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La Révolution et la Guerre d’Espagne

La Révolution et la Guerre d’Espagne

Titel: La Révolution et la Guerre d’Espagne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Broué , Emile Témime
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veut,
et des milieux officieux expliquent à qui veut les entendre que c’était là le
seul moyen d’assurer sa sécurité [62] .
Bien des militants révolutionnaires laissent entendre que le gouvernement n’est
pas mécontent de la menace d’un complot militaire qui peut seul, ainsi que le
souhaite Prieto, contribuer, en le ramenant à des revendications
« raisonnables », à arrêter le mouvement révolutionnaire.
    Tous les reproches faits au gouvernement se rapportent à un
seul et unique défaut : sa faiblesse. Sa seule raison d’être est de durer,
de gagner du temps pour éviter le choc qui le réduira à néant.

Pronunciamento   et révolution
    En ce mois de juillet où doit précisément éclater l’insurrection
militaire, la violence semble triompher dans les deux camps de l’impuissance
gouvernementale. Pas un jour où ne soit signalé quelque rixe, quelque échange
de coups de feu, quelque assassinat, quelque manifestation aux allures d’émeute...
Aux Cortes, les députés sont fouillés : on veille à ne pas laisser entrer
d’armes à feu dans l’hémicycle... A la campagne, aux dires mêmes du ministre,
la violence règne. Dans les villes, terrorisme et représailles maintiennent
sous pression les troupes des deux camps. Le 11 juillet, à Valence, les
phalangistes exécutent un coup de main sur l’émetteur radio et annoncent : «
Ici Radio-Valence ! La Phalange espagnole s’est emparée de cet émetteur
par les armes. Demain il en sera de même pour tous les émetteurs d’Espagne. »
Une immense contre-manifestation des syndicats et des partis du Front populaire
se termine en violents assauts contre la permanence de la C.E.D.A. et l’attaque
du journal Diario de Valencia. C’est pourtant, sans contestation
possible, à Madrid que les troubles quotidiens annoncent le plus clairement la guerre
civile qui vient.
La grève du bâtiment
    Depuis février, Madrid a été secouée par de nombreuses
grèves gagnant les secteurs les plus conservateurs, liftiers et même garçons de
café. Pourtant les mois qui passent modifient le caractère de ces luttes. Il
semble que de nombreux travailleurs se soucient moins de la satisfaction donnée
à telle ou telle revendication que de la possession même de leurs entreprises.
Les ouvriers des tramways de Madrid décident de s’emparer de la Compagnie pour
l’exploiter à leur propre compte : ils sont immédiatement soutenus par des
souscriptions énormes. Dans la capitale, fief de l’U.G.T., la C.N.T. s’est
considérablement développée dans les derniers mois. Elle est désormais, sinon l’organisation
la plus forte numériquement, du moins la plus combative. Ce sont de jeunes
anarcho-syndicalistes qui font désormais figure de dirigeants de l’avant-garde
ouvrière madrilène, les David Antona, Cipriano Mera, Teodoro Mora, animateurs
du syndicat C.N.T. du bâtiment.
    C’est le 1 er juin que les 70 000 ouvriers du
bâtiment de Madrid ont commencé leur grève illimitée après une assemblée
générale organisée en commun par les deux centrales qui se sont engagées à ne
reprendre le travail que par une décision commune prise dans une nouvelle assemblée.
Mais le patronat résiste. La grève se durcit. On a faim dans les quartiers
ouvriers. Les grévistes, arme au poing, contraignent les commerçants à les
servir, occupent les restaurants, mangent sans payer. Les commerçants, les
petits bourgeois prennent peur. La police est impuissante en face du nombre,
malgré des rixes quotidiennes avec les piquets de grève. L’occasion semble
favorable aux phalangistes pour appliquer aux maçons leur méthode de violence
contre-révolutionnaire. Ils attaquent des ouvriers isolés, puis des groupes
devant les chantiers occupés. Le comité de défense de la C.N.T. du Centre prend
alors en mains la direction de la grève et l’organisation de la défense armée
des ouvriers. Le gouvernement s’emploie de son mieux à régler le conflit. Le 4
juillet, le ministre du Travail rend un arbitrage qui, pour l’essentiel, donne
satisfaction aux grévistes [63] .
L’U.G.T., après consultation de ses adhérents, lance l’ordre de reprise du
travail : il faut en finir avec la grève puisque l’objectif essentiel est
atteint, les revendications annexes pouvant aboutir par des négociations :
comme le souligne dans Claridad le secrétaire du bâtiment de l’U.G.T.
madrilène, Dominguez, le conflit peut « dégénérer en péril grave pour

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