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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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d’avoir condamné un tueur phalangiste à trente ans
de prison, celui du capitaine de garde d’assaut Faraudo, tué en pleine rue au
bras de sa femme, le 12 juillet enfin, celui du lieutenant asalto José del
Castillo, devenu l’homme à abattre aux yeux des phalangistes depuis les
batailles de rues qui avaient suivi l’attentat du 14 avril [59] .
La préparation du soulèvement militaire
    Malgré son importance croissante dans les mois qui suivent
les élections et dans la marche à la guerre civile, la Phalange ne peut être
considérée comme un facteur déterminant. C’est de l’armée que l’oligarchie, les
traditionalistes, les monarchistes, les conservateurs, attendent le salut. C’est
son action que redoutent tous les jours républicains et révolutionnaires. Elle
se prépare, pratiquement au vu et au su de tous, à intervenir et à régler
définitivement le sort du mouvement révolutionnaire. Pour les chefs de l’armée,
il est en effet évident que la victoire du Front populaire a déclenché une
crise révolutionnaire dont les politiciens républicains modérés de la gauche ne
sont pas capables de venir à bout.
    Dès le 17 février, Calvo Sotelo, puis, ainsi que nous l’avons
vu, Franco lui-même adjurent le président de la République de prendre l’initiative
d’un coup de force en annulant les élections. Après le refus de Portela
Valladares, le 20 février, sur l’initiative des chefs de l’Union militaire, se
tiennent dans toute l’Espagne des conférences entre chefs militaires et
dirigeants politiques des partis de droite. La conclusion en est que le moment
n’est pas venu d’une action, car les troupes, gagnées par l’enthousiasme
populaire, ne sont pas absolument sûres.
    Le gouvernement, informé, prend des mesures. Franco, le chef
d’état-major, est limogé et affecté au commandement militaire des Canaries.
Goded, inspecteur général de l’armée du Nord, est affecté aux Baléares, et le
général Mola, l’ancien chef de la Sûreté de la monarchie, qui perd le
commandement de l’armée d’Afrique, est affecté en Navarre. Franco Mola et les
généraux Villegas et Varela se rencontrent à Madrid, dans l’appartement du
député monarchiste Delgado pour une mise au point nécessaire avant que chacun
ne rejoigne sa nouvelle affectation.
    La conspiration se poursuit sans encombre dans ces
conditions nouvelles : le colonel Galarza assure la liaison entre Madrid
et les Canaries. C’est l’inspecteur général de l’armée, le général Rodriguez
del Barrio, qui est, dans la Junta de direction, le représentant
personnel du général Sanjurjo. Conformément à l’accord signé en 1934 avec
Goicoechea, Lizarza et le général Barrera, l’Italie apporte au mouvement son
aide matérielle, armes et moyens financiers. Juan March est à Londres et se
charge de conquérir des sympathies au mouvement militaire dans les milieux de
la grande finance internationale. Le général Sanjurjo quitte sa résidence d’exil
d’Estoril pour se rendre, en mars et en avril, en Allemagne où il prend des
contacts officiels. L’objectif politique reste toujours aussi vague : les
premières instructions écrites de la Junte, d’avril 1936, se contentent de
rappeler que le mouvement a pour but d’instaurer une dictature militaire et
fixent les récompenses à octroyer aux officiers et sous-officiers qu’il s’agit
de gagner. Le plan d’insurrection est modifié en fonction des conditions
nouvelles : Franco, des Canaries, doit gagner le Maroc et y prendre la tête de
l’armée d’Afrique, Mola soulèvera la Navarre, Gonzalez de Lara Burgos et
Rodriguez Carrasco la Catalogne. Varela et Orgaz prendront la tête de l’insurrection
à Madrid. Tout semble au point et la date de l’insurrection est fixée au 20
avril. Mais, le 18, le général Rodriguez del Barrio informe la Junte que le
gouvernement est averti : il a décidé de muter Varela à Cadix et Orgaz aux
Canaries. Il faut recommencer et réajuster le plan, d’autant plus – c’est un
atout important – que deux généraux qui passent pour républicains, Queipo de
Llano et Cabanellas, viennent d’adhérer à la conspiration. Les gens de Madrid
sont trop surveillés. Le centre d’organisation de la rébellion est fixé en
Navarre, où Mola jouit d’une totale liberté d’action et où les officiers
bénéficient de la sympathie active d’une bonne partie de la population. Madrid
reste un souci pour les généraux

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