dans la marine. Il participe à la révolution de 1918, devient membre
du Conseil des marins de Cuxhaven, puis à la révolution bavaroise de 1919 où il
sert dans la Garde rouge des « Marins révolutionnaires ». Sa participation
à l’insurrection manquée de 1921 lui vaut deux ans de prison. Député au
Reichstag en 1930, il est arrêté, interné à Dachau, d’où il s’évade quelques
semaines après. Réfugié à Moscou, il publie une brochure qui est la première
dénonciation des camps hitlériens ( Au camp des assassins de Dachau, Moscou, 1933). Il arrive à Barcelone dans les derniers jours de juillet 36
et organise la centurie Thaelmann. Nous reviendrons sur son rôle et les
circonstances de sa mort, dans la 2 e partie, au chapitre III. Noter,
sur ce sujet, le travail, malheureusement encore inédit, d’Antonia Stern, Das
Leben eines revolutionäre Kämfers unserer Zeit : Hans
Beimler, Dachau-Madrid.
[220] Le 13 novembre,
Trifon Medrano, commandant du 5 ème régiment, secrétaire de la J.S.U.
à l’organisation, membre du comité central du P.C., lance à la radio un
appel : « Il s’agit de conquérir la liberté et l’avenir, Il s’agit de
suivre le merveilleux exemple des peuples de l’U.R.S.S. dont la solidarité
renforce si puissamment notre foi dans le triomphe, de faire de l’Espagne un
pays progressiste, un pays qui,
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