La Révolution et la Guerre d’Espagne
les
nationalistes basques, par un appel à la radio de Manuel de Irujo, le 18
juillet, puis un communiqué officiel du parti le lendemain, jettent leur
autorité dans la balance, appellent leurs partisans à lutter pour la défense de
la République.
A Saint-Sébastien, le colonel Carrasco assure de son
loyalisme le comité du Front populaire et les députés nationalistes basques
venus l’interroger. Mais la caserne de Loyola se soulève sous les ordres du
lieutenant-colonel Vallespin. Carrasoo promet de ramener la garnison à l’obéissance,
envoie son aide de camp, qui ne revient pas. Il propose alors de se rendre en
personne à la caserne. Les députés acceptent. Il ne revient pas non plus. Les
gardes civils qui se sont, jusque-là, affirmés « loyaux » se
soulèvent à leur tour le 21 avec les officiers qu’il avaient arrêtés et
attaquent le local de la C.N.T. Mais les ouvriers se sont mobilisés. La ville
se couvre de barricades... Les gardes échouent devant la Casa C.N.T. et se
replient dans l’hôtel Maria Cristina qui sera enlevé par les ouvriers le 23. La
caserne de Loyola, bombardée par un train blindé, se rend à son tour, le 28,
après des négociations entre les officiers et les députés nationalistes
basques, qui ne parviendront d’ailleurs pas à faire respecter les promesses qu’ils
ont faites : les chefs du Movimiento sont en majorité abattus sur place.
Le colonel Carrasco, fait prisonnier, sera enlevé deux jours après et fusillé
sans jugement.
A Valence: la garnison
ne se soulève pas
Valence est un cas particulier : les militaires de sa
garnison ne se soulèvent pas. Ils ne se rallient pas pour autant à la
révolution.
Les premières rumeurs du soulèvement ont atteint la capitale
du Levante dans l’après-midi du 18 juillet. Le gouverneur refuse de donner des
armes aux syndicats, assure que les chefs de la garnison sont au-dessus de tout
soupçon. Dans la nuit du 18 au 19, les organisations ouvrières et les partis
républicains mobilisent leurs adhérents. C.N.T. et U.G.T. lancent l’ordre de
grève générale pour le 19 à partir de minuit. Dans la soirée éclate le premier
incident : des ouvriers du bâtiment attaquent un couvent de dominicains
soupçonné d’abriter un dépôt d’armes.
Le 20 au matin, le comité de grève de la C.N.T. donne à ses
militants l’ordre de bloquer les alentours des casernes. Les partis du Front
populaire constituent un Comité révolutionnaire auquel ils invitent les
délégués du comité de grève de la C.N.T. Le gouverneur est toujours hésitant.
Un officier de la garde civile, un socialiste, le capitaine Uribarri, prend la
tête de ceux qui veulent lui forcer la main et prévenir la rébellion des
casernes. Les délégués de la C.N.T. posent des conditions au Front populaire
pour leur soutien : ils veulent la mobilisation des forces ouvrières autour des
casernes, l’« amalgame » immédiat entre troupes « fidèles » et ouvriers, par la
constitution de « groupes d’intervention » sur la base d’un asalto pour
deux militants, l’occupation par ces unités de tous les points stratégiques
(Postes, Téléphone, Radio-Valence) de la ville, l’envoi à la garnison d’un
ultimatum et l’assaut immédiat des casernes au cas où les généraux refuseraient
de livrer les armes. Le comité accepte les propositions de la C.N.T. et se
transforme en « Comité exécutif populaire ». Mais le général Martinez Monje
refuse de distribuer les armes, signe la fin d’une grève générale qui n’a pas,
à ses yeux, de raison d’être, puisqu’il reste, avec ses hommes, fidèle au
gouvernement, et le fait publiquement savoir dans un communiqué que diffuse
Radio-Valence. Pourtant les troupes restent consignées. L’impression générale
est que l’armée hésite : les conspirateurs savent que les insurgés sont
battus à Barcelone et à Madrid et ont, de toute façon, intérêt désormais à
gagner du temps. Dans la ville, les accrochages entre ouvriers et phalangistes,
les attaques de couvents ou d’églises se multiplient. Les marins des bateaux de
guerre ancrés dans le port se sont soulevés contre leurs officiers et
fraternisent avec les dockers. C’est à ce moment qu’arrivent à Valence Martinez
Barrio et trois autres dirigeants républicains, Ruiz Funes, Espla, Echevarria,
munis d’une délégation de pouvoir du gouvernement Giral. Pendant deux semaines
encore vont s’affronter, dans une ambiance
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